De l'étude de quelques auteurs classiques à l'analyse du rôle des illustrations, en passant par la bande dessinée et le théâtre pour les enfants, ce volume analyse le vaste champ de l'écriture pour la jeunesse. Différentes contributions se penchent sur la traduction de la littérature de jeunesse, et plus particulièrement sur sa nature intersémiotique. Elles abordent de la sorte la problématique de la voix du traducteur et les principes théoriques guidant ce-dernier, ou se concentrent spécifiquement sur diverses littératures nationales. Un dernier axe de réflexion, enfin, offre un aperçu sur la traduction audiovisuelle, ses principes théoriques, ses réalisations concrètes et ses effets du point de vue de la réception. Les contributions réunies dans ce volume sont en français, anglais et italien. The first section of this volume features a variety of essays on writing for children, ranging from studies of classic authors to an analysis of the role of pictures in children's books, to an examination of comics and theatre for the young. Subjects addressed in the second section include the intersemiotic nature of translating for children, the question of the translator's voice, the theoretical principles that best aid translators in the field of children's literature, as well as chapters exploring the idea of national literatures for the young. The third and final section offers insights into audiovisual translation for children. These contributions focus on theories and models for this kind of translational activity, as well as addressing a number of real-life cases and their reception. The volume features contributions in three languages: French, English and Italian.
L'apparition de la notion de complément est concomitante aux premiers développements d'une analyse syntaxique « moderne » du français. Tout au long du XIXe siècle, c'est principalement la grammaire scolaire qui va développer l'appareil terminologique de cette analyse, en donnant naissance à l'ensemble familier des compléments « circonstanciels », « d'objet (in)direct », « d'attribution », « du nom », etc. Cet ensemble résulte plus d'un étiquetage sans cohérence que d'une véritable entreprise terminographique, et les premiers linguistes qui se sont penchés sur le métalangage grammatical, comme Brunot, en ont dénoncé l'obscurité. Notion à la longévité remarquable, dotée d'une grande déformabilité, le complément trouve sa place dans de nombreux cadres théoriques au prix de manipulations définitionnelles plus ou moins importantes, à telle enseigne qu'on est fondé à remettre en question son utilité scientifique. S'agit-il simplement d'un concept mou que l'on devrait proscrire du métalangage, ou bien doit-on au contraire considérer que le complément permet utilement de saisir dans toute sa diversité une relation syntaxique fondamentale ? En abordant la question par l'intermédiaire du terme complémentation, le présent volume prend le second parti, et les contributions qui le constituent interrogent et redéfinissent les différentes hypostases du complément, à plusieurs niveaux.
L'histoire de la linguistique est traversée de plusieurs courants qui se sont intéressés à des énoncés « incomplets », traités tantôt comme « elliptiques », tantôt comme « fragmentaires », selon le rapport que l'on établit ou non avec des structures sous-jacentes « canoniques ». Cet ouvrage propose des analyses de divers segments à première vue réduits en français. Les auteurs sont entre autres amenés à confronter les incomplétudes et mécanismes de reconstitution syntaxique, d'une part, aux dépendance sémantique et redondance informationnelle, d'autre part. Selon le point de vue adopté, les uns plaident pour le maintien de « ellipse » et de « fragment », tout en avançant des critères distinctifs pour les deux concepts ; d'autres, par contre, les mettent sur un pied d'égalité ; certains, enfin, vont jusqu'à les rejeter sur la base de la non-pertinence du postulat des régularités au niveau de l'interface syntaxe-sémantique. Par le biais de ces traitements apparemment contradictoires, les différentes contributions permettront au lecteur de se former une meilleure idée de la raison d'être de structures réduites, de la différence entre analyse syntaxique et interprétation sémantique, de la genèse de l'éventuelle opération réductrice et des conditions de récupérabilité syntaxique ou sémantique.
Inscrit depuis quarante ans dans le domaine de la syntaxe, le phénomène de l'antipassif est traditionnellement associé aux langues à alignement ergatif. Ce travail cherche donc à savoir si la corrélation de l'antipassif avec l'alignement ergatif se vérifie sur l'axe translinguistique. En d'autres termes, jusqu'à quel point doit-on insister sur la dépendance entre l'antipassif et l'alignement ergatif ? Pour comprendre pourquoi le phénomène de l'antipassif a longtemps été négligé dans la description des langues accusatives et quels sont les arguments en faveur d'une telle analyse, cette étude s'appuie sur une approche translinguistique et sur une vision bipolaire relative aux domaines de la syntaxe et de la sémantique. Dans cet ouvrage, l'auteur s'attache à l'analyse descriptive des constructions antipassives formellement marquées. Étant donné qu'une certaine proportion de langues ergatives utilise, pour dériver l'antipassif, la marque polysémique réfléchie et/ou réciproque, cette étude s'est penchée sur les langues accusatives dont la marque antipassive présente la même caractéristique, d'où l'intérêt porté aux langues austronésiennes, du Niger-Congo, Nilo-sahariennes, turciques, et indoeuropéennes, en particulier aux langues slaves et romanes.
Cet ouvrage réunit vingt-deux articles, portant sur la linguistique du verbe (morphologie, syntaxe, sémantique, pragmatique), mais aussi sur des questions de typologie des langues, de prosodie et d'analyse de discours. Des spécialistes reconnus de ces différents domaines ont ainsi souhaité rendre hommage au Professeur Jacques François, dont les recherches ont couvert un large périmètre et ont contribué activement au développement de la science linguistique au cours de ces vingt-cinq dernières années.
Concept forgé par le philosophe et sociologue Georg Simmel, l'exterritorialité désigne le contexte de l'étranger - celui qui est dans une situation décalée, « entre-deux », sur le seuil, renvoyé à une altérité. Ayant trait à la mobilité et au changement, l'exterritorialité est d'ordre spatial, linguistique, culturel, identitaire... Traiter une telle question, c'est aussi prendre en compte l'énonciation et le discours. Souhaitant engager un dialogue interdisciplinaire, cet ouvrage s'intéresse à différents genres de discours (littéraire, médiatique, testimonial, socioculturel, publicitaire...) analysés à la lumière des nouveaux paradigmes épistémologiques et paramètres socio-économico-culturels. Tout en cherchant à relever les différentes figures de l'exterritorialité, ce travail collectif vise à réfléchir sur la question et à cerner ses fonctions. Quels sont les comportements énonciatifs et discursifs des locuteurs en contexte exterritorial et en situation interculturelle ? Comment les écrivains « venus d'ailleurs » traitent le problème de l'identité et perçoivent leur altérité ? Comment est abordé le contexte exterritorial par le discours télévisuel ? Il s'agit de quelques-unes des questions présentées lors du colloque qui s'est tenu à l'Université de Cadix en 2008, réunissant des chercheurs d'Espagne, France et Canada, provenant de différents champs disciplinaires (analyse du discours, communication, littérature comparée, langues et littératures étrangères...).
S'intéressant à des domaines aussi variés que la rhétorique, la pragmatique, la sémiostylistique, les sciences des médias et l'histoire de la langue française, Marc Bonhomme a tout particulièrement enrichi - et il continue de le faire - les recherches en linguistique par ses travaux novateurs sur les figures du discours. Pour l'honorer, ses élèves et amis ont choisi de revisiter le champ des figures et de combler une lacune scientifique en examinant la litote, à laquelle, malgré sa notoriété et sa diffusion, les théoriciens ont jusqu'ici réservé peu de pages. Philologiques, rhétoriques et pragmatico-discursives, les contributions du présent recueil vont au coeur de la problématique qui entoure la litote. Comment concilier le moins et le plus, dont la coprésence ou l'interaction a priori paradoxale constitue le trait définitoire de cette figure ? Quel est le rôle de la négation dans la production litotique ? Quels rapports la litote entretient-elle avec les figures avoisinantes que sont l'euphémisme, l'ironie et l'hyperbole ? Les perspectives variées ici réunies montrent que la litote est une figure référentielle fort complexe qui occupe une position clé dans le langage.
Il peut, au premier abord, paraître surprenant de vouloir associer l'oeuvre de Simenon aux termes de « polyphonisme romanesque » utilisé pratiquement de manière exclusive par Bakhtine dans son analyse de l'oeuvre de Dostoïevski. Simenon est en effet connu, dans le monde entier, pour associer sa production littéraire à la forme stéréotypée du roman policier vouée, dans bien des cas, à un certain conservatisme idéologique et scriptural. L'association entre Bakhtine et Simenon contribue pourtant sur un plan théorique à faire dialoguer les thèses bakhtiniennes avec d'autres traditions littéraires, notamment l'herméneutique et l'école de Constance. Cette association permet également de donner à l'oeuvre de Simenon une nouvelle cohérence que l'on ne soupçonnait pas. À la faveur de cette lecture bakhtinienne, Simenon sort donc de son isolement. Il se trouve ainsi inscrit dans une lignée qui, implicitement, va de Dostoïevski à Camus.
Pour suppléer à la tendance dominante de faire de la littérature maghrébine francophone un réceptacle unitaire, l'auteure se propose de saisir des traits ou des traces récurrentes dans un espace national défini. Contribution originale au confluent des études linguistiques et des études littéraires, cet ouvrage cerne le discours collectif des romancières tunisiennes musulmanes de graphie française dès 1975 à nos jours par une méthode d'analyse (trans)textuelle. La nouveauté de la démarche proposée consiste à décrire l'idéolecte de ces écrivaines en prenant à témoins les modèles discursifs de l'oralité et de l'écriture, les figures de rhétorique récurrentes telles que l'allégorie, l'antonomase et l'oxymore, les lieux les plus fortement marqués idéologiquement, que ce soit le politique ou le religieux, et le réceptacle naturel où l'idéologie du texte est synthétisée, voire le titre.
Cet ouvrage réunit des articles autour de différents questionnements que suscite la prise en compte de la variation en français aujourd'hui. Il apparaît plus que jamais que l'étude de la variation, ayant contribué à élargir le périmètre de la sociolinguistique, investit progressivement différents domaines et branches de la linguistique et de la linguistique appliquée. Organisé en six sections (Aborder la variation, Sociolinguistique historique, Contact des langues, Études du français parlé, Oral et écrit, Acquisition et enseignement), cet ouvrage a pour objectif de présenter différentes études portant sur la variation en relation avec les travaux de Françoise Gadet mais également dans une perspective plus large.
Dans cet ouvrage, la richesse du champ sémantique de fol et de folie est abordée et analysée dans sa globalité et dans ses dimensions rhétoriques et stylistiques ; elle est, par ailleurs, éclairée par des examens statistiques. L'objectif principal de cette recherche est donc d'étudier l'évolution des emplois des termes qui relèvent du champ conceptuel de la folie en mettant en évidence le jeu des concurrences qui se font jour dans ce réseau lexical, mais aussi de montrer comment les termes ont pu être diversement intégrés dans les structures syntagmatiques et dans les habitudes rhétoriques et stylistiques. La naissance et le développement de la littérature courtoise enrichissent considérablement l'aire sémantique de fol en raison d'un nouveau jeu d'oppositions lexicales, qui fait son apparition au milieu du XIIe siècle : des termes tels que preu/cortois et vilain/coart entrent en contact avec fol. Le passage de l'ancien au moyen français s'accompagne d'une réflexion profonde sur la langue même et le renouvellement de la vision du monde suscite une nouvelle manière de s'exprimer.