Le 7 mai 2014, je me suis envolé pour Port-au-Prince dans le cadre d'un partenariat initié par le Bureau des relations internationales de l'Université des Antilles. J'avais comme mission d'enseigner l'histoire des États-Unis à des étudiants de langues vivantes à l'Université d'État d'Haïti. C'était mon premier voyage dans ce pays qui avait déjà fait couler tant d'encre. Aimé Césaire avait également fait ce pèlerinage et il en avait parlé comme le pays « où la négritude s'est mise debout pour la première fois ». Durant mon séjour, j'ai croisé plusieurs étoiles noires : Dany Laferrière, Lilian Thuram, Emmelie Prophète, Évelyne et Lyonel Trouillot Au fil des jours, j'ai tenu un carnet de voyage pour consigner ce que je découvrais, ce que je voyais et ce que je ressentais. Le pays est une rose avec ses épines, le paradis et l'enfer y sont omniprésents...
Il ne reste souvent pas grand-chose des lieux et des histoires qui firent la vie de nos parents et grands-parents. Se souvenir de toits est un témoin : à travers les différentes adresses où vécut l'auteur, nous voyons défiler toute une époque. Se souvenir de toits est un relais du passé vers le futur pour nos descendants, pour qu'ils connaissent les existences d'où ils sont issus avec leurs espoirs, leurs joies, leurs drames aussi, pour qu'ils sachent sur quel terreau leur lignée s'est construite. Se souvenir de toits est une trace. Comme les gènes, le livre donne à son auteure l'espoir touchant de rester « immortelle ».
C'est l'itinéraire d'un enfant blessé, délaissé par une mère qu'il adore, tiraillé par une société qui le désavoue. Pourtant il ne perdra jamais espoir, même lorsque ce chef infirmier va lui déclarer sans ménagement : « Ce n'est pas pour te soigner, Jean-Claude, mais bien pour te punir que je te fais cette injection ». Victime des autres, il subira rumeurs, brimades, chantages et violences physiques. Rien ne lui sera épargné. Devenu adulte, il mènera longtemps une vie de nomade, au travail comme en amour. Pendant des années, il avancera à travers ce flot ininterrompu d'embûches et de grosses galères. Mais dès sa prime jeunesse viendra cette rencontre avec l'idole : Johnny Hallyday sera alors la seule personne au monde à exprimer ce qu'il ressent. Ce sera le début d'une vie nocturne trépidante, rythmée par les concerts du chanteur. Un univers envoûtant et un moyen d'expression pour ce fan en quête d'identité. Une histoire d'amour avec passions et parfois aussi désillusions... Avec une volonté de fer, il ne poursuivra qu'un seul objectif : vivre libre. Sa force : croire en son destin et en Dieu. Ignorant les ordres de ceux qui prétendent contrôler sa vie, il s'affirmera en tant qu'individu. Jugé dès son enfance « irrécupérable » par les assistantes sociales et les médecins, il deviendra pourtant un bon père de famille. Au-delà de ce témoignage douloureux s'exprime la douce réalité de l'existence placée sous le signe d'un bonheur accessible : celui du quotidien, des petits riens qui font toute la différence. Après soixante ans de combat, porté par son optimisme et sa volonté d'exister, Jean-Claude Duval démontre que chaque être humain a les moyens d'être heureux. Une prouesse que l'on se doit de saluer. Un cri de révolte, des larmes mais aussi beaucoup d'amour, et même de l'humour : voici un récit poignant qui nous livre une merveilleuse leçon de vie. À méditer.
Un enfant de quatre ans, aîné de trois, voit passer l'ennemi à la porte de sa maison, il lui reste encore une certaine indifférence mais vite dissipée... Il vient de repenser à son père qui vient d'être fait prisonnier. Aujourd'hui, il est où ? Il a cinq ans lorsque sa mère doit aller travailler pour nourrir la petite famille. Ce gamin devient responsable des deux petits ! Cette charge déclenche une exigence : tout regarder, tout comprendre, donc devenir adulte - la protection des petits l'oblige... Parallèlement la mémoire s'active, elle se gorge de souvenirs, trop d'éléments sont trop prégnants pour ne pas être transmis à Papa... Le destin a voulu que, de 1956 à 1958, ce garçon fasse son service militaire dans un dépôt de munitions près d'anciennes tranchées autour de Verdun... Le contexte vient corroborer, compléter, étayer les souvenirs de 40-45. L'âge oblige aujourd'hui ce garçon à faire part, à transmettre : souvenir, réflexions, déductions en tant que témoin de cette tranche de vie de notre beau pays qui a su rester indépendant face à deux ogres accapareurs de territoires à la fin d'un régime tyrannique.
Isabelle Terzi a 52 ans et vit dans le Var, près de Cannes. Pour son premier livre autobiographique, l'auteur nous raconte une histoire sombre et abjecte en nous confiant une partie de sa vie, avec cependant beaucoup de pudeur et d'émotion. Sur son chemin semé d'embûches, où les décisions et choix furent difficiles et pas toujours bons, elle nous fait savoir que rien n'est irrémédiable, nous redonne le goût du bonheur et nous apprend avant tout que l'estime de soi a une part très importante dans la reconstruction de notre vie sentimentale, conjugale et professionnelle.
Je suis Hicham Je suis le fils de moi, je suis corse et musulman. Un premier livre, des premiers mots, pour y narrer cette histoire. C'est juste un peu de vie, beaucoup d'amour et la mort qui n'a jamais su parler aux gens. Je ne sais même pas pourquoi c'est si difficile de dire des mots faciles. La vie, la mort, des rêves qui donnent le mal de tête. Depuis, je ne sais plus parler aux gens, je n'ai plus rien de bien, mais je me contenterai de ce qui me reste. Sortir de la lumière pour de vrai, quitter enfin les paroles des anciens, contourner les murs à la con, pour recevoir des coups de « je t'aime ». Je n'ai jamais pris les routes principales, je préfère les bateaux sans voile, c'est là que j'y cherche la paix. Y a que du bordel dans mon voilier, plus d'âme, plus de secret, juste une nuit très longue où je me ronge les ongles. J'ai plus du tout sommeil, que reste-t-il de moi au milieu de la multitude, des kilomètres d'étoiles intouchables, je vis à l'envers toujours dans le vide. J'irai là où l'on ne revient pas...
Je suis née parce que mon frère est mort. Il paraît que j'ai ainsi sauvé ma mère de la folie. J'ai donc été longtemps « tout » pour ma mère. J'ai souvent été « rien » lorsque je ne correspondais pas à ses attentes. Sur ce modèle d'être « tout » pour un autre, je me suis choisi des amours impossibles, névrotiques et tourmentées. Il n'en sortait généralement « rien » de bon. Une vie d'amoureuse déçue et d'errances affectives. Accroc aux relations de plus en plus nocives, le récit d'une chute, celle de l'estime de soi.
Ce récit autobiographique met en scène la vie, la maladie et la mort de la mère de l'auteur au fil des différents contextes historiques et politiques : période communiste, guerre de 1992 à 1995, puis Sarajevo après le conflit. L'atmosphère sombre du récit est traitée avec une ironie distante, ponctuée de touches plus légères sur la condition de la femme, la fidélité, l'amour et l'amitié. Au récit sur la mère, victime d'une société conservatrice, viennent s'ajouter une galerie de portraits, une croisée des chemins dans les Balkans, un miroir de l'auteur lui-même dans deux villes, à la fois proches et distinctes : Sarajevo et Paris. La mort n'est-elle pas notre destin commun ? C'est ce que l'ouvrage souhaite suggérer, en évoquant la poésie de Charles Baudelaire et de Mevlana Djalaludin Rûmî, si chère à l'héroïne du récit.
« Elle nous faisait forte impression, « la Madama » (ainsi la surnommait Grand-mère) qui nous rendait visite avec son frêle compagnon. Un couple « à la Faizant » qui attirait autant qu'il surprenait l'enfant que j'étais et à qui l'on demandait la politesse du baiser de bienvenue. La porte s'ouvrait sur des « señora y señor » et l'Espagne s'engouffrait dans la salle à manger préparée pour un après-midi dominical aussi bruyant que gourmand. Bruyant, certes, car « la Madama » avait le verbe sonnant et théâtral. À elle seule, elle était la Castille et l'Aragon, Carmen et Lola Montes. Maman et Grand-mère endimanchées pourtant, paraissaient des soubrettes bien mises face à la débauche de toilette de notre sémillante invitée. Ramages éclatants de couleurs, décolleté sensuel, bijoux de Tolède qui auraient transité par Casablanca... Bref, le spectacle assuré pour quelques heures ! » Vous serez emportés par ce tourbillon de portraits multicolores où la tendresse n'est jamais fade et le pittoresque jamais cruel. C'est la fête des mots savourés comme friandises qui vous transportent de paysages en sensations. Le regard vous entraîne vers les sucs d'un bonheur sans cesse renouvelé.
Une vie peut tenir en une phrase mais pas en cent cinquante pages : il n'est évidemment pas question ici d'autobiographie, exercice auquel, de toute façon, tout en moi se refuse ; dans ce petit livre il n'est pas question non plus, à y bien repenser, de profession de foi. Pour la relation de ces quelques souvenirs parfois discrètement romancés, je me suis appliqué à la vérité et à la simplicité, et j'espère être parvenu à un peu de profondeur en flânant ainsi entre le proche et le lointain, le simple et le complexe, sans jamais trop m'éloigner de ces sources de vie que célèbre merveilleusement G.M. Hopkins dans son poème "Inversnaid" : « Qu'arriverait-il au monde s'il se voyait ravir / L'humide et le sauvage ? Qu'ils nous soient donc laissés, / Oh ! qu'ils nous soient laissés, le sauvage et l'humide, / Que vivent encor longtemps herbes folles et lieux sauvages. » Le problème des fins et des moyens de la littérature est peut-être moins compliqué qu'on a bien voulu le faire entendre, et si en refermant ce petit bouquin on se dit simplement : « J'ai passé un moment heureux, un moment paisible », mon but sera atteint.
Après une naissance difficile et une grave coqueluche nourrisson, Bernard se retrouve Infirme Moteur Cérébral. Tous ses sens (langage, gestuelle, équilibre, etc.) sont sévèrement altérés. Pourtant, malgré son lourd handicap, avec une volonté féroce et le soutien indéfectible de son entourage, Bernard va à l'école, fait du vélo, conduit, travaille en milieu ordinaire, voyage, bref, arrive à vivre comme nous. À travers son parcours pour le moins atypique et son combat quotidien contre les préjugés, c'est un message d'espoir que Bernard essaye de nous faire passer.
Pas facile d'accepter notre impuissance face au temps qui passe ! À trente ans passés, et malgré la pleine force de l'âge, Michaël Rodet constate avec nostalgie qu'il n'a pas vu toutes ces années lui filer entre les doigts. Dans sa cavalcade, la vie donne l'impulsion, provoque l'émotion et fournit à l'auteur une source d'inspiration sans limites. Derrière une apparente tranquillité, son esprit bouillonnant distille sans relâche les contrastes de la réalité et trouve dans l'écriture un moyen d'être soulagé. C'est dans un voyage poétique à travers l'enfance et cette période transitoire de l'adolescence qui nous conduit tous à devenir des adultes, qu'il invite donc le lecteur à comprendre sa vision du monde. Au fil des pages, il nous plonge alors dans son univers, nous invite à découvrir ses textes et ses poèmes qui, avec le recul, nous forcent à admettre que les choses ont changé. Ainsi va la vie et c'est ainsi que « la vie rythme les écrits ». Avec ses mots et un style bien à lui, Michaël rend ici un bel hommage à la vie, à la sienne, à la nôtre. Ce premier livre ponctué de « purges cérébrales » est à méditer sans modération. L'auteur vous propose de le rejoindre sur sa page Facebook « Michaël Rodet : au fil des mots » afin de suivre son actualité et lui faire part de vos avis.
Cheminement émotionnel d'une fille d'émigrés libanais, "Café Noir, Café Blanc" est un roman sur l'identité qui se construit et se déconstruit au gré des influences et des changements dans la vie et la personnalité des protagonistes, mais aussi sur l'humour et l'amour de tout un pays, et sur les difficultés de l'exil. "Café Noir" est aussi une ode au Liban, pays du Moyen Orient malmené par les aléas de la politique internationale mais qui a su garder un éclat qui semble relever du magique.
Depuis des millénaires, les femmes de ce monde portent la mémoire d'être des proies potentielles, objet de l'homme ; et les hommes, de se croire donneur d'ordre et de jouissance. Les femmes et les hommes d'aujourd'hui, conservent en eux, ces traces maintes fois répétées, qui ont été plus ou moins validées dans leur vie actuelle. Cet ouvrage retrace, sous la forme d'une histoire romancée, aux allures chamaniques, cette mémoire que j'ai portée, matérialisée par un après-midi de violence, et de la manière dont j'ai réparé le passé. Il a été porté par ma motivation de témoigner que cette Terre est notre Jardin d'Eden, et que seules nos blessures ressassées par notre mental nous aveuglent. À l'adolescence, alors je broyais du noir, devant l'absurdité de la vie, j'ai capté, des messages furtifs de guides spirituels. J'avais alors reçu, sans en comprendre la teneur, l'inspiration de témoigner, de la Beauté de la vie, et de l'Amour divin en soi. Vingt cinq ans plus tard, en pleine recherche de Vérité, je me suis rappelée la profondeur de ces messages.
Après quatre ans d'armée dans le train, le jeune Claude Bernard a décidé de changer de voie professionnelle et de tenter le concours de Gardien de la Paix. Son nouveau métier de policier débute le 1er octobre 1974. En 2005, après trente ans de service, il prend sa retraite par anticipation. C'est cette vie de « flic » qu'il a souhaité faire partager au fil de ces pages.
"J'avais bien remarqué que les gens écoutaient volontiers la radio et qu'ils discutaient souvent entre eux. Mais je n'y avais guère prêté attention : j'allais terminer ma douzième année et j'avais mes devoirs de vacances. (...) Mais le 2 septembre 1939, j'ai été directement touché : tous les clients de l'hôtel étaient réunis dans le salon autour du poste de radio. Ils écoutaient dans un silence total un homme qui d'une voix extrêmement grave parlait : c'était Daladier qui annonçait la déclaration de guerre avec l'Allemagne et la mobilisation générale. Le lendemain matin 3 septembre 1939, mon père était allé acheter les journaux et je me souviens encore très bien des gros titres, LA GUERRE, et plus encore dans un coin en bas de page un petit article relatant le torpillage de "l'Athenia". C'était un paquebot britannique, première victime des sous-marins allemands, quii avait coulé faisant cinq ou six cents victimes et j'ai immédiatement vu le spectre du "Lusitania", l'image de l'Illustration surgissant devant mes yeux. Je crois très sincèrement que c'est à ce moment-là qu'un pan de mon enfance s'est écroulé." Le Dr Chabrier a treize ans lorsqu'il entend la déclaration de guerre à l'Allemagne le 2 sept 39. Il a vécu la totalité de la guerre en y prenant une modeste part en raison de son âge, mais en la ressentant très vivement. Encouragé par ses enfants et quelques proches, il a entrepris à plus de quatre-vingts ans de rapporter son histoire personnelle et familiale dans « 1445 jours et quelques heures ». 1445 jours... entre la première émission quotidienne radiophonique en français en direct de la BBC, « Les Français parlent aux Français », et la Libération de Paris en août 1944. Drôle, émouvante, incroyable, grave parfois, sincère toujours, le Dr Chabrier nous livre sa vision d'une époque, d'un milieu. Ce récit n'a pas de vocation historique, mais le souhait très vif d'apporter et de laisser un témoignage, celui d'une époque déjà lointaine mais marquante à jamais pour ceux qui l'ont vécue et en particulier ce jeune adolescent.
Mon journal intime, de femme qui souhaite devenir mère : À vingt-neuf ans, avec une situation stabilisée professionnellement et après avoir trouvé l'amour de ma vie, mon désir d'enfant pointe son nez. Quelques mois passent et toujours pas d'enfant à l'horizon. J'ai compris que j'étais en difficultés pour faire un bébé et que « ça n'arrive pas qu'aux autres ». À travers cette douloureuse expérience qu'est le chemin de la stérilité, je dévoile toutes mes pensées les plus personnelles : les sentiments ressentis dont on n'ose pas faire état publiquement ; les échanges douloureux avec l'entourage qui nous blessent terriblement ; et j'y raconte aussi les détails intimes liés aux conséquences médicales dont personne ne parle et auxquels on est confronté quotidiennement sans y être préparé. Un témoignage sans retenue, une histoire de femme qui désire plus que tout au monde donner la vie.
« J'ai vécu tant de bons instants, quelques mauvais, je peux mourir demain, je n'ai pas envie de mourir demain, ce serait égoïste de mourir demain, à la veille de récolter, enfin, les fruits de vingt ans d'ascension. Il ne peut plus rien m'arriver, j'ai confiance en moi, la vie ne m'a pas épargné, mais j'ai la santé, je suis un peu fatigué, c'est normal, j'ai dû aller vite pour arriver, j'ai dû être le premier pour être remarqué. Mon combat, aujourd'hui, c'est ma famille, je me suis tellement battu pour moi, pendant longtemps, avec cette soif de réussite, de montrer à tous que je ne compterai plus jamais ma monnaie pour acheter un paquet de cigarettes, une soif de vengeance. J'ai dépassé mes ambitions, la vie ne m'a pas laissé de répit, tant mieux, elle a fait de moi ce que je suis, alors oui, je peux mourir demain ! Mais je ne le ferai pas, je n'en ai pas envie car je tiens à vous, je veux te voir grandir Tom et t'élever avec ta maman, je veux vous voir évoluer Charlotte, Mathilde, Lucas, j'aimerais qu'on se trouve un jour Vincent, et je souhaite vieillir avec toi Carole. Dans ma voiture, je leur parle comme s'ils étaient là, tous ensemble, assis à côté de moi et sur la banquette arrière. Je suis heureux d'être rentré dans le rang, même si quelquefois je suis en colère, je suis heureux de payer des impôts, d'avoir des congés payés, de partir en vacances. Je suis en bonne santé, alors non, je ne veux pas mourir, mais je pourrais... »
"Les soulèvements actuels des peuples dans le monde, ont une revendication commune : avancer dignement, sortir de la confusion, retrouver la lumière, celle qui attise les coeurs. Notre Lucy, venue des temps anciens, retrouvée en Afrique, nous offre son squelette et nous confirme que les os de l'humanité sont sans couleur distincte si ce n'est celle des os, celle qui nous réunit, celle qui définit la couleur de l'humanité. Venue du fond des âges pour nous éclairer, nous offrir sa lumière, son soleil, elle est le témoin de tous les changements climatiques depuis la nuit des temps, toujours là, porteuse d'un discret message d'éternité. Car tant que le soleil brillera, aucun voile, même le plus épais, ne pourra condamner à jamais sa lumière. Sa chaleur gagnera toujours le coeur des hommes, mettant le feu à toutes les matières qui tenteront de l'empêcher d'accomplir sa mission, celle de réchauffer la planète et de maintenir l'équilibre de notre voie lactée." Je suis née le jour de la Sainte Lucie le 13 décembre 1954, et je dois avouer que j'ai toujours ressenti en moi cette lumière qui ne demandait qu'à s'attiser pour guider mon chemin...
L'oeuvre d'Hervé Guibert, disparu il y a vingt ans, fascine toujours. Écrivain, journaliste, photographe, vidéaste, il a, en l'espace d'une quinzaine d'années, marqué le champ littéraire français de la fin du XXe siècle. Son travail, principalement centré sur le "moi", a épousé différents gestes, investi différents genres pour expérimenter les limites de chacun d'entre eux. Il les a menés au plus loin, au plus vite, dans sa quête d'une mise à nu totale de soi. "L'aventure singulière d'Hervé Guibert" retrace, à travers des articles et chroniques publiés ces dix dernières années et ici réunis, le parcours d'un artiste dont les livres, les articles, les photographies et le film touchent encore les lecteurs d'aujourd'hui. Ce recueil, rédigé par l'un des meilleurs spécialistes de l'oeuvre d'Hervé Guibert, offre des clés, donne des pistes pour aborder, relire ou redécouvrir une oeuvre forte qui dépasse les frontières et traverse le temps...
Ne pouvant plus surmonter les tendances suicidaires répétitives, la narratrice consulte un psychiatre psychothérapeute, le docteur V., sur recommandation du docteur B., son médecin traitant. Elle est en proie à un étrange sentiment vis-à-vis de madame F.C., psychologue psychanalyste avec laquelle elle avait suivi une psychothérapie psychanalytique douze ans plus tôt, pendant cinq ans. Pourquoi la narratrice ressent-elle une telle dépendance envers cette psychologue psychanalyste et éprouve-t-elle le besoin constant de la contacter à travers de longues et régulières lettres ?
Robert Proust n'a pas encore 18 ans lorsqu'il rejoint la Résistance. Près de soixante-dix ans plus tard, il nous emmène avec lui et nous fait vivre les événements qui bouleversèrent sa vie et le conduisirent à rejoindre la clandestinité au sein de plusieurs réseaux de résistants et notamment d'un des plus grands groupements de la Résistance française : le Corps Franc Pommiès. Son parcours nous emmène de Bordeaux à Stuttgart en passant par les Pyrénées, le centre de la France, les Vosges, l'Alsace... Nous côtoyons les combats qui marquèrent la Libération et nous approchons la dureté, tant morale que physique, de ces épreuves. Il nous rappelle ainsi que tout n'est pas simple dans une guerre et qu'elle ne peut se résumer à la seule lutte du bien, les résistants, contre le mal, les Allemands. Aspect trop souvent oublié : Robert Proust nous confronte au fait que la guerre ne finit pas en mai 1945. Pour de nombreux combattants, revenir à une vie normale deviendra un autre combat tout autant jalonné d'obstacles.
"- Je suis un homme heureux. - Ah bon ? - Oui, je suis comblé car j'ai non pas une, mais trois patries : l'Espagne qui m'a vu naître, la France qui m'a donné une éducation, et le Venezuela qui m'a ouvert les yeux sur le nouveau monde." Au cours de cette lente migration, j'ai rencontré des hommes formidables : je les raconte ici, tout simplement.
Des souvenirs qui remontent à la surface, façon débris flottants, en petits morceaux plus colorés, plus goûteux, ou plus blessants que d'autres, façon puzzle. On les recueille comme ils viennent, polis par l'oubli qui a élimé leurs contours, déformés au rabot du temps et de l'inconscient, avec un angle toujours assez pointu pour percer l'écriture et imposer la nécessité de son reflux. On les dépose sur la page comme des coquillages que tout un chacun pourrait ramasser sur le bord de sa plage intime. Il suffit de leur tendre l'oreille pour les écouter se dire. Ils avertissent de leur authentique désordre et invitent à l'immersion dans un abécédaire mouvant. Et sous l'apparence de puériles anecdotes, émergent quelques scènes primitives qui, avec le recul, n'ont plus rien d'innocent, et où se donnent à lire les épreuves fondatrices, les tentations premières auxquelles on a mal résisté, les perplexités dont on n'est toujours pas revenue, les appels dont on entend encore les échos. On se jette à l'eau sans savoir où on met les pieds, on dévale la pente dans le mauvais sens, on ouvre la bouche à l'inconnu, on se pose des questions sans réponse, on essaye de faire sa place dans la cohue des adultes, on ne se reconnaît déjà plus dans la glace, on tranche dans le vif de son propre corps, on fait connaissance avec le dilemme sous forme pâtissière, et on s'est un peu approchée du grand mystère déjà là dans son obscure menace. Tout cela dans un désordre apparent, mais qui progressivement écrit un alphabet où le moi prend langue avec lui-même.