Basé sur des entretiens biographiques menés avec 40 anciens militants, sur des sources privées et sur des fonds d'archives souvent inexplorés, cet ouvrage met en lumière les ressorts de ces trajectoires dissidentes en les articulant à une réflexion générale sur le rapport des juifs algériens à la question coloniale. Au prisme de cette entrée minoritaire, il s'agit aussi de construire une histoire par le bas des juifs d'Algérie, du communisme algérien et, plus généralement, de la société algérienne colonisée et nouvellement indépendante.
André Léo, de son vrai nom Léodile Béra, est tour à tour romancière, journaliste, essayiste, auteur dramatique mais aussi républicaine et militante féministe. Longtemps ignorée ou méconnue, elle a pourtant un rôle aussi important que celui de Louise Michel. Cet ouvrage offre l'inventaire le plus complet sur son oeuvre (plus de trente romans, contes et essais, des dizaines d'articles et des textes politiques) et restitue, dans leur complexité, ses vies multiples.
La mémoire de 68 a largement valorisé le mouvement étudiant. Pourtant, 68 constitue également le plus puissant mouvement de grèves ouvrières que la France a connu, et qui ouvre ensuite une phase décennale de contestation dans les usines. C'est cette séquence d'insubordination ouvrière que Xavier Vigna retrace dans une étude historique pionnière qui s'appuie sur des archives inédites.
Avec une préface de Serge Wolikow.
Marie Souvestre... ou comment une Parisienne lesbienne, brestoise de naissance, forma la femme du président Franklin Delano Roosevelt, bi-sexuelle, modèle de l'emancipated woman et discrète conseillère, dans son âge avancé, de John F. Kennedy. Esprit incisif, féministe modérée, pédagogue performante, fille de l'écrivain breton émile Souvestre, elle invente en 1863 avec Caroline Dussaut une école de jeunes filles, primaire et secondaire à la fois, non religieuse et acceptant uniquement des élèves étrangères.
Ce volume apporte des connaissances nouvelles, biographiques et prosopographiques sur les actrices et acteurs de l'émancipation des femmes de la IIIe République. À travers les motivations et les modalités de l'engagement se révèle le visage particulier du féminisme dit de la « première vague », soit un cycle de mobilisation centré sur l'acquisition de droits et s'appuyant sur des associations telles que le Conseil national des femmes françaises, l'Union française pour le suffrage des femmes, la Ligue française du droit des femmes.
Cas célèbres, exemples de chasses à l'homme et populations rebelles scandent l'histoire de nos libertés confrontées à l'État justicier. L'arrestation mérite donc une histoire que cet ouvrage arpente pour la première fois, pour mieux révéler un art politique de la capture justicière : celui de pressentir l'approbation ou la désapprobation collective.
La musique religieuse à l'époque moderne est soumise aux impératifs de convenance et de bienséance. Cet ouvrage est consacré aux discours sur la musique religieuse pour l'aborder selon une perspective culturelle plus large qui permet d'en dégager les enjeux sociaux, moraux et esthétiques.
L'étude de l'univers social et culturel de Paul Ferry (1591-1669), pasteur à Metz de 1612 à sa mort, permet l'analyse des conditions d'exercice du ministère pastoral dans la France réformée du régime de l'édit de Nantes (1598-1685). Le ministre, type de clerc radicalement différent du prêtre catholique, doit toujours assurer les fidèles de leur salut dans leur foi par la prédication, l'administration des sacrements et l'acculturation, en tentant d'imposer la morale et la discipline réformées.
Avec une préface d'Yves Krumenacker.
Colette Cosnier part à la recherche de ce que l'histoire des saintes peut nous dire de l'histoire des femmes. Partie des images de la religion de son enfance, elle nous fait partager, en un parcours très libre mais parfaitement informé, de dictionnaires en musées et de La Légende dorée aux travaux les plus récents, ses pérégrinations dans l'univers des saintes et les interrogations qui en découlent.
Cette étude sur la culture chansonnière des mouvements de compagnonnages est une vaste enquête inédite, de nature à la fois historique, musicologique et ethnologique. Elle examine ce que chanter signifie pour des collectifs de travailleurs manuels, constitués d'individus autodidactes de la musique : ce qui compte avant tout, c'est la participation de cet art au "commun idéal" compagnon.
Ce livre retrace l'histoire de la Galice, région d'Europe d'à peine 30 000 kilomètres carrés située dans l'un des « Finis terrae » européens, au nord-ouest de la péninsule Ibérique. Depuis sa première version écrite en galicien (1984), peu après l'accession de la Galice à son statut d'autonomie, jusqu'à la dernière publiée en 2016, le texte s'est étoffé, invitant à corriger des représentations à propos d'une Espagne périphérique mais connectée, atlantique et continentale, capable, tout à la fois, de revendiquer sa celtitude et de se projeter vers l'avant.
Les écrits des érudits renseignent sur leur manière de travailler et sur les objectifs qu'ils poursuivaient. L'érudition fut-elle neutre ? Avait-elle pour seule mission de diffuser des savoirs et d'accroître la connaissance dans différentes disciplines ? Quels que fussent ses objectifs, elle reposait sur des pratiques que l'on retrouve pendant quinze siècles : l'apprentissage de langues étrangères, l'emprunt de manuscrits, le recours constant à la correspondance.
Dans ce volume, historiens et historiens du droit, médiévistes et modernistes, explorent diverses facettes d'une justice souvent proche, que les habitants s'approprient pour régler leurs conflits ordinaires, tout en interrogeant les exigences contradictoires qui pèsent sur l'ensemble des institutions judiciaires. Pour le roi, les officiers, tant royaux que seigneuriaux, comme pour les justiciables, la proximité judiciaire est une nécessité et un enjeu de pouvoir.
La démocratie représentative ne s'anime-t-elle qu'en période électorale ? Cet ouvrage s'interroge sur les conditions du maintien et des modalités de la fonction représentative endossée par les élus du peuple hors de toute manifestation institutionnalisée et entre les moments d'appel au suffrage, lors de ce que l'on appellera un "entre-deux" électoral à la durée variable.
Cet ouvrage propose de confronter les approches et d'enrichir le débat sur les représentations des relations amoureuses et des sexualités dans les Amériques anglophone et hispanophone. S'appuyant sur une grande diversité de cas, il analyse ainsi l'influence de l'histoire sur les représentations des relations amoureuses et des sexualités, et montre comment écrivains et réalisateurs interrogent la société et ses stéréotypes.
Paul d'Estournelles de Constant, prix Nobel de la paix 1909 a été diplomate, député puis sénateur de la Sarthe. L'étude du fond exceptionnel de ses archives personnelles permet l'analyse dans cet ouvrage des aspects saillants de sa pensée : l'Europe, la colonisation, la mondialisation, l'arbitrage des relations internationales afin d'éviter la guerre ? à l'origine de la Société des Nations. Le livre est complété par des textes de cette figure méconnue de l'histoire contemporaine.
Cet ouvrage retrace l'aventure collective de la création des Annales des ponts et chaussées et analyse les modalités de travail et les motivations de ses acteurs. Cette histoire montre que les Annales ne font pas que décrire ou diffuser des savoirs : elles participent à leur élaboration, servent des politiques et des intérêts. Cette enquête sur les trente-six premières années d'existence du périodique permet, de surcroît, de pénétrer le monde des Ponts et Chaussées et offre un éclairage inédit sur le fonctionnement de cette branche de l'administration d'État.
Inspecteur général d'histoire-géographie, Louis François a fortement marqué le système scolaire français du XXe siècle. Formé par le scoutisme des Éclaireurs de France, il a voulu, en partisan passionné des méthodes actives, bousculer les frontières entre les institutions éducatives et entre les disciplines d'enseignement. À ses yeux, la formation des élèves doit mobiliser des pratiques ouvertes sur le monde. Il fut professeur, géographe, résistant, déporté, gaulliste et démocrate, acteur clé de la construction de notre école contemporaine.
Le discours sur le métissage est à la mode, mais qu'entendre réellement par là ? L'ouvrage examine la généalogie de ce concept, il s'attarde sur sa polysémie et ses limites en étudiant son usage dans de nombreux domaines : le corps, la littérature, la religion, etc. Les contributions portent sur les dimensions culturelle, territoriale et politique (identitaire) de cette notion, dans de nombreux pays et à des époques très différentes. Au-delà, elles montrent comment considérer le métissage comme un concept opératoire en sciences sociales.
Cet ouvrage restitue les programmes d’une semaine « ordinaire » de programmes sur les deux chaînes de l’ORTF entre le 23 et le 30 septembre 1967. L’étude, menée par une équipe interdisciplinaire de chercheurs, en collaboration avec l’Institut national de l’audiovisuel, s’appuie sur des archives audiovisuelles de la télévision conservées par l’Inathèque et consultables sur le site Ina.fr, mais aussi sur la documentation écrite qui s’y rapporte (magazines de programmes, courriers de téléspectateurs, conseils et comités de programmes). Elle analyse les programmes télévisés, les conditions de leur production et celles de leur réception.
En coédition avec l’Institut national de l’audiovisuel.
Fréquemment ignorée par les contemporains, souvent inaperçue par la recherche, l'histoire de la souffrance sociale concerne à la fois les individus et les groupes. Elle relève de l'expérience douloureuse que les hommes et les femmes peuvent faire du monde social. L'histoire de ceux qui souffrent car ils se battent contre eux-mêmes, leur milieu, leur destinée familiale, la place sociale qui leur est faite est au centre des recherches présentées dans cet ouvrage. Fruit d'un travail collectif, il interroge les seuils de l'acceptable, objets difficilement saisissables, à l'intersection de l'individu et du collectif, du social et du psychisme.
Au demeurant, l'enfance de Gisèle ne fut pas malheureuse. Chez elle, un confort matériel plus grand que dans la plupart des familles paysannes du Léon. Un père entreprenant, une mère experte en choses domestiques, amie du beau, du propre, de l'ordre, ennemie de la discorde. À vingt ans, Gisèle promène une jeunesse élégante, est dotée d'une aisance verbale si rare à la campagne, qu'elle en intimide ses prétendants, manifeste une réelle vigueur physique, qu'elle met au service de l'exploitation parentale.
Que s'est-il passé ? Dix ans plus tard, mariée, mère de quatre enfants, et un cinquième à venir, Gisèle est entrée en souffrance, et cherche dans l'alcool un soutien, un accompagnement. Une longue marche dans la nuit, ponctuée de cent quinze comas éthyliques, autant d'hospitalisations, et de nombreuses tentatives de suicide. Gisèle crie son mal sans se faire entendre, sans comprendre, sans trouver l'issue.
Dans ce tunnel, qui dure vingt années, Gisèle se prête - en vain - à toutes les formes curatives hospitalières. En 1978, une rencontre avec une jeune analyste marque un tournant décisif. Commence alors la longue et douloureuse exploration de soi, de l'aube de la vie, des jours fondateurs. Dix années d'analyse et la santé recouvrée. Un parcours étonnant, inattendu, chaotique et vrai.
Des corsaires de Louis XIV, Jacques Cassard (1679-1740) est le plus célèbre, mais Cassard est aussi armateur, issu du milieu négociant de la Fosse à Nantes. Les aventures le conduisent en Méditerranée, mais aussi aux Antilles.
Cette biographie retrace l'ascension d'un petit paysan du Trégor finistérien devenu ministre de l'Agriculture du général de Gaulle en 1944. Authentique paysan, Tanguy Prigent s'affirme comme militant socialiste et comme militant agricole dans les années 1930. C'est en faisant voter à la Libération le statut du fermage que Tanguy Prigent est entré dans l'histoire du XXe siècle.