Sans tabou ni a priori idéologiques, Stéphane Amar décrypte l'« exception israélienne », qui dérange autant qu'elle fascine. Nationaliste quand l'Occident tourne le dos au nationalisme, colonisateur quand l'Europe décolonise, religieux quand le Vieux Continent se déchristianise... depuis sa création, Israël est un pays à part, à contre-courant dans tous les domaines. Parti de rien, son peuple a bâti en moins d'un siècle un État puissant, craint et respecté, à la santé économique insolente. Revers de la médaille?: son expansionnisme lui coûte un prix exorbitant en termes d'image, fracturant de plus en plus la société et rendant le conflit israélo-palestinien insoluble. Jusqu'où va et peut aller Israël ? Pour comprendre ce qui s'y joue vraiment, Stéphane Amar convoque Theodor Herzl et David Ben Gourion, analyse la politique d'immigration et nous dévoile les plans des architectes de la colonisation et des exaltés du troisième Temple de Jérusalem. Entre moments clés de l'Histoire et actualité brûlante, il signe une enquête au plus près de la réalité de cet État si controversé.
Alors que 2023 commémore le centenaire de la fondation de la République de Turquie, le géopoliticien Ardan Amir-Aslani analyse les enjeux et défis qui attendent la Turquie contemporaine, en retraçant ses évolutions de la révolution d'Atatürk jusqu'aux réformes autoritaires d'Erdogan.
Devenu Premier ministre en 2003, élu président en 2014, Recep Tayyip Erdogan a dépassé la longévité au pouvoir d'Atatürk. Son projet civilisationnel n'a pas changé. Il s'est même crispé et tient en trois mots : califat, néo-ottomanisme, pantouranisme. Son parti, l'AKP, s'est ouvert à l'Europe tout en rejetant ses valeurs, pour se concentrer sur la redéfinition du nationalisme turc, en rupture avec le sécularisme kémaliste.
Le pari d'Erdogan : devenir le " nouveau père " d'une nation phare de l'islam sunnite, reconnectée avec ses racines asiatiques et sa gloire impériale. Fût-ce au détriment des minorités kurde et arménienne, et au risque de fracturer une société partagée entre modernité et tradition, modes de vie occidental et oriental.
En dépit de l'agenda islamo-conservateur de ce président autoritaire qui se rêve sultan et de ses attaques contre le fait démocratique, la Turquie - urbaine, multiculturelle, ouverte à la mondialisation - demeure le pays le plus occidentalisé du monde musulman.
Sa diplomatie du chantage, son agressivité militaire dans son ancienne sphère d'influence, de la Libye au Caucase, auront-ils raison de la patience de ses alliés et de ses voisins ? Précarisés par une crise économique sans précédent, les Turcs oseront-ils rompre avec l'hégémonie d'un parti et d'une idéologie à court d'arguments et qui n'ont pas su améliorer leurs conditions de vie ?
Autant d'enjeux ici étudiés au regard de l'Histoire, des défis énergétiques et de la géopolitique d'une Turquie au bord de l'explosion, un siècle après la fondation de la République par Mustafa Kemal.
"Nous les avons accueillis avec sympathie, un brin amusés par leur accoutrement folklorique. Quelques années plus tard, nous découvrîmes presque à l'improviste que cet islamisme qui nous paraissait si pauvrement insignifiant s'était répandu dans tout le pays."
Boualem Sansal, l'une des grandes voix de la littérature algérienne, s'interroge sur les acteurs de la propagation de l'islamisme : les États prosélytes, les élites opportunistes, les intellectuels silencieux, les médias, "la rue arabe"... Il questionne aussi l'échec de l'intégration dans les pays d'accueil des émigrés.
Une synthèse engagée, documentée, des prises de position humanistes qui dénoncent à la fois le pouvoir militaire algérien et le totalitarisme islamiste.
À partir du 22 février 2019, des millions d'Algériens ont occupé des mois durant, chaque vendredi, les villes du pays pour réclamer le départ du régime. Ce hirak (mouvement) est sans précédent historique : on n'a jamais vu la majorité de la population d'un pays manifester ainsi pacifiquement pendant des mois pour exiger une authentique démocratie.
Réunissant des contributions de journalistes et professionnels algériens ayant participé au mouvement, ainsi que celles de spécialistes du pays, algériens et français, ce livre rend compte de cette extraordinaire ébullition. Il montre en quoi les mots d'ordre du hirak ont révélé la remarquable lucidité du peuple : ils disent comment le régime est dirigé par une coupole mafieuse, réunissant autour du partage des circuits de corruption les chefs de l'armée et de la police politique, cachés derrière une façade politique civile sans aucune autonomie.
Après avoir rappelé les raisons profondes du soulèvement, les auteurs restituent ses multiples facettes, l'inventivité et l'humour des manifestants et manifestantes, la place essentielle des jeunes et des femmes ou la revendication centrale de parachever la libération nationale de 1962. Sans négliger le rôle de la presse et des réseaux sociaux, ni les réactions à la répression policière. Analysant enfin les effets du hirak au sein du pouvoir, ainsi que les réactions des grandes puissances, cet ouvrage apporte des clés essentielles pour comprendre l'un des plus puissants mouvements sociaux de l'histoire moderne.
En mars 2011, en pleine vague des Printemps arabes, des enfants d'un village
du sud de la Syrie inscrivent un graffiti sur le mur de leur école. Leur arrestation
par les services du gouvernement syrien et les sévices qu'ils subissent
vont être le déclencheur de la révolution syrienne, initialement pacifique.
À partir de l'été 2011, cette révolution prend les traits d'une insurrection
armée. En avril 2012, Kofi Annan parvient à négocier un accord de cessezle-
feu, qui se traduit par le déploiement dans l'urgence d'une mission de
300 observateurs des Nations-unies. Ce cessez-le-feu s'effondrera quelque
temps après, tandis que le pays basculera dans la guerre civile.
Énora Chame raconte cette mission à haut risque à laquelle elle participe
comme volontaire (elle est le seul officier français sélectionné), une des plus
violentes missions qu'aient dû accomplir des observateurs désarmés.
Au coeur des katibas (unité de combattants) des rebelles, de l'armée syrienne,
des foules parfois hostiles, des prisons ou des hôpitaux, elle oeuvre pour
connaître la vérité, malgré l'étroite surveillance de la police politique et les
manipulations du régime ou des rebelles. Les dangers sont multiples : tirs,
explosions, et surtout implication croissante d'Al-Qaida. Son convoi tombé
dans une embuscade, elle parvient à éviter la mort promise par un groupe
djihadiste avec l'aide de ses camarades.
Un récit limpide, hallucinant, au style à la fois clinique et apocalyptique,
qui permet de mieux comprendre l'origine du conflit syrien. Mais surtout,
un hommage vibrant à la Syrie et à son peuple.
" L'armée française peut s'enorgueillir d'avoir en son sein des officiers de sa trempe,
capables, comme elle, d'agir avec une parfaite abnégation et un vrai sens de la
mission. Il me semble que s'il fallait décrire Énora Chame en un seul mot, celui
qui conviendrait le mieux est : la combattante. " Général Christophe Gomart
" Le plus impressionnant, dans ce livre, réside dans la force morale, le sens de
l'humain à l'égard de la population syrienne et des observateurs de la MISNUS,
et le courage constant dont fait preuve Énora Chame au milieu du chaos, des
combats, des tirs qui la visent directement, des menaces de mort à son encontre,
notamment lors de sa prise en otage par des islamistes qui risquent à tout moment
de l'égorger, avant finalement de la relâcher. " Général Jean-Marc Marill
Pour l'État d'Israël, la principale source d'exportation vers l'Occident n'est pas faite de mandarines ou d'avocats, ni même d'armement ou de systèmes sécuritaires : l'essentiel, c'est la promotion d'une image, celle de l' « énergie créative » pour tout ce qui touche à la culture. « Les produits israéliens comme la littérature, la musique, la danse, le cinéma, l'art, la gastronomie, la science et les technologies, l'architecture et l'histoire sont des domaines culturels susceptibles de toucher les publics cible, particulièrement en Europe » explique un ex-député du parti de gauche Meretz.
Or cette vitrine culturelle, comme le prestige international de l'université israélienne, masquent une tout autre réalité : les liens entre cette université et l'institution militaire, le rôle de l'université dans la recherche de nouveaux outils de combat et de renseignement, la discrimination des étudiants palestiniens, l'absence de protestation contre les guerres menées à Gaza... Et l'évidence que les écrivains, artistes et cinéastes du soi-disant Camp de la paix, d'Amos Oz à Amos Gitaï ou David Grossman, ne sont que des dissidents officiels tout à fait inoffensifs.
C'est cette réalité-là qui explique le succès exponentiel du boycott académique et culturel dans le monde entier - et les réactions très vives du pouvoir israélien contre ce qu'il considère désormais comme une « menace existentielle ». Ce boycott ne concerne pas les personnes mais les institutions et ceux qu'elles soutiennent. Il n'est ni un obstacle au dialogue, ni un frein à l'action d'une « gauche sioniste » muette et paralytique. Il est un mode de résistance pacifique et parfaitement légitime.
Cet ouvrage expose les multiples facettes de la pensée politique arabe depuis le XIXe siècle, attestant la vitalité de cette pensée et des grandes controverses qui l'ont traversée. Il montre que ses acteurs, loin d'être figés dans le carcan théologico-politique décrit par certains récits canoniques sur les Arabes et l'islam, ont souvent exprimé une pensée critique forte, sur les plans religieux et philosophique, anthropologique et politique.
Inscrivant l'oeuvre de ces penseurs dans le maelstrm des bouleversements géopolitiques et socioéconomiques ayant marqué le monde arabe depuis deux siècles, Georges Corm explique comment les puissances externes ont contribué à marginaliser la pensée critique arabe. Cela a facilité l'installation hégémonique de la pensée islamiste, instrumentalisée par certains régimes arabes comme par leurs protecteurs occidentaux. En retraçant finement les avatars successifs du nationalisme arabe moderniste, confronté à partir des années 1950 au double défi de la création de l'État d'Israël et de la manne pétrolière, Georges Corm donne les clés pour comprendre les révoltes libertaires arabes de 2011, ainsi que les contrerévolutions et interventions externes qui les ont suivies.
Un guide précieux pour se familiariser avec la complexité de la pensée arabe.
Un sociologue israélien donne sa vision, lors d'un dialogue avec sa petite-fille, de ce qu'est la gauche en général et dans son pays en particulier. Revenant sur l'originalité de la gauche en Israël, issue du mouvement socialiste pionnier qui a construit le pays et n'a pas été formée par la lutte des classes et les combats ouvriers, Ouri Weber montre que droite et gauche ne s'opposent pas sur les mêmes sujets en Israël et en Occident, le conflit palestinien y jouant un rôle primordial dans les clivages. À partir de l'analyse des positions sur les principaux enjeux qui structurent la vie politique israélienne, il dresse un panorama de l'évolution des différents courants et partis de gauche et donne des éléments d'explication à la dégradation de leur situation.
Ouri Weber est un sociologue israélien, membre du Kibboutz Yekhiam qu'il a rejoint en 1966 avec un groupe de jeunes du mouvement Hachomer Hatsair. Il a étudié à l'université de Tel Aviv et passé son doctorat à l'EHESS à Paris. Il a travaillé à la fédération des kibboutzim puis comme Conseiller stratégique au Conseil Régional de Matte Asher.
«Une expérience beaucoup plus cruelle que celle du colonialisme nous attend, celle de la guerre impitoyable avec notre vie sauvage. Ce qui n'avait pas été assimilé par la domination coloniale ne l'a pas été par la modernité nationale, ni par la Révolution, ni par la démocratie. L'islamisme armé vient nous rappeler que le travail ne fait que commencer, et qu'en réalité, nous l'avons esquivé.» Hélé Béji
La Révolution tunisienne de 2011, née du sentiment de dignité et de justice d'un peuple, fut celle de la spontanéité. Elle a aussi ouvert une voie alternative à l'ingérence démocratique occidentale, aux accents de nouvelle croisade, qui n'a fait que raviver dramatiquement l'islamisme radical. Mais qu'a fait la Tunisie de ce grand moment de son histoire ? Neuf ans après, au coeur d'une crise politique et sociale aiguë, Hélé Béji dresse le constat d'un échec, qui dépasse les frontières de la seule Tunisie. Comment sortir de cette dépression politique, si ce n'est par la constitution d'une société qui, trouvant en elle-même une réponse à l'obscurantisme, restaure la dignité de l'homme ?
Au pouvoir depuis 2003, tour à tour premier ministre, puis président de la République, Recep Tayyip Erdogan incarne les réussites et les dérives de son pays. Charismatique et despotique, il écrase la scène politique et monopolise le débat public, il défend un modèle turc à son image et ambitionne de devenir le leader du monde musulman.
Guillaume Perrier, journaliste et auteur, ancien correspondant en Turquie (Le Monde, Europe1,
Le Point) a couvert l'actualité turque pendant une dizaine d'années.
Bachar al-Assad à son père :Tu as massacre 20 000 personnes a Hama ? Moi, c'est beaucoup plus, beaucoup beaucoup plus, on compte les morts par centaines de milliers. Je ne te cache pas que j'ai ete aide par toutes sortes d'amis, les Iraniens et les Russes en particulier...
Si éloignée en apparence, la Syrie n'émeut que lorsque les conséquences du conflit viennent endeuiller nos contrées. Si proche pourtant, elle est le véritable centre géographique de notre histoire et ils sont nombreux ceux ayant arpenté le " chemin de Damas " pour élaborer ce que nous peinons souvent à voir comme un héritage commun. Aveuglement volontaire ou non, il est désormais impossible de détourner les yeux du reflet que nous renvoie Damas. C'est notre avenir qui s'y joue.
Notre monde a abandonné la Syrie et son peuple à une horreur inimaginable. Et cette horreur ne semble nous toucher que par ses " effets collatéraux ", les attaques terroristes menées sur notre sol.
Pour qu'une telle indifférence soit devenue possible, il a fallu occulter tout ce qui dans l'histoire de la Syrie résonne dans notre propre mémoire. Il n'en est que plus urgent de renouer le lien avec la part de l'histoire universelle qui s'est déroulée là-bas. Qu'on le veuille ou non, Damas nous tend aujourd'hui son miroir.
Dans ce livre alerte, inspiré, Jean-Pierre Filiu revisite en Syrie un passé aussi intimement mêlé au nôtre. Il évoque des figures que l'on croit familières, saint Paul, Saladin ou Abdelkader, et nous en fait découvrir bien d'autres, du " chemin de Damas " à l'" Orient compliqué ".
La descente aux enfers de la Syrie, de ses femmes et de ses hommes, n'est ni une affaire d'Arabes, ni le solde de querelles immémoriales. Elle est épouvantablement moderne, car les bourreaux de ce temps, qu'ils soient jihadistes ou pro-Assad, n'invoquent un glorieux passé qu'à l'aune de leur projet totalitaire.
Nous avons tous en nous une part de Syrie. Dans le miroir de Damas, nous comprenons mieux ce que notre monde est en train de devenir.
Un livre de plus sur le Proche-Orient ? Non.
À côté de l'image commune et quotidienne que nous avons de cette région - bombardements, attentats, exodes massifs de population -, Nadine Picaudou expose les ressorts et les formes spécifiques de
l'action politique - les modes de construction de l'État et les dynamiques de mobilisation des acteurs dans le long XXe siècle.
Elle s'interroge, en alternant les moments de récit avec les plages d'analyse, sur la définition même de la chose publique dans les sociétés concernées, sur le découpage d'un espace du politique dans ses rapports avec les autres instances du social : loin d'être le degré zéro du politique, la violence apparaît alors comme un instrument de négociation pour l'accès aux ressources, comme la poursuite de la politique par d'autres moyens.
Cet ouvrage aide à comprendre comment et pourquoi les affrontements politiques revêtent aussi aisément le visage de fractures communautaires qui mystifient les peuples pour mieux les écraser.
L'abondante littérature qui analyse les dérives populistes dans le monde laisse curieusement de côté Israël, où elles sont pourtant patentes. À plusieurs reprises au cours des douze dernières années, cette démocratie s'est trouvée au bord du gouffre.
Retraçant la trajectoire de la « seule démocratie du Proche-Orient », de sa naissance aux années Netanyahu, Samy Cohen montre combien elle est hybride, fragile et fragmentée. La société a éclaté en deux camps. L'un, attaché aux valeurs libérales, est prêt à des compromis avec les Palestiniens, quand l'autre, sensible aux sirènes nationalistes et religieuses, reste indifférent à l'État de droit.
Qui l'emportera ? C'est l'avenir de la démocratie israélienne qui est en jeu.
Samy Cohen, directeur de recherche émérite à Sciences Po (CERI), est l'auteur notamment de Tsahal à l'épreuve du terrorisme (Seuil, 2009, Prix du Grand livre 2009 des professeurs et maitres de conférences de Sciences po) et Israël et ses colombes. Enquête sur le camp de la paix (Gallimard, 2016).
À la suite du coup d'État avorté de l'été 2016, Recep Tayyip Erdogan a lancé une très vaste opération de purge des différents services de l'État - mais aussi de la société civile. Cette profonde reprise en main est l'aboutissement d'un long processus : depuis 2002, la Turquie est dirigée par l'AKP et par son leader charismatique. Ce pouvoir " musulman-démocrate " a profondément modifié le pays : urbanisation, croissance de l'économie, négociations avec l'UE, rôle majeur au Moyen-Orient, etc.
À la suite du coup d'État avorté de l'été 2016, Recep Tayyip Erdogan a lancé une très vaste opération de purge des différents services de l'État - mais aussi de la société civile. Cette reprise en main est l'aboutissement d'un long processus.
Depuis 2002, la Turquie est dirigée par l'AKP (Parti de la justice et du développement) et par son leader charismatique. Ce pouvoir " musulman-démocrate " a profondément modifié le pays mais le bilan de ce long règne est ambivalent. Les avancées sur le front de la démocratisation ont progressivement laissé place à un autoritarisme rampant et à une politique de réislamisation de la société. Les négociations avec l'Union européenne sont au point mort. Des pas courageux pour la résolution du problème kurde ont été remplacés par une nouvelle offensive répressive, qui s'est étendue à l'ensemble des revendications démocratiques et a révélé le visage autoritaire du pouvoir et sa volonté de mise en place d'un régime présidentiel fort, clairement revendiquée.
Dans cet essai documenté, Ahmet Insel nous éclaire sur les facteurs d'ascension de l'AKP, la stratégie politique et la persistance des succès électoraux d'Erdogan malgré les affaires de corruption, l'installation progressive de l'arbitraire et la lutte avec la communauté Gülen. Il montre ainsi les tourments de la société turque, tiraillée entre les conflits ethniques, religieux et culturels, entre peur de perdre son identité socio-historique et désir d'être dans le monde moderne.
Prix France Turquie 2015
La défaite des Taliban dans le sillage des attentats du 11 septembre ouvre deux décennies d'investissement occidental en Afghanistan. Des centaines de milliards, pour l'essentiel consacrés à l'entretien des forces occidentales, des dizaines de milliers de morts, dont plusieurs milliers de la coalition, montrent l'importance de ce conflit pour les Etats-Unis qui en font le symbole de leur hégémonie mondiale.
Mais, derrière les discours sur la construction d'une « démocratie de marché », se profile un gouvernement transnational qui contourne les acteurs afghans au point d'interdire tout processus démocratique, couvre des fraudes électorales massives, routinise la captation des ressources au profit des entreprises occidentales et des élites afghanes. Les tensions communautaires et sociales s'accroissent à un point jusque-là inconnu dans la société afghane. Les Taliban, capitalisant sur le ressentiment populaire contre les élites au pouvoir, mettent en échec une alliance occidentale qui dissimule, derrière une augmentation des moyens, son incapacité à définir une stratégie cohérente. Après vingt ans de conflit, al-Qaïda est toujours présent en Afghanistan, et le retrait américain ne fait qu'ouvrir une nouvelle période d'une guerre civile vieille de quarante ans.
Ce nouvel essai de Gilles Dorronsoro propose une analyse critique impitoyable des impasses de l'expertise orientaliste et sécurocrate dont la portée comparative, bien au-delà du seul cas afghan, est d'une haute actualité.
Rachid Nekkaz est un des principaux opposants au régime algérien. Initiateur du Hirak, manifestations de masse qui ont redonné espoir au peuple algérien entre 2019 et 2021, il est aujourd'hui en résidence surveillée après avoir été emprisonné pendant 443 jours.
Dans ce livre, Rachid Nekkaz raconte son parcours extraordinaire depuis sa cité en banlieue parisienne jusqu'aux portes de la présidentielle algérienne, acclamé par des dizaines de milliers de jeunes. Pourtant, rien ne prédisposait ce pur produit de la culture française, passionné de Voltaire, à devenir l'ambassadeur d'un peuple opprimé et étouffé par un régime autoritaire qui confond opposition et trahison.
Rachid Nekkaz, né en France où il vivra pendant 40 ans, renonce à sa nationalité française en 2013 afin de s'engager pour la démocratie en Algérie. Diplômé d'histoire à la Sorbonne et militant des droits de l'homme (il sera nominé au Prix Nobel de la paix en 2019), il a écrit 4 livres dont un livre-entretien avec les 7 chefs d'État du G7 (Clinton, Chirac, Blair...) en 2000.
Trois ans après Le peuple veut, exploration radicale du soulèvement arabe, Gilbert Achcar analyse dans ce nouvel opus le blocage du processus révolutionnaire déclenché en décembre 2011 en Tunisie et la reprise en main, sous des formes différentes, par les pouvoirs en place.
Premières élections pluralistes, nouvelle constitution, multiplication des partis et des associations, montée des revendications des minorités sexuelles, régionales et religieuses, recomposition du personnel politico-administratif, explosion des conflits autour de la question sociale...
Premières élections pluralistes, nouvelle constitution, multiplication des partis et des associations, montée des revendications des minorités sexuelles, régionales et religieuses, recomposition du personnel politico-administratif, explosion des conflits autour de la question sociale... Depuis 2011, la Tunisie vit en ébullition permanente, comme portée par la redécouverte du débat public, trop longtemps confisqué par un parti et un clan. Mais cette effervescence revendicative ne doit pas faire oublier que le pays a toujours été animé par une quête de démocratie.
Ce livre, en replaçant les événements de 2011 dans le temps long, cherche à dépasser les représentations binaires dictature/démocratie, autoritarisme/pluralisme. Il s'attache à rendre compte des mutations culturelles, sociales et politiques, à décortiquer la part d'inédit et de créativité de la période post-Ben Ali et analyse comment elle s'accommode des structures héritées.
En une vingtaine de contributions originales (analyses historiques, enquêtes de terrain, entretiens avec les acteurs), ce livre dresse un portrait à la fois sociologique et politique de la Tunisie d'aujourd'hui.
Huit ans plus tard, que reste-t-il des «printemps arabes»?
Une situation de guerre et de contre-révolution domine la région. Au premier chef, en Syrie, au Yémen et en Libye, bien sûr. Mais, en réalité, sous une forme menaçante, larvée ou discontinue, aucun pays n'y échappe complètement.
Instrumentalisés par les grandes puissances, ces conflits deviennent également, et de plus en plus, la scène où s'affirment et s'entrechoquent les intérêts et rivalités des puissances régionales émergentes (Iran, Arabie saoudite, Turquie...).
Le risque, toutefois, est de s'en tenir à une lecture uniquement géopolitique et occidentalo-centrée, autour des stéréotypes que les révolutions arabes avaient justement fait voler en éclats, pour se figer dans le (faux) dilemme de la dictature ou du chaos. Et d'occulter les acteurs, les enjeux et la dynamique des luttes sociales à l'oeuvre.
La déclinaison des guerres actuelles renvoie moins aux effets qu'aux causes et revendications des soulèvements de 2010-2011, dont l'onde de choc se fait encore ressentir aujourd'hui.
Ainsi, ces dernières années, du Rif marocain à l'Iran, de Kobané à Gaza, en passant par la Jordanie, de fortes mobilisations sociales ont secoué une région, marquée par les inégalités et la jeunesse de sa population... et continueront de la secouer à hauteur de la demande de «pain, liberté et justice sociale».
L'Arabie Saoudite est au coeur des changements géopolitiques qui bouleversent la région. Une radiographie du royaume wahhabite d'aujourd'hui et de demain, aussi influente et puissante qu'ambivalente, par une journaliste spécialisée en diplomatie et stratégie.
Un pays en mutation... que l'Occident n'a jamais lâchéDes pilotes saoudiens de l'attentat du 11-Septembre 2001 à l'affaire Kashoggi, les alliés occidentaux de l'Arabie Saoudite auraient eu d'excellentes raisons de remettre en cause leur relation avec Riyad. Mais le royaume saoudien n'a jamais été lâché, car ses atouts stratégiques sont majeurs. Le royaume wahhabite est au coeur des changements géopolitiques qui bouleversent la région. Le repli" américain et le recul de la puissance occidentale ont favorisé l'affirmation de nouveaux États qui poussent leurs pions dans un Moyen-Orient en proie au chaos : Turquie, Iran, Russie... Mais l'Arabie fait la course en tête, devant la Turquie pour le leadership sur le monde sunnite, mais aussi devant l'Iran, dont Trump a fait son principal adversaire et dont le programme nucléaire militaire pourrait, à terme, devenir une menace pour Riyad.Allié géopolitique indispensable, l'Arabie Saoudite l'est aussi au plan économique. Elle exerce une influence déterminante sur les cours mondiaux du pétrole, achète des armes aux États-Unis et à l'Europe (notamment à la France) et investit ses fonds souverains partout dans le monde.Tel est le paradoxe : malgré son caractère autoritaire et répressif, l'Arabie Saoudite a beaucoup à offrir. Elle s'ouvre d'ailleurs peu à peu à la modernité sous la houlette de son prince réformateur, Mohammed ben Salmane. On voit ainsi fleurir cafés et salles de concerts dans les rues de Riyad ; les femmes connaissent un début de liberté et le rigorisme religieux est en perte de vitesse. Une ambivalence qui s'apprête à radicalement transformer la face du pays et ses relations au sein de l'échéquier international."
Alors qu'il existe plusieurs atlas de l'Égypte ancienne, aucun atlas de l'Égypte contemporaine n'avait encore été publié. Cet ouvrage vient donc combler un vide, en offrant au grand public un panorama illustré de l'Égypte au début du XXIe siècle. Réunissant les contributions d'une cinquantaine de chercheur.e.s, il présente, sous une forme cartographiée et vulgarisée, les faits saillants et les enjeux de l'Égypte actuelle en matière politique, géopolitique, économique, démographique, sociale, environnementale et culturelle. Il s'appuie, à cette fin, sur des ressources documentaires inédites : les cartes notamment, qui exploitent les résultats du recensement officiel égyptien de 2017, offrent une version actualisée du territoire. Pour mieux connaître et comprendre l'Égypte d'aujourd'hui.
Histoire, société, politique, économie, religion et culture... L'ouvrage clé pour comprendre l'actualité de la TURQUIE.
Mosaïque ethnique, culturelle et religieuse issue en 1923 du dépeçage de l'Empire ottoman, la République de Turquie d'Atatürk se voulait un État national, unitaire, homogène et laïque, capable de rivaliser avec les grands États européens.
Passé au multipartisme dès 1946 et secoué par quatre coups d'État entre 1960 et 1997, le pays devient une puissance régionale et un allié stratégique des démocraties occidentales.
Toutefois, avec une croissance en baisse depuis quelques années, la Turquie souffre d'un taux de chômage élevé, d'une diminution des investissements et connaît une dégradation des conditions sociales.
Au coeur des grands conflits régionaux du moment et face aux tensions avec l'Europe et les États-Unis, la Turquie doit se positionner sur la question des migrants, du terrorisme ou encore du conflit kurde au moment où les dérives autocratiques du président Erdogan et sa volonté d'instaurer un régime présidentiel fort menacent la démocratie et les libertés publiques.
L'Afrique est riche, mais ses habitants sont pauvres. La récente tragédie de la vente d'esclaves en Libye illustre l'échec des États de l'Afrique subsaharienne à se développer, tant sur un plan économique que social. Comment l'expliquer ? Les traumatismes et complexes historiques mal évacués empêcheraient-ils toute cohésion dans l'action ?
Développer l'Afrique n'est plus une question de mimétisme, mais de survie, qui exige de se risquer dans des méandres inexplorés, de violer des tabous irrationnels, de vaincre les groupes d'intérêt et surmonter les idées reçues autant que les susceptibilités. Le sous-continent souffre d'amalgames où se juxtaposent des processus de constructions nationales inachevées, des mécanismes juridiques incomplets, concurrencés par des droits coutumiers encore trop vivaces et l'émergence d'une culture de survie elle-même contre-productive.
En s'appuyant sur des travaux d'économistes ainsi que sur son expérience de haut fonctionnaire, Hervé Mahicka préconise une transition systémique d'envergure, notamment par la modernisation du jeu politique, la refonte des attributions de l'État africain, la distribution des richesses réelles aux populations pour une économie de marché privée intérieure ou encore la révolution culturelle.
Un essai original et innovant, dont l'objectif est d'aider à réaliser la prémonition de Jacques Attali - faire que la seconde moitié du XXIe siècle soit africaine.