Alain Badiou raconte sa traversée des années 1937 à 1985 en s'attachant à l'inscrire dans l'histoire politique de ce demi-siècle. Dans un théâtre mondial marqué par les bouleversements que l'on connaît se déroulent les péripéties d'une existence commencée au Maroc, passée par Toulouse, Reims et Paris. Enfance, adolescence et jeunesse de ce fils de professeurs résistants sont marquées par la Seconde Guerre mondiale puis la guerre d'Algérie, et forgent les convictions de celui qui se fera socialiste réformateur avant d'adhérer à l'expérience toute nouvelle du maoïsme.
Ce XXe siècle revisité éclaire d'un jour nouveau l'oeuvre de ce penseur phare du communisme et les origines du "gauchisme" à la française : c'est toute une époque et une génération pour laquelle l'engagement était le maître mot qui reprennent vie au fil des pages et nous donnent à réfléchir à notre propre rapport à la chose politique.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Simone Weil. Recueil de pensées et de réflexions intimes, "La pesanteur et la grâce" constitue une remarquable initation à l'oeuvre de Simone Weil. Sa démarche, où prend place une expérience spirituelle qui dépasse la raison, montre combien la raison tendue à l'extrême porte un ordre qui n'est pas le sien, qu'elle assimile mais ne dicte pas. Que ce soit l'ordre grec où s'inscrit l'exil, ou le désir de transcendance qui verrait la fin de cet exil, elle ne prend pas la voie simple d'un désir réalisé pour lui-même. Elle impose une exigence temporelle pleinement assumée qui diffère la satisfaction d'obtenir pour soi. Simone Weil représente "l'autre", celui qui est insitué, extérieur et à sa propre tradition et à une tradition d'accueil, l'autre par rapport auquel on doit se situer, presque malgré soi. Aussi tente-t-elle de définir un lieu neuf à la pensée à partir d'une expérience de l'individu lié au monde. Dans son époque, elle repose la question de Dieu selon d'autres normes, sans le souci des preuves, mais selon la nécessité d'un autre discours qu'elle suggère par la recherche d'une méthode et de structures.
TTTT-Télérama
" Une fervente et nécéssaire biographie." Télérama
Le livre de Françoise Schwab vient combler un vide. Il s'agit de la première biographie du philosophe et musicographe Vladimir Jankélévitch (1903-1985) - dont l'importance, non seulement en France, mais aussi à l'étranger, en particulier en Italie et en Allemagne, où ses prises de position contre le nazisme sont toujours au coeur des débats, ne cesse de grandir.
Françoise Schwab, qui fut une de ses proches, a publié les ouvrages posthumes de Vladimir Jankélévitch et organisé de nombreux colloques consacrés à l'actualité et à l'originalité de son oeuvre. Son essai se propose de croiser les dimensions biographiques et intellectuelles de ce penseur majeur. On découvre l'itinéraire d'un homme extraordinaire qui fut pris dans les combats de son temps, depuis l'École normale supérieure, où il fut admis avec Raymond Aron et Jean Cavaillès, à sa filiation avec Henri Bergson, mais aussi avec les penseurs russes de l'exil, comme Nicolas Berdiaev, sans oublier son combat décisif pour la Résistance pendant la guerre.
Au service de l'universalité d'une pensée vive, ravivée au creuset de son identité juive, Vladimir Jankélévitch a questionné la Grèce, le legs romain et celui de toute l'Europe. Il a été un homme dans son temps, un Socrate au milieu de la cité, que ce fût à Prague, à Lyon ou lors des événements de Mai 68, voire lors des états généraux de la philosophie à la Sorbonne en 1979.
Vous avez les plus belles jambes du monde, vous serez ma femme ou
ma maîtresse. Voilà ce qu'est devenu l'amour de ma vie. Moi, épouser
un Juif, jamais ! Barbara juive ? Tais-toi donc mon garçon, elle est si
gentille. Avec un instinct sûr, vous choisirez votre siège. Vous prenez
votre petit déjeuner à la table de ce nazi ! Comme c'est gentil de me
reconnaître, Jacques Lacan. It's no greek ! Madame, Madame, j'ai
compris l'étymologie de con-cierge. À partir de combien de livres est-on
cultivé ? Que pensez-vous de ce que vous voyez ? J'aime quand tu as le
corps gai. Arrêtez de le regarder, laissez-le partir...
Ces phrases font passer de l'anecdote à l'idée. Elles sont comme
des noms propres qui titrent les souvenirs. Elles fabriquent une
autobiographie philosophique, racontée à mon fils Victor et
écrite avec lui. En les disant, je comprends pourquoi et comment
elles m'ont fait vivre-et-penser. Si dures soient-elles parfois, elles
donnent accès à la tonalité du bonheur.
Un travail mère-fils qui fait redécouvrir Char, Heidegger, Lacan,
la Grèce, l'Afrique du Sud, la Corse, les juifs, les cathos, des
Hongrois, des Allemands... Avec Ulysse en figure de proue,
l'homme d'Homère qui passe là où il n'y a pas de passage, entre
Hélène qui ravit et Barbara bla-bla-bla.
Une étude biographique consacrée à l'un des plus grands penseurs de notre temps, Edgar Morin, au travers des grands thèmes qui ont aiguillé sa vie et son oeuvre.
Edgar Morin n'a cessé de le répéter : " Ma vie et mon oeuvre sont indissociables. " Qui veut comprendre son parcours intellectuel doit le suivre de l'avant-guerre jusqu'à l'invasion de l'Ukraine et de Mai 68 aux secousses de la mondialisation. Sans oublier sa rupture avec le communisme, en 1959, qui le conduisit à l'exigence d'autocritique, l'un des piliers de sa méthode.
Car ce sociologue improvisé n'a jamais suivi d'itinéraire tracé.
Hors des voies académiques, il a frotté sa pensée aux révolutions de la physique quantique, de la neurobiologie et de la cybernétique, mais aussi à Pascal, à Spinoza et à la spiritualité juive. Avec un but : nous initier à de nouveaux modes de connaissance du monde et de soi-même, où les paradoxes, le doute et la remise en question soient toujours les bienvenus. Ce sera l'objet de son oeuvre principale,
LaMéthode, une somme qui se propose de refonder, à la lumière des sciences cognitives, nos dispositions à " penser le réel ".
Philosophe, moraliste, pédagogue, défenseur ardent de causes innombrables, débatteur virulent des plateaux de télévision...
Sur quelle voie suivre Morin ? Plus encore que de l'humaniste auquel on le résume parfois, Francis Lecompte dresse le portrait d'un " marathonien de la pensée ", auteur d'une oeuvre inclassable dont il éclaire les concepts de complexité, d'auto-organisation et de transdisciplinarité. Et dont l'influence sur la vie des idées est loin d'avoir produit tous ses effets.
Pourquoi Zarathoustra nous libère-t-il et nous rend-il plus vivants ?
Arnaud Sorosina répond à cette question en rendant accessible le texte central de la pensée nietzschéenne. À travers la figure de Zarathoustra, Nietzsche interroge la crise de la modernité après ce qu'il appelle la mort de Dieu. Inquiet face à l'essor possible du "dernier homme" qui, ne sachant pas à quel saint se vouer, sombre dans le pessimisme ou la jouissance de l'instant, il propose un diagnostic en même temps qu'un remède créateur et source de réjouissance. Ce remède est une éthique nouvelle qui doit permettre d'affirmer son existence à travers de nouvelles manières de vivre.
Jean-Paul Sartre, l'un des plus importants philosophes du XXe siècle, chantre de l'existentialisme, est aussi l'un des plus mal connus. Sa pensée a en effet, de son vivant et jusqu'à ce jour, fait l'objet de tant de débats ou de controverses qu'elle en a été complètement pervertie.
Elsa Godart se propose de reprendre les thèmes les plus spécifiques et les plus chers au philosophe pour les vulgariser dans un souci néanmoins de mise au point par rapport aux idées reçues, Sartre étant selon l'autrice un humaniste.
Un nouvel éclairage nécessaire que cet ouvrage entend apporter.
Romans, essais, autobiographie, récits de voyage, pièce de théâtre... L'oeuvre de Simone de Beauvoir, longtemps restée dans l'ombre de celle de Sartre, est peu à peu redécouverte et appréciée à sa juste valeur. Témoin privilégié de son époque, de l'Occupation à son engagement dans le MLF en passant par la guerre d'Algérie, celle qui, avec Le Deuxième Sexe, a influencé jusqu'aux études de genre, occupe désormais une place éminente dans la pensée contemporaine. Éric Touya de Marenne revient sur une vie et une oeuvre protéiformes, et montre en quoi elles nous permettent en effet d'approfondir et d'éclairer sous un jour nouveau les grandes questions de notre temps : la liberté et la responsabilité de l'être humain, la condition de la femme, le combat pour la justice ou encore le dialogue entre les peuples.
Le royaume philosophique de Kaamelott
Kaamelott fourmille de références philosophiques : les définitions du pouvoir d'Arthur et Léodagan rappellent les modèles de contrat social de Rousseau et de Hobbes, la Dame du Lac interroge l'existence de Dieu à la Descartes... Quant à Perceval, sa conception bien à lui du monde qui l'entoure n'est pas sans rappeler les réflexions sur l'absurde d'Albert Camus. Sans compter les références philosophiques qui habitent tous les autres personnages loufoques de cet univers que nous adorons depuis leur apparition il y a une dizaine d'années.
GWENDAL FOSSOIS, auteur spécialiste de la pop culture et fan de la série créée par Alexandre Astier, nous invite à découvrir l'univers philosophique de Kaamelott et à porter un regard différent sur cette série désormais culte.
Parmi les grands penseurs du XVII siècle, Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716) occupe une place à part. Pour comprendre l'existence de ce génie inclassable, qui fut tout à la fois diplomate, mathématicien, historien, romancier, philosophe et ingénieur, il ne suffit pas de lire ses oeuvres. Il faut partir à sa rencontre, le suivre heure par heure au coeur de sa vie quotidienne, et assister ainsi à la naissance de ses idées.
À Paris en 1675, il crée le signe intégral qui révolutionne les mathématiques ; à Zellerfeld en 1686, il conçoit un système d'éoliennes pour un réseau minier tout en développant sa métaphysique des mondes possibles ; à Hanovre en 1696, il s'invente historien, répare les fontaines d'un jardin et développe une philosophie de la perception qui annonce les découvertes de la psychanalyse ; à Berlin en 1703, il déchiffre un manuscrit chinois et pose les bases du système binaire qui régit aujourd'hui notre monde numérique.
Leibniz touche à tout, tout le temps, et cette étonnante biographie offre de lui une image bien éloignée du portrait voltairien d'un rationaliste aride perdu dans le monde des idées. Ancré dans son époque, correspondant avec tout ce que l'Europe du début des Lumières compte de princes et de savants, Leibniz est un penseur résolument moderne. En nous plongeant dans la vie de ce célèbre inconnu, Michael Kempe raconte un siècle bouillonnant d'idées et d'innovations scientifiques, qui fait écho à notre temps.
Ayn Rand, née Alisa Rosenbaum en URSS en 1905 et disparue en 1982 à New York, est aux antipodes de la pensée critique européenne : son éthique de l'égoïsme, son culte de la rationalité doublé d'une ode à la liberté, sa pensée capitaliste intransigeante, sa brutalité intellectuelle en font un personnage controversé. Anticonformiste radicale, elle reste aussi une curiosité en Amérique, puisqu'elle parvient tout à la fois à fustiger l'interventionnisme économique de Roosevelt et Kennedy, condamner la guerre au Vietnam, défendre l'avortement, critiquer la religion et tailler en pièces le racisme.
S'il importe de comprendre son oeuvre, c'est au moins à double titre. D'abord pour saisir sa popularité aux États-Unis, où son roman La Grève reste considéré comme un des ouvrages les plus influents après la Bible. Ensuite, pour opérer un droit d'inventaire sur une pensée de l'émancipation qui exalte la confiance en l'individu, acteur de son propre destin. Elle réhabilite ainsi la notion d'héroïsme, à la croisée des idées et d'une passion pour le cinéma qui imprègne toute son oeuvre. Mathilde Berger-Perrin s'essaie avec brio et empathie à ce difficile exercice d'admiration et de distanciation.
A la rencontre de Simone Weil, philosophe, ouvrière, militante et résistante. De la guerre d'Espagne à l'usine, de l'exil à l'engagement au service de la "France libre", un itinéraire ardent et insoumis.
L'auteur mondialement salué du Meilleur des mondes, fable contre-utopique décrivant un univers de contrôle préfigurant le nôtre, n'est pas l'homme d'un seul livre, loin de là. Sa vie très riche et son oeuvre immense, entre fictions et essais, font de lui un des grands témoins du XXe siècle - de ses étrangetés, de ses impasses et de ses paradoxes comme de ses beautés. On le suivra en choisissant six journées emblématiques de son existence : le moment où, enfant, il recouvre la vue après une période traumatique de perte progressive de vision ; sa rencontre en Italie avec l'écrivain D.H.Lawrence ; le succès visionnaire du Meilleur des mondes ; ses expériences avec les substances psychédéliques ; ses recherches sur la philosophie éternelle dans le désert de Californie et sa mort orchestrée comme un dernier trip, le 22 novembre 1963, le jour de l'assassinat de Kennedy.
"L'âme humaine [...] est comparable à ces créatures fabuleuses - la Chimère, Scylla ou Cerbère - qui unissent en un seul corps les formes de plusieurs espèces d'êtres vivants."
Platon (env. 428 - 347 av. J.-C.) fait aujourd'hui figure de mythe. Fondateur de nombreux concepts dont nous sommes les héritiers, il apparaît comme le père de la philosophie moderne. Mais quel homme fut-il ? Remarquable par son physique athlétique et son esprit brillant, cet enfant de l'aristocratie athénienne se destinait à la politique ou aux arts. Sa rencontre avec Socrate bouleverse le cours de son existence. Rejetant dès lors la futilité de ses premiers penchants et condamnant les excès de la vie politique, il se voue corps et âme à la quête de la vérité. De son oeuvre, il nous reste vingt-huit écrits, qui ont traversé vingt-cinq siècles. De son vécu, bien peu de chose.
L'entreprise de Bernard Fauconnier soulève la question des sources : faute de pouvoir apporter une réponse ferme et limpide, l'auteur tente de retracer la ligne d'une vie qui, à bien des égards, fut exemplaire.
Cette première biographie d'André Gorz (1923-2007) parue en 2016 retrace le parcours de l'un des penseurs les plus clairvoyants et innovants de la critique du capitalisme contemporain. Marqué par les pensées de Marx, Husserl, Sartre et Illich, Gorz pose la question fondamentale du sens de la vie et du travail.
Cette première biographie d'André Gorz (1923-2007) retrace le parcours de l'un des penseurs les plus clairvoyants de la critique du capitalisme contemporain. Né Gerhart Hirsch à Vienne, ce " métis inauthentique ", existentialiste, autodidacte, qui pose la question fondamentale du sens de la vie et du travail, explore de nouveaux territoires théoriques. Anticapitaliste, il est très proche de l'extrême gauche italienne et incarne l'esprit de 68. Il est aussi l'un des premiers artisans de l'écologie politique et de la décroissance. Une pensée en mouvement, au service de l'autonomie, du temps libéré, de l'activité créatrice et du bien-vivre. L'intellectuel André Gorz, rédacteur aux
Temps modernes, se double du journaliste qui signe Michel Bosquet dans
L'Express avant de participer à la fondation du
Nouvel Observateur. Cette biographie d'une figure singulière revisite aussi un demi-siècle de vie intellectuelle et politique, un voyage au cours duquel on croise Sartre et Beauvoir, mais aussi Marcuse, Castro, Cohn-Bendit, Illich, Guattari, Negri et bien d'autres. Au-delà de ses poignants récits autobiographiques -
Le Traître (1958) et
Lettre à D. (2006) -, qui témoignent de sa profonde humanité, André Gorz offre une boussole précieuse à tous ceux qui croient qu'un autre monde reste possible.
Nul n'était aussi bien armé que François Dosse pour relever le défi : une histoire panoramique et systématique de l'aventure historique et créatrice des intellectuels français, de la Libération au bicentenaire de la Révolution et à la chute du mur de Berlin.
Son Histoire du structuralisme en deux volumes, son attention à la marche des idées, ses nombreuses biographies (de Michel de Certeau, Paul Ricoeur, Pierre Nora, Cornelius Castoriadis) lui ont donné, depuis vingt ou trente ans, une connaissance assez intime de la vie intellectuelle de la seconde moitié du XXe siècle pour lui permettre de couronner son oeuvre par une tentative de cette envergure.
Le premier volume, 1944-1968, couvre les années Sartre et Beauvoir et leurs contestations, les rapports contrastés avec le communisme, le choc de 1956, la guerre d'Algérie, les débuts du tiers-mondisme, l'irruption du moment gaullien et sa contestation : un temps dominé par l'épreuve de l'histoire, l'influence du communisme et la progressive désillusion qui a suivi.
Le second volume, 1968-1989, va de l'utopie gauchiste, de Soljenitsyne et du combat contre le totalitarisme, à la 'nouvelle philosophie', l'avènement d'une conscience écologique, la désorientation des années 80 : un temps marqué par la crise de l'avenir et qui voit s'installer l'hégémonie des sciences humaines.
Ce ne sont là que quelques-uns des points de repère de cette saga, qui embrasse une des périodes les plus effervescentes et créatrices de l'intelligentsia française, de Sartre à Lévi-Strauss, de Foucault à Lacan.
Le sujet a déjà suscité une énorme bibliographie, mais une fresque de pareille ampleur est appelée à faire date.
Emmanuel Levinas a renouvelé en profondeur la philosophie, qu'il s'agisse de la définition de la subjectivité par la responsabilité, des implications politiques de cette conception du sujet ou de son insistance sur la corporéité, pensée comme vulnérabilité ou associée à une phénoménologie du " vivre de " et des nourritures.
Dans un séminaire qui s'adressait à des étudiants en philosophie et à des soignants, Corine Pelluchon donne les clefs pour comprendre cette œuvre exigeante et communique une expérience de pensée liée à la manière dont la réflexion et le style de Levinas l'ont bouleversée. Elle montre en quel sens il a inspiré ses propres travaux, qui prolongent et parfois discutent ses thèses, soulignant aussi l'actualité de Levinas, y compris lorsqu'on s'intéresse à des sujets sur lesquels il ne s'est pas exprimé, comme la médecine, l'écologie et le rapport aux animaux.
Corine Pelluchon est philosophe et professeur à l'université Gustave-Eiffel. Elle a publié une dizaine d'ouvrages, parmi lesquels Les Nourritures. Philosophie du corps politique (Seuil, 2015, Points, 2020) et Éthique de la considération (Seuil, 2018). Son œuvre a été récompensé en 2020 par le prix de la pensée critique Günther Anders.
Nul n'était aussi bien armé que François Dosse pour relever le défi : une histoire panoramique et systématique de l'aventure historique et créatrice des intellectuels français, de la Libération au bicentenaire de la Révolution et à la chute du mur de Berlin.
Son Histoire du structuralisme en deux volumes, son attention à la marche des idées, ses nombreuses biographies (de Michel de Certeau, Paul Ricoeur, Pierre Nora, Cornelius Castoriadis) lui ont donné, depuis vingt ou trente ans, une connaissance assez intime de la vie intellectuelle de la seconde moitié du XXe siècle pour lui permettre de couronner son oeuvre par une tentative de cette envergure.
Le premier volume, 1944-1968, couvre les années Sartre et Beauvoir et leurs contestations, les rapports contrastés avec le communisme, le choc de 1956, la guerre d'Algérie, les débuts du tiers-mondisme, l'irruption du moment gaullien et sa contestation : un temps dominé par l'épreuve de l'histoire, l'influence du communisme et la progressive désillusion qui a suivi.
Le second volume, 1968-1989, va de l'utopie gauchiste, de Soljenitsyne et du combat contre le totalitarisme, à la 'nouvelle philosophie', l'avènement d'une conscience écologique, la désorientation des années 80 : un temps marqué par la crise de l'avenir et qui voit s'installer l'hégémonie des sciences humaines.
Ce ne sont là que quelques-uns des points de repère de cette saga, qui embrasse une des périodes les plus effervescentes et créatrices de l'intelligentsia française, de Sartre à Lévi-Strauss, de Foucault à Lacan.
Le sujet a déjà suscité une énorme bibliographie, mais une fresque de pareille ampleur est appelée à faire date.
Première biographie consacrée à l'une des plus grandes figures intellectuelles et politiques du XX e siècle, Cornelius Castoriadis (1922-1997), économiste, philosophe, psychanalyste, militant politique, fondateur du mouvement et de la revue " Socialisme ou Barbarie ".
Ce livre est la première biographie consacrée à l'une des plus grandes figures intellectuelles et politiques du XXe siècle : Cornelius Castoriadis (1922-1997). Arrivé en France à l'âge de vingt-trois ans, il a contribué à créer, avec Claude Lefort et Jean-François Lyotard, l'une des branches les plus vivaces de la gauche radicale, " Socialisme ou Barbarie ", qui deviendra ensuite une revue mythique et l'une des grandes influences de Mai 68, notamment par sa critique de gauche des régimes dits " communistes ".
Économiste, philosophe, psychanalyste, militant politique, Castoriadis est l'auteur d'une oeuvre essentielle pour quiconque s'intéresse à la question de l'institution hors du cadre de l'État. Il n'a en effet cessé, en croisant l'analyse historienne et l'approche psychanalytique, de s'attacher à penser la conquête de l'autonomie comme condition de l'approfondissement démocratique.
Fruit d'une enquête menée auprès d'une centaine de témoins, cet ouvrage permet enfin de lever le voile sur cette figure hors norme et trop méconnue, restée marginale jusqu'au bout, mais qui est très certainement appelée, en ces temps de grandes turbulences des souverainetés établies, à devenir l'un des penseurs-clés du XXIe siècle.
L'un était philosophe, l'autre psychanalyste. Les vies et l'oeuvre commune de ces figures majeures de la vie intellectuelle française sont emblématiques de cette période de bouillonnement politique et intellectuel que constituèrent l'avant et l'après-mai 1968. Gilles Deleuze (1925-1995) a enseigné la philosophie à l'université expérimentale de Vincennes. Félix Guattari (1930-1992), militant de gauche aux multiples engagements, était psychanalyste de formation et ancien disciple de Lacan.Les deux hommes se rencontrent en 1969. Ce sera le début d'une complicité amicale, d'une aventure intellectuelle sans guère de précédents. De L'Anti-OEdipe à Qu'est-ce que la philosophie ? en passant par Mille Plateaux, ils produiront une oeuvre à quatre mains exceptionnelle, par son inventivité conceptuelle et la diversité de ses références, le tout au service de leur combat commun contre la psychanalyse et le capitalisme.Dans cette biographie croisée, François Dosse, à partir d'archives inédites et d'une longue enquête auprès de nombreux témoins, met en évidence la logique d'un travail alliant théorie et expérimentation, création de concepts, pensée critique et pratique sociale. Il explore les mystères d'une collaboration unique, qui constitue une page toujours actuelle de notre histoire.
Alors que Napoléon est occupé à faire l'Histoire, que Goethe fait éclore Faust et que Hegel esquisse son système philosophique, Friedrich Hlderlin, le grand poète allemand, sombre dans ce qui est peut-être la folie la plus célèbre de l'histoire de la littérature. Est-ce pour le plaisir de s'infliger un confinement de 36 années qu'Hlderlin vivra en reclus jusqu'à sa mort, locataire d'un charpentier dans une tour surplombant le Neckar ? Sa vie se divise exactement en deux moitiés : 36 ans de 1770 à 1806 et 36 ans de 1807 à 1843. Si dans la première moitié le poète vit dans le monde et participe dans la mesure de ses forces aux événements de son temps, la seconde moitié de son existence se passe entièrement en dehors du monde, comme si un mur le séparait de toute relation avec les événements extérieurs. Pour notre époque qui perd de vue la distinction entre les sphères, la vie d'Hlderlin est la prophétie de quelque chose que son siècle ne pouvait penser sans frôler la folie.
Cette introduction s'adresse aux lecteurs qui veulent forger leur propre jugement, tout en ayant besoin d'un guide facilitant la compréhension des textes originaux. Elle prend comme fil directeur Marx lui-même, c'est-à-dire sa vie, sa trajectoire, indissociablement politique et intellectuelle, afin de mettre en relief un sens critique dévastateur, une pensée ouverte, animée par l'espoir d'une émancipation radicale.
Vaut-il encore la peine de s'intéresser à Marx, un auteur du XIXe siècle ? Plusieurs de ses prophéties furent réfutées, et l'on sait ce qu'il est advenu du socialisme " réellement existant ", se réclamant de lui. Pourtant, nos économies ne sont-elles pas gouvernées par la dynamique du capitalisme et soumises à ses crises ? Les prédictions de la marchandisation de la société et de la mondialisation du marché ne se sont-elles pas vérifiées ? L'aliénation, l'exploitation, les classes sociales ont-elles disparu ? Ce livre invite à lire Marx, certes pour le critiquer et le dépasser, mais sans ignorer tout ce qui demeure indispensable à l'analyse de nos sociétés. Cette introduction veut rendre accessible ce qui reste actuel dans cette oeuvre foisonnante, à la fois philosophique, historique, économique, sociologique, politique... La vie de Marx fut un mouvement incessant d'acquisition de connaissances encyclopédiques, de critique de ces connaissances, d'avancées théoriques, de remises en question, dans un tourbillon toujours relancé par la confrontation à la réalité historique et à l'expérience de longues périodes d'action politique. C'est ce mouvement, animé par l'espoir d'une émancipation radicale de ce qui asservit les hommes, que nous avons voulu restituer, afin que le lecteur y puise de quoi nourrir sa propre réflexion.
Gerard de Vries expose ici avec clarté le cheminement et la logique des travaux que Bruno Latour a menés pendant ces quarante dernières années. Depuis ses premiers écrits sur les sciences et les techniques jusqu'à son anthropologie des Modernes, on suit le développement de ses idées au fil de ses travaux ethnographiques, sans oublier les controverses qu'elles provoquent.
Bruno Latour est un des philosophes contemporains les plus influents. Ses études ethnographiques ont révolutionné notre compréhension des sciences, du droit, de la politique et de la religion. Il nous propose une philosophie et une approche des sciences sociales radicalement nouvelles, fondées sur un point de vue réaliste, matérialiste sur le monde.
Dans ses livres fondateurs, il proposait de renoncer aux vieilles distinctions propres à la pensée " moderne " occidentale - en particulier entre nature et société - au profit d'une nouvelle description du monde dans lequel nous vivons. Elle l'a conduit à accorder une importance considérable à la crise écologique et au rôle des sciences en démocratie.
La " philosophie empirique " de Latour a évolué au fil du temps. Gerard de Vries expose avec clarté le cheminement et la logique de tous les travaux et enquêtes qu'il a menés au cours des quarante dernières années. Il nous guide à travers ses principaux livres depuis ses premiers travaux sur les sciences et les techniques jusqu'à son anthropologie des Modernes (de Pasteur à Gaïa), montrant la façon dont ses idées se sont développées et les controverses qu'elles ont provoquées.
Le présent ouvrage, rédigé par un philosophe germaniste et hébraïsant, expose l'émergence d'un Emmanuel Levinas dans son entièreté, et dont l'idée centrale consiste à présenter le judaïsme, non pas comme une confession, mais comme une authentique catégorie de l'universel. Levinas a mis en avant les sources talmudiques, notamment le Midrash dont il donne de lumineuses interprétations éthico-philosophiques. Il a refusé de reprendre les enseignements des philosophes judéo-allemands du XIXe siècle qui avaient pourtant jeté les fondements du judaïsme moderne et contemporain. Et s'est placé dans le sillage et sous la tutelle bienveillante du penseur qui a réinséré Dieu au coeur même de la spéculation philosophique, Franz Rosenzweig.
L'apport considérable de ce philosophe-herméneute à la pensée de son temps a transcendé les frontières confessionnelles, linguistiques et géographiques. Ni philosophe juif ni Juif philosophe, mais simplement penseur universel attaché au
logos, Levinas pourrait bien résumer le résultat de toutes ses spéculations par cette brève phrase, si récurrente sous sa plume : " Le bien est antérieur à l'être "...
INÉDIT