Durant la Seconde Guerre mondiale, Primo Levi, vingt-quatre ans, juif, lutte aux côtés des maquisards antifascistes du Piémont. Capturé en 1943, il se retrouve peu après à Auschwitz, où il demeurera plus d'un an avant d'être libéré par l'armée russe en janvier 1945. Au camp, il observe tout. Il se souviendra de tout, racontera tout : la promiscuité des blocks-dortoirs, les camarades qu'on y découvre à l'aube, morts de froid et de faim ; les humiliations et le travail quotidiens, sous les coups de trique des kapos; les « sélections » périodiques où l'on sépare les malades des bien-portants pour les envoyer à la mort ; les pendaisons pour l'exemple ; les trains, bourrés de juifs et de tziganes, qu'on dirige dès leur arrivée vers les crématoires... Et pourtant, dans ce récit, la dignité la plus impressionnante ; aucune haine, aucun excès, aucune exploitation des souffrances personnelles, mais une réflexion morale sur la douleur, sublimée en une vision de la vie.
Paru en 1946, « Si c'est un homme » est considéré comme un des livres les plus importants du XXe siècle.
Parce qu'il est familier des grands textes philosophiques, Raphael Enthoven résoud avec une talentueuse sobriété la difficile équation que pose le texte de Primo Levi : comment nommer l'innommable ?
Remerciements à Benoît Peeters, écrivain, pour sa lecture de l'interview de Primo Levi par Philippe Roth.
Avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah
© Éditions Robert Laffont, S.A., Paris, 1996
© et (P) Audiolib, 2015
Couverture : document D.R.
Durée : 7 h 35 min
'Je me souviens qu'elle fut la première personne vivante, intacte, que j'aie vue apparaître, la première qui m'ait fait sentir à quel point ceux qui approchaient de moi, désormais, venaient d'une autre planète - la planète où la vie continue.'
Le 7 janvier 2015, Philippe Lançon était dans les locaux de Charlie Hebdo. Les balles des tueurs l'ont gravement blessé. Sans chercher à expliquer l'attentat, il décrit une existence qui bascule et livre le récit bouleversant d'une reconstruction, lente et lumineuse.
En opposant à la barbarie son humanité humble, Le lambeau nous questionne sur l'irruption de la violence guerrière dans un pays qu'on croyait en paix.
'Il m'aura fallu courir le monde et tomber d'un toit pour saisir que je disposais là, sous mes yeux, dans un pays si proche dont j'ignorais les replis, d'un réseau de chemins campagnards ouverts sur le mystère, baignés de pur silence, miraculeusement vides.
La vie me laissait une chance, il était donc grand temps de traverser la France à pied sur mes chemins noirs.
Là, personne ne vous indique ni comment vous tenir, ni quoi penser, ni même la direction à prendre.'
Sylvain Tesson.
Au milieu des années 80, élevée par une mère divorcée, V. comble par la lecture le vide laissé par un père aux abonnés absents. À treize ans, dans un dîner, elle rencontre G., un écrivain dont elle ignore la réputation sulfureuse. Dès le premier regard, elle est happée par le charisme de cet homme de cinquante ans aux faux airs de bonze, par ses oeillades énamourées et l'attention qu'il lui porte. Plus tard, elle reçoit une lettre où il lui déclare son besoin « impérieux » de la revoir. Omniprésent, passionné, G. parvient à la rassurer : il l'aime et ne lui fera aucun mal. Alors qu'elle vient d'avoir quatorze ans, V. s'offre à lui corps et âme. Les menaces de la brigade des mineurs renforcent cette idylle dangereusement romanesque. Mais la désillusion est terrible quand V. comprend que G. collectionne depuis toujours les amours avec des adolescentes, et pratique le tourisme sexuel dans des pays où les mineurs sont vulnérables. Derrière les apparences flatteuses de l'homme de lettres, se cache un prédateur, couvert par une partie du milieu littéraire. V. tente de s'arracher à l'emprise qu'il exerce sur elle, tandis qu'il s'apprête à raconter leur histoire dans un roman. Après leur rupture, le calvaire continue, car l'écrivain ne cesse de réactiver la souffrance de V. à coup de publications et de harcèlement.
« Depuis tant d'années, mes rêves sont peuplés de meurtres et de vengeance. Jusqu'au jour où la solution se présente enfin, là, sous mes yeux, comme une évidence : prendre le chasseur à son propre piège, l'enfermer dans un livre », écrit-elle en préambule de ce récit libérateur.
Plus de trente ans après les faits, Vanessa Springora livre ce texte fulgurant, d'une sidérante lucidité, écrit dans une langue remarquable. Elle y dépeint un processus de manipulation psychique implacable et l'ambiguïté effrayante dans laquelle est placée la victime consentante, amoureuse. Mais au-delà de son histoire individuelle, elle questionne aussi les dérives d'une époque, et la complaisance d'un milieu aveuglé par le talent et la célébrité.
Trois ans d'investigations, 250 témoins, le courage d'une poignée de lanceurs d'alerte, des dizaines de documents explosifs, plusieurs personnalités impliquées...
Voici une plongée inquiétante dans les secrets du groupe Orpéa, leader mondial des Ehpad et des cliniques. Truffé de révélations spectaculaires, ce récit haletant et émouvant met au jour de multiples dérives et révèle un vaste réseau d'influence, bien loin du dévouement des équipes d'aidants et de soignants, majoritairement attachées au soutien des plus fragiles.
Personnes âgées maltraitées, salariés malmenés, acrobaties comptables, argent public dilapidé... Nous sommes tous concernés.
Victor Castanet est journaliste d'investigation indépendant. Durant trois ans, il a résisté à toutes les pressions pour livrer ce document éprouvant, tirant peu à peu les ficelles d'une incroyable enquête. Au nom de son grand-père.
" La crise. On ne parlait que de ça, mais sans savoir réellement qu'en dire, ni comment en prendre la mesure. Tout donnait l'impression d'un monde en train de s'écrouler. Et pourtant, autour de nous, les choses semblaient toujours à leur place. J'ai décidé de partir dans une ville française où je n'ai aucune attache, pour chercher anonymement du travail... J'ai loué une chambre meublée.
Je ne suis revenue chez moi que deux fois, en coup de vent : j'avais trop à faire là-bas. J'ai conservé mon identité, mon nom, mes papiers, et je me suis inscrite au chômage avec un baccalauréat pour seul bagage. Je suis devenue blonde. Je n'ai plus quitté mes lunettes. Je n'ai touché aucune allocation. Il était convenu que je m'arrêterais le jour où ma recherche aboutirait, c'est-à-dire celui où je décrocherais un CDI. Ce livre raconte ma quête, qui a duré presque six mois, de février à juillet 2009.
J'ai gardé ma chambre meublée. J'y suis retournée cet hiver écrire ce livre. "
Florence Aubenas
Depuis Les Cercueils de zinc et La Supplication, Svetlana Alexievitch est la seule à garder vivante la mémoire de cette tragédie qu'a été l'urss, la seule à écrire la petite histoire d'une grande utopie. Mais elle est avant tout un écrivain, un grand écrivain. Pour ce magnifique requiem, elle invente une forme littéraire polyphonique singulière, qui fait résonner les voix de centaines de témoins brisés.
Nouvelle édition réactualisée (dans sa partie « guide pratique ») et préfacée par Matthieu Ricard de ce texte fondateur à bien des égards de la nouvelle pensée écologique, sobre et respectueuse de la planète tout en étant accueillante et conviviale avec l'ensemble du vivant, humain et non-humain.
Soutiens-gorge rembourrés pour fillettes, obsession de la minceur, banalisation de la chirurgie esthétique, prescription insistante du port de la jupe comme symbole de libération : la " tyrannie du look " affirme aujourd'hui son emprise pour imposer la féminité la plus stéréotypée. Décortiquant presse féminine, discours publicitaires, blogs, séries télévisées, témoignages de mannequins et enquêtes sociologiques, Mona Chollet montre dans ce livre comment les industries du " complexe mode-beauté " travaillent à maintenir, sur un mode insidieux et séduisant, la logique sexiste au coeur de la sphère culturelle.
Sous le prétendu culte de la beauté prospère une haine de soi et de son corps, entretenue par le matraquage de normes inatteignables. Un processus d'auto-dévalorisation qui alimente une anxiété constante au sujet du physique en même temps qu'il condamne les femmes à ne pas savoir exister autrement que par la séduction, les enfermant dans un état de subordination permanente. En ce sens, la question du corps constitue bien la clé d'une avancée des droits des femmes sur tous les autres plans, de la lutte contre les violences à celle contre les inégalités au travail.
La maison, le chez-soi : de ce sujet, on a souvent l'impression qu'il n'y a rien à dire. Pourtant, la maison est aussi une base arrière où l'on peut se protéger, refaire ses forces, se souvenir de ses désirs, résister à l'éparpillement et à la dissolution. Un bel essai, intelligent et sensible, par l'auteure de Beauté fatale.
Le foyer, un lieu de repli frileux où l'on s'avachit devant la télévision en pyjama informe ? Sans doute. Mais aussi, dans une époque dure et désorientée, une base arrière où l'on peut se protéger, refaire ses forces, se souvenir de ses désirs. Dans l'ardeur que l'on met à se blottir chez soi ou à rêver de l'habitation idéale s'exprime ce qu'il nous reste de vitalité, de foi en l'avenir.
Ce livre voudrait montrer la sagesse des casaniers, injustement dénigrés. Mais il explore aussi la façon dont ce monde que l'on croyait fuir revient par la fenêtre. Difficultés à trouver un logement abordable, ou à profiter de son chez-soi dans l'état de " famine temporelle " qui nous caractérise. Ramifications passionnantes de la simple question : " Qui fait le ménage ? " ; persistance du modèle du bonheur familial, alors même que l'on rencontre des modes de vie bien plus inventifs...
Autant de préoccupations à la fois intimes et collectives, passées ici en revue comme on range et nettoie un intérieur empoussiéré : pour tenter d'y voir plus clair et de se sentir mieux.
« Se croire capable de partager cette expérience avec les autres est une entreprise perdue d'avance. » C'est dans la brûlure inapaisable de cette lucidité que Riss, directeur de la rédaction de Charlie Hebdo, entreprend le récit intime et raisonné d'un événement tombé dans le domaine public : l'attaque terroriste du journal le 7 janvier 2015. Tentative sans illusion mais butée de se réapproprier son propre destin, de réhabiter une vie brutalement dépeuplée, ce livre qui confronte la réalité d'une expression galvaudée - « liberté d'expression » - révèle aussi un long compagnonnage avec la mort. Et nous saisit par son très singulier mélange d'humilité et de rage.
L'autrice de Deux petits pas sur le sable mouillé livre un récit lumineux qui aide à vivre avec la douleur.
Le récit tisse avec grâce des scènes vécues et des réflexions qui touchent toujours juste. Anne-Dauphine Julliand évoque ses deux filles, Thaïs et Azylis, mais aussi Loïc, son mari, Gaspard, son fils aîné, et enfin Arthur, le petit dernier. Elle rend hommage à tous les consolants : une soeur qui vous rend dans les bras, une infirmière qui s'assoit sur le bord du lit et prend juste le temps" d'être là ". Elle a le don de ces scènes courtes qu'elle rend inoubliables. Anne-Dauphine Julliand refuse l'idée selon laquelle la douleur doit s'effacer une fois " le travail du deuil " accompli. Pour elle, les pages ne se tournent pas, elles s'ajoutent. La vie se complique, et tout s'entremêle. Elle ne juge pas, donne des clés, apprend à être avec la douleur, la sienne et celle des autres. " Ne me secouez pas, je suis plein de larmes ", écrivait Henri Calet. " Si on ne me touche pas, je meurs ", lui répond Anne-Dauphine Julliand. Plus jamais les lecteurs de ce livre hésiteront à serrer dans leurs bras celui ou celle qui souffre. C'est une déclaration pour le droit de pleurer.
Il y a une Venise de l'évidence et une Venise invisible qui refuse de livrer ses secrets : Celle des églises, jamais ouvertes. Pourquoi sont-elles inaccessibles ? Jean-Paul Kauffmann a essayé de forcer ces portes solidement cadenassées où des oeuvres dorment dans le silence.
« Je marche dans la rue en levant les yeux au ciel. Il paraît que c'est ultra-efficace pour éviter de pleurer. J'inspire à fond. J'écoute battre mon coeur. Je viens d'entrer dans un tunnel immense... C'est le début du grand huit. Il va falloir que je m'accroche.
Longtemps, je n'ai pas voulu voir, pas voulu savoir. J'étais dans le déni et la mauvaise foi. J'ai joué à merveille mon rôle d'actrice lumineuse, pétillante et légère. J'avais une double vie : celle à laquelle je voulais croire, et l'autre, celle que je vivais vraiment... Il m'aura fallu dix ans pour accepter la différence de ma fille. Dix ans de fuite, dix ans de combat. Je ne m'attendais pas à un tel voyage.
Je voudrais aujourd'hui partager ce chemin de rires et de larmes, de colères, de doutes, de joies et d'amour. Parce que, si longue que puisse être la route, si gigantesques que soient les montagnes à franchir, nous avons tous le choix d'être heureux. »
Jamais l'univers carcéral féminin n'avait été dévoilé de si près. Surveillante au Centre pénitentiaire de Rennes, le seul en France exclusivement réservé aux femmes, Marie-Annick Horel nous raconte 37 années de terrain, la confrontation avec la violence permanente mais aussi son immense fierté d'exercer un métier qu'elle juge pourtant être une « zone d'ombre de la République ».
À 21 ans, Marie-Annick Horel est une jeune recrue qui découvre l'univers de la prison et veut se rendre utile. Son goût du contact, elle le cultivera toute sa carrière, cherchant à instaurer des relations plus humaines avec les détenues. Qu'elles soient mères infanticides, braqueuses, tueuses ou trafiquantes, elle ne les juge pas. Toujours à leur écoute, Marie-Annick Horel a voulu témoigner du désespoir et de la solitude de ces longues peines « qui ne se pardonnent jamais » mais aussi de la drogue, des trafics, de l'ultraviolence du quotidien carcéral et des quelques moments de joie. Elle dessine des portraits poignants : de rares femmes parviennent à s'en sortir, d'autres récidivent ou désespèrent...
Avec sa parole franche et vraie, Marie-Annick Horel livre un témoignage inédit sur la réalité d'un métier dévalorisé, encore tabou, exposé à la gestion de crise continue. Elle dénonce le manque de moyens et de formation d'une profession invisible et fait des propositions pour améliorer la réinsertion des condamnées.
" La raison principale de mon épuisement moral, c'était la conscience que mes camarades et moi combattions dans ce pays pour un gouvernement corrompu et détesté par ses propres citoyens, pour un peuple qui avait perdu son droit à la souveraineté, et que nous aidions une armée totalement inapte. J'avais besoin de savoir de quel côté je me battais et quelles valeurs je défendais. "
Liens transgénérationnels, secrets de famille, syndrome d'anniversaire, transmissions des traumatismes et pratique du génosociogramme.
Anne Ancelin Schutzenberger livre dans cet ouvrage, à travers son analyse clinique et sa pratique professionnelle de près d'une vingtaine d'années, une «thérapie transgénérationnelle psychogénéalogique contextuelle».En langage courant, ceci signifie que nous sommes un maillon dans la chaîne des générations et que nous avons parfois, curieusement, à «payer les dettes» du passé de nos aïeux. C'est une sorte de «loyauté invisible» qui nous pousse à répéter, que nous le voulions ou non, que nous le sachions ou pas, des situations agréables ou des événements douloureux. Nous sommes moins libres que nous le croyons, mais nous avons la possibilité de reconquérir notre liberté et de sortir du destin répétitif de notre histoire, en comprenant les liens complexes qui se sont tissés dans notre famille.Ce livre passionnant et truffé d'exemples s'inscrit parmi les toutes récentes recherches en psychothérapie intégrative. Il met particulièrement en évidence les liens transgénérationnels, le syndrome d'anniversaire, le non-dit-secret et sa transformation en un «impensé dévastateur».
Anne Ancelin Schutzenberger, psychothérapeute, groupe-analyste et psychodramatiste de renommée internationale, est professeur émérite des Universités et a été directeur pendant une vingtaine d'années du Laboratoire de psychologie sociale et clinique de l'Université de Nice. Elle a publié Le Psychodrame, Psychogénéalogie, Le plaisir de vivre, Sortir du deuil, chez Payot, et Vouloir guérir chez Desclée de Brouwer.
Un livre remarquable - 28 minutes, Arte
La vie de Corine Sombrun est un roman - La Croix
« Les esprits t'enseigneront », lui avait dit la chamane Enkhetuya au temps de son initiation en Mongolie au début des années 2000. Au cours des deux décennies qui ont suivi l'expérience chamanique s'est muée hors de l'écosystème traditionnel tsaatan en un extraordinaire voyage au coeur de la transe et de son expérimentation scientifique.Se prêtant à toutes les investigations de l'imagerie cérébrale, impliquant tous les domaines de la recherche en neurosciences mais aussi appliquant la transe à la création artistique et poursuivant ses contacts avec les sociétés traditionnelles qui perpétuent une vision holiste du monde, Corine Sombrun n'a de cesse d'élargir le champ perceptif de la connaissance.« Ecrire, c'est aller dans ce périmètre où on n'est plus personne », écrivait Marguerite Duras. La transe et son induction par la seule volonté permet d'atteindre ce lieu du possible et de la joie qui peut reconfigurer toute vie. Le potentiel thérapeutique qui en découle est immense et les implications philosophiques dans la connaissance de soi et le rapport au vivant y sont des pistes aussi précieuses que stimulantes.
De « Journal d'une apprentie chamane » en 2002 aux « Esprits de la steppe » en 2012 , Corine Sombrun a publié tous ses ouvrages aux éditions Albin Michel. Elle a créé en 2019 le Trance Science Research Institute avec une équipe internationale de chercheurs. « Mon initiation chez les chamanes » (2004) a été adapté au cinéma sous le titre « Un monde plus grand ».
« A Auschwitz, j'ai cherché ma mère partout dans le camp des femmes. Je demandais à toutes les Françaises. Je cherchais par date d'arrivée, j'allais voir dans les baraquements. Ma mère était très débrouillarde, très joyeuse. Elle avait une telle force de vie que j'étais certaine de la retrouver. Puis j'ai rencontré une femme qui se souvenait d'elle. C'est toi Julia ? m'a-t-elle demandé. Il paraît que ma mère parlait de moi sans arrêt.
J'espérais que mon père, comme il savait travailler le cuir, serait employé dans un bon commando. Mais quelques jours après notre arrivée, je l'ai croisé sur le chantier du Revier, l'infirmerie des femmes. Il s'était porté volontaire parce qu'il voulait savoir ce qu'il était arrivé à sa femme. Qu'est-ce qu'on peut contre un grand amour ? C'est la dernière fois que je l'ai vu. On m'a dit qu'il avait été envoyé nettoyer le ghetto de Varsovie puis, avec tout son commando, assassiné.
Au camp, pendant l'appel, on soufflait dans le dos de la femme devant nous et on frottait le tissu mince de sa robe. Celle qui était derrière nous faisait pareil. Quand on avait une journée sans travail, on s'asseyait par terre et on se racontait notre enfance. Et puis on chantait. »
Née à Paris en juin 1925, de parents polonais, Julia Wallach a quinze ans quand les Allemands entrent dans Paris, et dix-sept ans quand elle est arrêtée avec son père sur dénonciation d'une voisine, en 1943, puis déportés de Drancy vers Auschwitz-Birkenau... Julia connaît la faim, le froid, les coups, et la marche de la mort à travers la Pologne et l'Allemagne enneigées. Pendant quatre mois, sans plus rien à manger, ils avancent. En avril 1945, avec quelques femmes, Julia trouve encore la force de s'enfuir....
Elle qui a survécu au typhus et aux sélections, aux coups, au froid et à la faim, aux deuils et au chagrin, va pas à pas, reconstruire sa vie, tomber amoureuse et fonder une famille dont les photos magnifiques ornent les murs de cet appartement qu'elle n'a jamais plus quitté. Son livre est le récit d'une longue marche vers la vie, ponctué d'éclats de rire et de colère, drapé, avec une élégance sans faille, dans la force de caractère qui n'a jamais cessé de l'animer.
Héroïne de la condition noire, Harriet Tubman est née esclave en 1820. Audacieuse, impitoyable, très méthodique et astucieuse, elle organisa des fuites massives d'esclaves au sein du réseau clandestin de l'Underground Railroad. Le récit de ses exploits est publié ici pour la première fois en français. Celle qu'on surnomma "la Moïse noire" y revient notamment sur sa propre évasion à l'âge de 29 ans et son rôle d'espionne durant la guerre de Sécession, révélant une femme d'un courage et d'une détermination exceptionnels dans sa lutte contre le racisme et pour la liberté des plus faibles et démunis. Depuis 1990, les États-Unis lui rendent un hommage officiel et national chaque année, le 10 mars, lors du Harriet Tubman Day.
« Il y avait cet énorme chêne près des toilettes des garçons, sur lequel je reproduisais les coups de pied retournés du Chevalier Lumière, pour envoyer un signal aux inconscients qui t'auraient cherché des noises. Il ne pouvait rien t'arriver. Tu avais un frère dans la cour des grands, qui maîtrisait en théorie les rudiments du karaté et qui veillait sur toi. En théorie. Dans la pratique, ta garde rapprochée laissait parfois à désirer. »
Deux frères. L'un, candide, l'autre, rageur.
Leurs parents ont mis au monde la parfaite antithèse.
Quand Thibault fonce, Guillaume calcule.
Si Thibault tombe, Guillaume dissimule.
Prise de risque contre principe de précaution.
L'amour du risque face à l'art de ne jamais perdre.
En 2001, Thibault est diagnostiqué schizophrène. À cela, un Chevalier Lumière ne peut rien.
Sa bascule, il fallait la raconter. Et aussi la culpabilité, les traitements, la honte, les visions, l'amour, les voyages, les rires, la musique et l'espoir. Alors Thibault a accepté de livrer ses folles histoires. Et ses voix se sont unies à celle de son frère.
Contre une maladie qui renferme tous les maux, les clichés, les fardeaux, ils ont livré bataille.
À partir d'une tragédie universelle, ils ont composé un livre où douleur et mélancolie côtoient la plus vibrante tendresse.
« Un récit sans complaisance, une déclaration d'amour fraternel. »
Delphine de Vigan
« Gringe signe un livre bouleversant. » Augustin Trapenard, France Inter
« Un récit explosif ». Laurent Goumarre, France Inter
« Un voyage en littérature, un bel ouvrage littéraire. » Flavie Flament, RTL
« Un livre passionnant, absolument superbe et très poétique. » Marina Carrère d'Encausse, Le Mag de la santé
« Un texte haché et nerveux, chaotique et vibrant. » BFM TV
« Un livre magnifique, sans concession où chemine beaucoup d'amour ». Konbini
À propos de l'auteur
On connaissait Gringe (de son vrai nom Guillaume Tranchant) rappeur, en solo ou en duo avec Orelsan et les Casseurs Flowters, Gringe sur un canapé dans la série Bloqués, Gringe sous un abribus dans le film Comment c'est loin, et acteur, toujours, sous la direction entre autres d'Olivier Marchal ou d'Andréa Bescond. Place à Gringe auteur.
Françoise Hardy est l'une des chanteuses les plus littéraires et iconiques. A la fois auteure et compositrice, elle a réuni dans ce livre attendu toutes les chansons qu'elle a écrites en plus de 55 ans de carrière.
De 1962, année de Tous les garçons et les filles à 2018, année de l'album Personne d'autre, Françoise Hardy pose un miroir le long de son chemin musical. Des textes qu'elle accompagne d'un commentaire, d'une anecdote, d'un souvenir.
Elle raconte les sources de son inspiration, le cadre de son écriture, évoque les personnages qui comme de bonnes fées se sont penchées sur ses textes. L'amour, l'attente, le manque en sont le thème central.
« Depuis longtemps maintenant, je pense qu'il importe davantage d'aimer que d'être aimé., et tant mieux s'il existe une vraie réciprocité « l'amour n'est souvent qu'un immense égoïsme » a écrit le grand écrivain Sandor Marai. »
Dans ce livre où l'on croise des personnalités hors-norme comme Jean-Marie Périer, Etienne Daho, Véronique Sanson, Michel Berger, Serge Gainsbourg et bien-sûr le grand Jacques Dutronc, on rit, on pleure, on se souvient, on s'aime et on danse. Car le ton piquant, sensible alerte, souvent drôle de Françoise Hardy fait de ce recueil totalisant d'une vie un éloge de la vie.
Un livre peut changer une vie.
Romancières, artistes, intellectuelles... Ces figures emblématiques du féminisme ont accepté de confier ici le livre qui les a transformées. La langue est sans détour, leur sincérité, absolue. Avec elles, on relit les incontournables, on découvre des textes méconnus, on se forge en chemin.
Voici, racontées par elles : Virginie Despentes, Audre Lorde, Ysiaka Anam, Nnedi Okorafor, Simone de Beauvoir, Fanny Raoul, Susan Sontag, Françoise d'Eaubonne, Denis Mukwege, Djaïli Amadou Amal, Camille Claudel, Virginia Woolf, Alison Bechdel, Alexandra Kollontaï, Liv Strmquist, Annie Ernaux, Chris Kraus.
En France, on s'avoue rarement alcoolique. Quand on boit on est festif, irrévérent, drôle. Français. Un jour pourtant, Claire arrête de boire. Elle prend conscience que cet alcool, prétendument bon-vivant, est en vérité en train de ronger sa vie. Il noyaute ses journées, altère sa pensée, abîme ses relations. En retraçant son passé, elle découvre à quel point l'alcool a été le pilier de sa construction et de son personnage de femme.
Sans alcool est le journal de son sevrage. Un chemin tortueux, parfois rocambolesque, à travers son intimité. Une quête de libération complexe, dans un pays qui sanctifie le pinard. L'autrice affronte son passé, l'héritage familial, le jugement des autres.
Son récit interroge, au-delà de son expérience. Pourquoi boire est une telle norme sociale ? Alors qu'on lui a toujours vendu la sobriété comme le choix des cons et des culs bénis, elle réalise qu'on l'a sans doute flouée. Être sobre est bien plus subversif qu'elle ne l'imaginait.