Dans une relecture de la parabole du fils prodigue, Marion Muller-Colard explore, plus que son retour, le départ du fils cadet. Non seulement son départ, mais encore la nécessité de cette rupture qui le met au monde plus radicalement qu'une naissance. De la confrontation entre le texte biblique et une analyse subversive de l'âge qualifié d'ingrat jaillissent des voies inédites de souveraineté. Un éloge de toutes nos adolescences, car il n'y a pas d'âge pour « ratifier sa naissance ».
« Cette existence qui a commencé par une vie reçue, qui se finira par une vie reprise, doit bien, un jour ou l'autre, être conquise. Ils fomentent une façon d'être autre chose qu'un débit. Ils fomentent un début. »
Carl Gustav Jung (1875-1961), psychiatre mondialement célèbre et penseur culturel majeur du XXe siècle, fascine nombre de nos contemporains. Beaucoup d'entre eux sont attirés par sa valorisation de la spiritualité comme facteur de guérison psychologique et d'équilibre culturel. Mais quelles étaient ses propres positions en matière religieuse ? En faisant parfois de lui un néopaïen, un adepte des religions orientales, un ésotériste ou un précurseur du New Age, on a oublié le plus élémentaire et le plus évident : Jung était d'origine protestante. Cet ouvrage présente les principales références protestantes de Jung, puis examine la manière dont celui-ci s'est situé par rapport à son héritage confessionnel. Une synthèse structurée et originale, qui permet d'aller au-delà des idées reçues sur la position religieuse du psychiatre de Zurich. À l'aide de données souvent négligées, l'auteur revisite les méandres d'un itinéraire biographique hors du commun, et approfondit la portée d'une oeuvre qui met plus que jamais en question nos sociétés matérialistes et désenchantées.
Voici une fresque passionnante qui retrace l'histoire des Africains-Américains sous un angle inédit. Lorsque les Africains déportés dans le Nouveau-Monde découvrent la religion des esclavagistes, ils s'en emparent pour leur renvoyer un tout autre message: un message de dignité, d'égalité et de liberté. Ils bâtissent alors une Église tout à fait singulière, au carrefour de leur lecture de la Bible et de leurs propres héritages spirituels et religieux.
Depuis lors, l'Église noire est restée un centre de gravité spirituel, culturel, politique et social pour le peuple africain-américain. Elle fut une ressource décisive de résistance à la suprématie blanche et de mobilisation en vue de l'émancipation et de l'égalité des droits. Elle fut aussi un incubateur de talents musicaux et oratoires qui forgeront la culture noire, se répercuteront dans la société américaine et rayonneront dans le monde. Depuis sa fondation, elle est un creuset où la communauté noire travaille les problèmes personnels, sociaux et politiques qui la taraudent.
Pourtant, aujourd'hui, l'Église noire s'interroge sur sa place dans la société. Henry Louis Gates, Jr., qui connut la ségrégation dans son enfance, brosse un tableau de plus de cinq siècles, depuis la trouble rencontre entre le christianisme et la traite transatlantique jusqu'à la situation politique actuelle.
Antijudaïsme de David Nirenberg est sans doute l'une des plus importantes contributions à l'histoire des idées de ces dernières années. À travers la question de l'antijudaïsme, c'est en effet la structure même de la pensée occidentale qu'explore cet ouvrage,
de manière savante et accessible. La notion de judaïsme, ici, ne désigne pas simplement une religion : elle est envisagée comme une composante centrale de l'histoire des idées en Occident, autour de laquelle se développe, depuis l'Antiquité, une réflexion critique, et sinistre, sur le monde.
Outre l'histoire des attitudes hostiles à l'égard des Juifs, ce livre examine l'évolution d'un motif constant, depuis les premiers théologiens chrétiens jusqu'aux philosophes modernes. Nirenberg montre comment ce motif traverse les siècles, en ne cessant de se réarticuler en fonction de nouveaux enjeux sociaux, politiques ou religieux.
Pasteur récemment retraité, Antoine Nouis raconte ici l'essentiel de sa foi à l'adresse de ses enfants dont la plupart sont aujourd'hui éloignés de l'Église. Si l'auteur partage avec eux un regard critique envers l'institution, il dit aussi la richesse foisonnante et toujours inspirante de la Parole qui la fonde. Ému de les voir devenus adultes, confrontés à des défis bien connus comme la parentalité ou inédits comme la crise écologique, le pasteur récapitule ses propres ressources dans l'espoir qu'elles puissent leur servir d'appui. C'est à la fois une parole pastorale et personnelle qui se déploie dans cette lettre, traçant sur la carte de la vie un chemin d'espérance, jalonné de beaux points de vue sur la liberté, l'amour, la grâce... et la mort.
"Vous vous souvenez peut-être que sur mon bureau, j'ai un petit morceau de bois que j'ai acheté un jour dans un monastère sur lequel est écrit : « Ma grâce te suffit ! » De l'autre côté de ce morceau, j'ai écrit : « Tais-toi et rame ! » Selon les jours je m'appuie sur l'une ou l'autre de ces paroles."
Le végétal bénéficie d'un regain d'intérêt, du fait de la conscience nouvelle de la fragilité des conditions de vie sur terre. Les plantes sont pourvoyeuses de vie, et on découvre en outre qu'elles perçoivent et communiquent bien plus que leur apparent mutisme ne le laissait penser. Aussi expérimentons-nous tous, de façon plus ou moins consciente, que les plantes représentent une manifestation accessible de la grâce, et les jardins une occasion de la vivre.
Dès lors, la théologie est conviée elle aussi à revoir la hiérarchie des thèmes qu'elle travaille et à accorder aux plantes l'intérêt qu'elles méritent dans l'interprétation du monde, de la vie et de l'humain. À partir d'initiatives de terrain et de relectures théologiques, Otto Schaefer fait l'éloge d'une forme de vie radicalement « autre », mais reflet de l'humain et transparence du divin. À sa lecture, la plante donne un second souffle à ce mot un peu vieilli et pourtant irremplaçable qu'est la grâce.
Caïn est tristement célèbre pour avoir commis le premier meurtre de l'humanité. Un fratricide, de surcroît. Est-ce pour autant qu'il n'a rien à nous enseigner ? Et que faisons-nous de la question fondamentale qu'il nous laisse en héritage : « Suis-je le gardien de mon frère ? »
Dans une lecture originale et inspirante du récit tragique de la Genèse, Béatrice Surchat nous amène à changer de regard sur cet antihéros biblique, faisant de lui le premier apprenti de la responsabilité. Alors que ses parents, Adam et Ève, avaient reçu un ordre clair auquel ils ont pourtant désobéi, aucune injonction n'a été adressée à leur fils aîné. Sa grandeur, par-delà son acte, est de s'approprier une exigence éthique dont il ignorait tout.
Cette relecture du célèbre récit de la Genèse nous invite à suivre Caïn pas à pas sur la voie de la responsabilité. Car s'il est facile de le condamner pour le meurtre d'Abel, sommes-nous aujourd'hui capables de répondre mieux que lui de la vie de nos frères ?
Partant sur les traces d'un vieux berger dont la rencontre a marqué sa vie, l'auteur nous engage à danser par-dessus la faille qui nous sépare du monde depuis que le langage, l'école et les groupes humains nous ont laissé entendre que nous n'en faisions pas tout à fait partie. En quête d'un état d'enfance où l'on ne se pose pas la question de soi et où l'être est parfaitement continu d'avec tout ce qu'il perçoit, Jean Prod'hom, en poète et en philosophe, revisite les âges de la vie et suture cette césure au fil d'une grande randonnée initiatique. On en ressort comme au sommet de sa vie: réconcilié avec soi-même, remis au monde par le souffle poétique d'un homme nomade et enraciné.
"Parfois, sans crier gare, en des lieux et des temps incertains, quelque chose s'ébrouait et redonnait au présent son origine et son axe: c'était une chanson de Riccardo Cocciante sur une terrasse de café ou la longue courbe d'un chemin à double ornière, les cloches un dimanche matin près d'un village qu'on aime, l'odeur entêtante de la terre humide ou les parfums du lilas, une maison abandonnée, un vieux crépi ou une flaque d'eau, un nuage."
Dans ce beau texte sous forme d'adresse à sa belle-fille, Antoine Nouis propose de dévoiler les spécificités de la foi protestante, et ce qui la différencie du catholicisme. Il retrace à la fois les principes, l'implantation puis l'histoire du protestantisme en France et son importance, souvent méconnue. Il montre également l'actualité et la pertinence de la foi protestante, ses points de convergence et parfois de divergence avec la foi catholique, et comment les deux traditions peuvent se nourrir l'une de l'autre.
Un texte clair et brillant, qui donne un éclairage inédit sur le protestantisme contemporain.
"Alors ma chère Colette, si tu es heureuse dans ton Église, reste catholique, car ton catholicisme est une richesse et un défi pour le
protestant qu'est mon fils et ton mari. Et moi je resterai protestant en sachant que la meilleure chose qui peut arriver à l'Église catholique, c'est d'avoir en face d'elle une Église protestante dynamique et vigoureuse... et réciproquement."
Dans les années 1970, alors que l'on s'habitue peu à peu à la féminisation du métier de pasteur, certains témoins de ce long tournant s'accordent à reconnaître que les femmes pasteures se révèlent « au moins équivalentes aux pasteurs les moins bons ». Mais pour en arriver là, combien de débats, d'avancées, de régressions et de couleuvres avalées ?
Au-delà du terrain des Églises de Genève et de Vaud sur lequel s'appuie son étude, c'est toute l'histoire du processus d'accès des femmes à un métier d'homme que Lauriane Savoy nous offre à lire comme un roman. Sortant de l'oubli des pionnières courageuses des années 1920, des hommes alliés, des comités de soutien, des opposants acharnés, elle dessine des portraits où l'on reconnaîtra des traits familiers, et des motifs récurrents dont on jugera s'ils relèvent du passé ou non (l'attention portée aux tenues vestimentaires des femmes, à leur situation conjugale, au timbre de leur voix...). L'autrice explore des archives truculentes, donne à entendre la parole de femmes qui ont commencé leur ministère dans les années 1970 et montre les défis auxquels elles ont été confrontées.
Un livre essentiel qui vient compléter avec force et humour la littérature des études genre.
Ce petit volume s'adresse à celles et ceux qui se posent des questions en lisant la Bible, mais ne se contentent pas de réponses toutes faites. Il montre quels outils d'analyse peuvent être utilisés pour mieux comprendre ces textes parfois étonnants ou difficiles.
Chaque chapitre présente une méthode qui permet d'étudier et d'interpréter le contenu de la Bible de manière rationnelle. Il s'agit d'outils classiques en sciences historiques et en analyse littéraire qui ne sont pas seulement utilisés en études bibliques, mais aussi pour d'autres textes anciens : traduction, examen des manuscrits, de la structure, de la datation, du contexte littéraire et historique, de la façon dont les textes ont été interprétés, etc.
Cet ouvrage montre que l'utilisation des sciences humaines pour comprendre les textes bibliques apporte des éclairages utiles pour en appréhender la signification. Chaque technique d'analyse est appliquée à un passage célèbre de la Bible et répond à une question qui se pose à son propos. d sir lui rendre hommage. Homme de conviction et d'engagement,
La croix du Golgotha: dans la vie de Jésus, c'est l'événement dont l'historicité est réputée la plus fiable et le sens le plus énigmatique. Qu'un homme meure fait partie de sa condition, dès la naissance. Que le «Fils de Dieu» trépasse constitue un désaveu de la toute-puissance divine.
Cette tension accompagne toute l'histoire du christianisme: depuis les origines, les croyants en Jésus ont tenu ensemble la factualité de cette mort en croix, châtiment antique particulièrement cruel, et la nécessité d'en comprendre le sens.
C'est ce saisissant travail d'interprétation que le présent volume collectif, fruit d'un cours public, retrace. Esquissant un parcours de l'apôtre Paul au Coran, en passant par l'Évangile de Pierre ou encore les Actes de Pilate, il s'ouvre sur la réception de la crucifixion au diapason des enjeux écologiques contemporains.
Avec les contributions de Frédéric Amsler (éd.), Simon Butticaz (éd.), Andreas Dettwiler, Christiane Furrer, Éric Junod, Daniel Marguerat et Sarah Stewart-Kroeker.
Henry Mottu fut objecteur de conscience dans les années 1960. Il fit six mois de prison ferme dans l'ancienne prison de Saint-Antoine à Genève. En effet, les objecteurs en Suisse à cette époque étaient présentés aux tribunaux militaires qui décidaient d'une
peine allant jusqu'à la prison. Le service civil n'existait pas encore et ne sera introduit qu'en 1996.
Dans cet essai très personnel, il rend compte de son engagement pacifiste, mais il défend maintenant une position plus nuancée, incluant, si les circonstances le demandent, la résistance armée contre les tyrans.
Il s'inspire alors, dans son cheminement biblique et réflexif, de la pensée de Karl Barth et de Dietrich Bonhoeffer, qui furent ses maîtres en théologie.
Dieu a-t-il jamais été évident? Si sa présence est souvent remise en cause dans l'actualité du monde et de la pensée, on imagine volontiers que les textes bibliques la défendent inconditionnellement: après tout, ne sont-ils pas les témoins de cette conviction inébranlable que Dieu est partout présent et agissant, que sa providence colle à chaque page?
Il est pourtant des textes, au sein même du corpus biblique, qui résistent à cette évidence-là. Leur lecture actuelle rejoint nos questions, nos doutes et nos inquiétudes spirituelles. Mais ils sont aussi témoins que Dieu ne fut peut-être jamais une pleine évidence, en aucune époque, et pas même en celles qui ont vu naître, bout à bout, le monument biblique.
Se pourrait-il que, contre toute idée reçue, les textes bibliques interrogent, alors comme aujourd'hui, ce qu'il reste de Dieu dans l'expérience humaine, lorsque celle-ci bute sur l'absurde ou l'éclipse du sens ? Voilà les chemins en friche que ces vagabondages bibliques se proposent d'explorer.on de ses 65 ans, des amis de Michel Deneken
Près d'un demi-siècle après sa mort le 10 décembre 1968, Karl Barth, l'une des plus grandes voix de la théologie chrétienne au siècle dernier, fascine et rebute toujours et encore. Son oeuvre si vaste donne le tournis et a de quoi effrayer toute personne qui cherche une porte d'entrée. Comment accéder à cette figure et à cette pensée toujours en mouvement? Christiane Tietz propose la piste biographique, avec une grande maestria et sans passer sous silence les zones d'ombre du pasteur et professeur bâlois, notamment son « ménage à trois » durant les dernières décennies de sa vie.
Suivre l'existence et la réflexion du théologien devient alors à la fois aisé et passionnant. À celles et ceux qui se demandent comment faire de la théologie après les grands cataclysmes du XXe siècle et au moment où les institutions ecclésiastiques s'inquiètent de leur avenir, Karl Barth n'apporte pas de solution toute faite, mais indique comment continuer de chercher à comprendre l'Évangile au milieu de très graves crises. Faire de la théologie, c'est tout à la fois s'ériger contre tout ce qui défigure l'être humain, et c'est aussi, plus fondamentalement encore, s'orienter toujours à nouveau vers le «oui» de Dieu vis-à-vis du monde et de l'humanité.
L'ouvrage est consacré à la relation de l'Israël ancien à ses voisins au cours du Ier millénaire av. J.-C. Il dévoile combien nombreux et surprenants sont les textes de l'Ancien Testament qui décrivent un rapport positif d'Israël aux peuples voisins à cette haute époque. L'étude de ces passages met en lumière l'effort d'interprétation considérable qu'ils contiennent pour reconnaître les autres peuples, justifier leur altérité, et les aimer. Ainsi, l'Ancien Testament dans sa réflexion interne fait lentement glisser l'image de l'Israël ancien d'une singularité d'opposition vers une spécificité d'intégration et de reconnaissance pour ses voisins, leur exprimant une gratitude rarement mise au jour dans une lecture biblique.
Ce travail sur la mémoire et les vieilles traditions douloureuses d'Israël et de Juda met en évidence la nécessité de réinterpréter l'histoire, afin de donner sens et perspective au présent. En montrant comment l'image de l'Ancien Israël se transforme dans l'Ancien Testament, l'ouvrage invite à sortir des archives ces vieux textes et à les actualiser comme une voie de reconstruction. Cette étude fournie et accessible permet d'aborder autrement les circonstances tragiques de l'histoire, et de vivre différemment l'absolu de la relation au divin.
En plus des quatre évangiles bibliques, il existe de nombreux textes sur Jésus écrits au début du christianisme qui n'ont pas trouvé leur place dans la Bible. En particulier les Évangiles de l'enfance, qui ont marqué durablement la piété chrétienne liturgie, traditions festives, représentations picturales. D'autres textes, comme l'Évangile de Thomas, n'ont été redécouverts qu'au XXe siècle. Jens Schrter décrit les écrits apocryphes les plus importants sur Jésus, éclaire leur relation avec les évangiles canoniques et explique leur signification pour l'histoire du christianisme.
Un coeur sans rempart est une invitation poétique à vivre l'expérience quotidienne de la méditation chrétienne. À tous petits pas sont abordées les principales étapes que traverse habituellement celui qui désire donner ainsi corps à sa vie spirituelle. En proposant de courts textes magnifiquement écrits et délaissant volontairement le vocabulaire religieux « traditionnel », Marie-Laure Choplin nous offre un splendide voyage spirituel qui atteint le lecteur au coeur.
Les dernières décennies du XVIe siècle furent incontestablement le théâtre de cruautés et d'exactions innombrables suscitées par l'explosion d'une haine confessionnelle exacerbée. Mais la France des guerres civiles a aussi été la scène de profonds bouleversements qui ont affecté durablement la manière de penser et de vivre la diversité confessionnelle, l'évolution des théories et des pratiques politiques et jusqu'à l'appréhension d'une chrétienté devenue bipolaire, au coeur de laquelle les considérations religieuses ont parfois fini par transcender les intérêts purement nationaux.
En s'affranchissant du récit chronologique traditionnel, où s'enchevêtre, de manière souvent inextricable, une litanie presque interminable d'événements qui fait écran aux véritables enjeux de cette période infiniment complexe, ce livre adopte une approche différente afin d'éclairer les guerres civiles qui ont déchiré la France pendant près d'un demi-siècle.
Au fil d'une démarche sélective et thématique, il met en lumière les forces convergentes ou divergentes qui ont structuré le scénario d'un affrontement au cours duquel se sont inlassablement croisés engagement religieux et combat politique, défense de la foi et lutte pour le pouvoir. En quelques chapitres, sans avoir la prétention de tout dire, il déplace le curseur traditionnellement adopté par les historiens afin d'offrir un autre regard sur ces «guerres de religion».
Ce dossier de l'Encyclopédie du protestantisme, dans une présentation revue et rajeunie par Pierre Gisel, est d'une actualité déconcertante! Alors que nous vivons une période où le futur est saturé d'angoisse et d'incertitudes, comment aborder le thème de l'utopie? Plus encore, comment penser l'utopie pour qu'elle ne soit pas une fuite, une rêverie sans suite, mais bien une réserve d'espérance raisonnable? C'est à cette question que répond le grand théologien Ju rgen Moltmann, avec clarté et rigueur.
Un texte inspirant qui fait comprendre avec pédagogie ce qu'est l'utopie et ce qu'elle n'est pas, pour «maintenir ouvert le champ du possible» (Paul Ricoeur).
Aux confins de l'inconscient et de la transcendance, Dominique Gauch retrace dans une écriture vibrante et sensible l'itinéraire d'une femme inquiète de vivre.
C'est à partir de ces confins que l'auteure dessine une voie étroite et sûre pour transformer l'angoisse en énigme. Tandis que l'enfant blessé, piégé dans ses peurs, réclame et nous entrave, n'y a-t-il pas à délivrer l'enfant poète porté par l'intuition, échappant aux écoles et aux dogmes ?
Avec lui, les questions existentielles qui nous ont d'abord écrasés deviennent nos guides, nos alliées. L'enfant qui parle en nous participe à nous remettre au monde avec « une foi injustifiable qui ne rend pas la vie facile mais rend la vie à la vie ».
Une lecture qui nous rappelle que la vie psychique, tout comme ce qu'on appelle Dieu, débordera toujours des théories dans lesquelles nous les enfermons.
Dans ce recueil de courts textes, denses et poétiques, Marie-Laure Choplin égrène des situations quotidiennes, des rencontres anodines, des moments en apparence banals ; elle laisse affleurer ses impressions, ses douleurs, ses doutes, ses révoltes, ses joies aussi. Le lecteur parcourt, comme autant d'étapes sur un seul chemin, ce qui fait une vie et ses petits riens. Mais par-delà ces riens, l'auteure nous plonge en réalité dans ce qui constitue le coeur des évangiles : une attention aiguë portée aux choses et aux êtres, un regard sans cesse renouvelé sur le monde, une capacité à se décaler, se mettre en retrait, s'interroger, bref donner à la vie une autre chance, et surtout : s'adosser au message de ce Jésus, à la fois si frêle et si puissant.
Une lecture qui remet la foi déliée de ses artifices au coeur de nos vies.
Les premiers missionnaires débarqués au Brésil sont confrontés à un curieux paradoxe : alors que les Tupimamba acceptent volontiers la doctrine chrétienne et se convertissent, ils ne renoncent pas pour autant à leurs coutumes féroces, au cycle infernal des guerres intertribales, au cannibalisme et à la polygamie. Cette apparente inconstance, cette oscillation entre respect de la nouvelle religion et oubli de sa doctrine, entraîne finalement les Européens à déclarer que les Tupinamba sont fondamentalement sans religion, incapables de croire sérieusement en une quelconque doctrine. Dans cet essai, le célèbre anthropologue brésilien Eduardo Viveiros de Castro, figure tutélaire des études actuelles en ethnologie amazonienne, revisite les sources du XVIe siècle pour restituer les enjeux de cette « inconstance de l'âme sauvage », en laquelle se disputeraient deux manières fondamentalement différentes de penser le monde et la société. Il nous invite à remettre en cause, dans une perspective à la fois historique et anthropologique, le rapport entre culture et religion.
Où se situe ce Royaume de Dieu dont Jésus a tant parlé ? Est-il réservé à la fin des temps, ou au contraire peut-il être saisi, ici et maintenant ? C'est en méditant sur la vie, sur l'amour, sur son travail d'aumônier, sur les textes bibliques que Marie-Laure Choplin explore et révèle, d'une plume pleine de force et de grâce, ces instants où le Royaume prend place en chacun de nous.