Littérature
-
Syrie. Un vieil homme rame à bord d'une barque, seul au milieu d'une immense étendue d'eau. En dessous de lui, sa maison d'enfance, engloutie par le lac el-Assad, né de la construction du barrage de Tabqa, en 1973. Fermant les yeux sur la guerre qui gronde, muni d'un masque et d'un tuba, il plonge - et c'est sa vie entière qu'il revoit, ses enfants au temps où ils n'étaient pas encore partis se battre, Sarah, sa femme folle amoureuse de poésie, la prison, son premier amour, sa soif de liberté.
-
Que se passe-t-il lorsqu'un auteur, qui a beaucoup écrit sur l'enfance, remonte le fil d'argent de sa propre enfance ? Le plus court chemin est un hommage aux proches et la tentative de revisiter avec les mots ce vaste monde d'avant les mots : les êtres, les lieux, les sentiments et les sensations propres à cette époque sur le point de disparaître, les années d'avant la cassure, d'avant l'accélération générale qui suivront la chute du mur de Berlin. Raconter l'existence dans les paysages infinis de la campagne wallonne, dire l'amour et le manque. Car écrire, c'est poursuivre un dialogue avec tout ce qui a cessé d'être visible. Par-delà la nostalgie.
-
« L'accouplement est un cérémonial - s'il ne l'est pas c'est un travail de chien. » Au début des années soixante, un jeune homme est nommé instituteur dans un village du Périgord, le pays des grottes préhistoriques, entre Les Eyzies et Montignac. Dense, tendu, plein de fulgurances et d'emportements le roman fait de cette terre l'espace à vif d'une quête amoureuse. Yvonne, la belle buraliste, porte en elle la brûlure du désir, tout le mystère de la différence des sexes - l'origine du monde.
-
Il y a d'un côté le colosse unijambiste et alcoolique, et tout ce qui va avec : violence conjugale, comportement irrationnel, tragi-comédie du quotidien, un "gros déglingo", dit sa fille, un vrai punk avant l'heure. Il y a de l'autre le lecteur autodidacte de spiritualité orientale, à la sensibilité artistique empêchée, déposant chaque soir un tendre baiser sur le portrait pixelisé de feu son épouse. Mon père, dit sa fille, qu'elle seule semble voir sous les apparences du premier. Il y a enfin une maison, à Carrières-sous-Poissy, et un monde anciennement rural et ouvrier. De cette maison il faut bien faire quelque chose, à la mort de ce père Janus. Capharnaüm invraisemblable, caverne d'Ali-Baba, la maison délabrée devient un réseau infini de signes et de souvenirs pour sa fille, la narratrice, qui décide de trier méthodiquement ses affaires. Et puis, un jour, comme venue du passé et parlant d'outre-tombe, une lettre arrive qui dit toute la vérité sur ce père aimé auquel, malgré la distance sociale, sa fille ressemble tant.
-
En 2012, Thésée quitte "la ville de l'Ouest" et part vers une vie nouvelle pour fuir le souvenir des siens. Il emporte trois cartons d'archives, laisse tout en vrac et s'embarque dans le dernier train de nuit vers l'Est avec ses enfants. Il va, croit-il, vers la lumière, vers une réinvention. Mais très vite, le passé le rattrape. Thésée s'obstine. Il refuse, en moderne, l'enquête à laquelle son corps le contraint, jusqu'à finalement rouvrir "les fenêtres du temps"...
-
Tout le monde n'a pas la chance d'aimer la carpe farcie
Elise Goldberg
- Editions verdier
- 24 Septembre 2023
- 9782378561888
Un grand-père meurt. Une petite-fille récupère son frigo et l'installe dans sa cuisine. La porte à peine ouverte, nous franchissons la frontière de la Pologne juive, et c'est un monde qui se découvre, un monde de foie de volaille, d'«ognonnes», de gefilte fish, la carpe farcie en yiddish. La cuisine ashkénaze n'est peut-être pas la plus sexy, et le yiddish n'a pas toujours été une langue bien normée. Mais ce sont autant de saveurs et de couleurs, de mots et de sonorités, toute une culture et une histoire qu'Élise Goldberg nous restitue ici, dans ce premier livre aussi drôle qu'émouvant. L'histoire familiale, dit la narratrice, est «un récit sans chair, dont ne subsisterait que la colonne, quelques arêtes» une carpe, en quelque sorte, qu'il faut réussir à farcir si on veut l'aimer.
-
« Je suis venu ici pour disparaître, dans ce hameau abandonné et désert dont je suis le seul habitant » : ainsi commence La Petite Lumière. C'est le récit d'un isolement, d'un dégagement mais aussi d'une immersion. Le lecteur, pris dans l'imminence d'une tempête annoncée mais qui tarde à venir, reste suspendu comme par enchantement parmi les éléments déchaînés du paysage qui s'offrent comme le symptôme des maux les plus déchirants de notre monde au moment de sa disparition possible.
L'espace fait signe par cette petite lumière que le narrateur perçoit tous les soirs et dont il décide d'aller chercher la source. Il part en quête de cette lueur et trouve, au terme d'un voyage dans une forêt animée, une petite maison où vit un enfant. Il parvient à établir un dialogue avec lui et une relation s'ébauche dans la correspondance parfaite des deux personnages. Cette correspondance offre au narrateur l'occasion d'un finale inattendu.
La petite lumière sera comme une luciole pour les lecteurs qui croient encore que la littérature est une entreprise dont la portée se mesure dans ses effets sur l'existence. -
Les voilà, encore une fois : Billaud, Carnot, Prieur, Prieur, Couthon, Robespierre, Collot, Barère, Lindet, Saint-Just, Saint-André.Nous connaissons tous le célèbre tableau des Onze où est représenté le Comité de salut public qui, en 1794, instaura le gouvernement révolutionnaire de l'an II et la politique dite de Terreur.Mais qui fut le commanditaire de cette oeuvre ?
À quelles conditions et à quelles fins fut-elle peinte par François-Élie Corentin, le Tiepolo de la Terreur ?
Mêlant fiction et histoire, Michon fait apparaître avec la puissance d'évocation qu'on lui connaît, les personnages de cette « cène révolutionnaire », selon l'expression de Michelet qui, à son tour, devient ici l'un des protagonistes du drame. -
« Écoute, le sol se dérobe, les mots dérapent ; partout, nos appuis s'érodent. Nous vivons « au-dessus » du monde, dans des bulles d'histoires ; ce que nous voyons, au loin, depuis cette hauteur, c'est une Terre abîmée, épuisée. Nous entrons dans un temps vertigineux. Et moi, figure-toi, avec les livres qui m'ont accompagné, j'ai voulu saisir les formes de ce vertige. Comprendre cette guerre, ce combat, et cette blessure, entre les langages humains et les autres formes de la vie... » C.T.
-
Vite, des cabanes. Pas pour s'isoler, vivre de peu, ou tourner le dos à notre monde abîmé?; mais pour braver ce monde, l'habiter autrement : l'élargir.
Marielle Macé les explore, les traverse, en invente à son tour. Cabanes élevées sur les ZAD, les places, les rives, cabanes de pratiques, de pensées, de poèmes. Cabanes bâties dans l'écoute renouvelée de la nature - des oiseaux qui tombent ou des eaux qui débordent -, dans l'élargissement résolu du « parlement des vivants », dans l'imagination d'autres façons de dire nous. -
Dans un pays dont on ignore le nom, où se succèdent des dictateurs qui tentent de le moderniser, une soeur et son frère jumeau vivent à la ferme de leurs parents, au milieu des plaines. Marcio travaille aux champs avec le père, un homme violent, tandis que Léonora s'occupe de la maison avec sa mère. Ils ont douze ans à peine et leur complicité semble totale, leurs jeux interdits irrépressibles. Mais un soir, alors que leurs corps se rapprochent doucement dans le fenil, le père surgit et voit se confirmer ce qu'il a toujours suspecté. Tandis qu'un nouveau coup d'État vient de se produire, les parents décident de séparer les jumeaux. Commence alors un combat long et incertain, celui de la réinvention de soi et de la quête obstinée de liberté. Véritable hymne à la désobéissance, Pense aux pierres sous tes pas est également un cri d'espoir. Et d'amour fou.
-
Sidérer, considérer ; migrants en France, 2017
Marielle Macé
- Editions verdier
- 24 Août 2017
- 9782864329497
Peut-on échapper à ce mélange de colère et de mélancolie et à son effet de paralysie sidérante que suscitent en nous le sort des migrants et le traitement réservé à cette humanité précaire?? S'appuyant sur diverses expériences et sur une analyse nourrie de ses lectures, Marielle Macé tente d'opérer un retournement. Elle oppose à la sidération la considération, qui n'exclut pas la compassion. Tout en approfondissant le sens de ce mot, elle nous invite à risquer d'autres formes d'écriture politique de l'hospitalité.
-
Daily Express, 4 septembre?1945?: «?Personne ne sait encore pourquoi Sonia A., une artiste espagnole de 23 ans, a chuté mortellement de 80 pieds sur le pavé de Queensway, Bayswater. Hier matin, elle a passé un appel téléphonique depuis l'immeuble. Quelques minutes plus tard, elle gisait nue et mourante dans la rue.?»
Quand on a vécu son enfance dans une absolue liberté et que l'entrée dans l'âge adulte ne s'est assortie d'aucun harnais, d'aucune obligation ni désir de servir, de consacrer les bonnes heures du jour au travail, aux soins des enfants ou des animaux, alors la faim de liberté se déplace, elle mute, elle trouve aussitôt d'autres murs à quoi se heurter, d'autres insuffisances?: la société, bien sûr, la liberté qu'on n'a pas d'y faire ceci, d'y être cela, mais aussi la limitation du corps et la limitation de l'esprit.
Poursuivant un désir à quoi rien ne saurait répondre, Sonia amorce un envol qui n'aura pas de fin. -
Atteint du syndrome d'Asperger, l'homme qui se livre ici aime la vérité, la transparence, le scrabble, la logique, les catastrophes aériennes et Sophie Sylvestre, une camarade de lycée jamais revue depuis trente ans. Farouche ennemi des compromis dont s'accommode la socialité ordinaire, il souffre, aux funérailles de sa grand-mère, d'entendre l'officiante exagérer les vertus de la défunte. Parallèlement, il rêve de vivre avec Sophie Sylvestre un amour sans nuages ni faux-semblants, et d'écrire un Traité de criminologie domestique. Par chance, il aime aussi la solitude.
-
Précis de médecine imaginaire
Emmanuel Venet
- Editions verdier
- Littérature française
- 27 Novembre 2012
- 9782864327042
Notre rapport à la médecine dépasse la réalité car cette science nous semble détenir une part de notre destin. De ce diagnostic découle l'évidence d'une « médecine imaginaire ».Si la pratique de cet art, la maladie et ses thérapeutiques cristallisent l'imaginaire de chacun, ces images sont étonnamment hétérogènes : la connaissance s'y mêle avec l'obscur, la raison à la folie. Chacun des noms qu'elles portent appelle ce cortège étrange aussi prompt à provoquer la gravité que le rire d'autant plus juste qu'il est grave.La voix d'Emmanuel Venet prend en charge cet hétéroclite par quoi nous assumons notre sort, et « s'impose la nécessité de rendre à la médecine la part de poésie qu'elle rechigne à assumer ». Alors sa langue résonne comme une évidence. On habite sa fiction comme une réalité qui nous appartient.Il n'est pas question ici de la vérité, mais des vérités de la médecine que ce texte fait vivre en creux, avec jubilation, pour notre grande guérison.
-
Ce roman en vers est la chronique d'un séjour au pays des morts, sur les modèles de Virgile et de Dante, un voyage intime et sensible à travers un tissu d'oeuvres picturales et littéraires. Mais toute quête des origines n'est que vanité destinée à la satisfaction des vivants. Il faut savoir laisser les morts tranquilles...
-
« J'avais prolongé mon séjour à Veracruz tant qu'elle avait été là - je l'aurais prolongé jusqu'à la fin du monde, s'il n'avait tenu qu'à moi. Maintenant qu'elle avait disparu, je le prolongeais dans l'espoir de la retrouver, ou au moins d'apprendre quelque chose sur les raisons de sa disparition.
Un jour, un pli me parvint à l'hôtel, expédié par la poste, ne comportant aucune indication de provenance, aucun mot d'accompagnement. Il contenait les quatre récits, brefs et terribles, qu'on va lire. » -
Léonard et Machiavel
Patrick Boucheron
- Editions verdier
- Littérature française
- 27 Novembre 2012
- 9782864327035
La scène se passe à Urbino, au palais ducal, à la fin du mois de juin 1502. Dans l'effet de souffle des guerres d'Italie, les petits États tremblent sur leur base ; ils seront à qui s'en emparera hardiment. Insolent et véloce comme la fortune, César Borgia est de ceux-là.Le fils du pape donne audience à deux visiteurs. Le premier est un vieux maître que l'on nomme Léonard de Vinci, le second un jeune secrétaire de la Chancellerie florentine du nom de Nicolas Machiavel.De 1502 à 1504, ils ont parcouru les chemins de Romagne, inspecté des forteresses en Toscane, projeté d'endiguer le cours de l'Arno. Un même sentiment d'urgence les fit contemporains. Il ne s'agissait pas seulement de l'Italie : c'est le monde qui, pour eux, était sorti de ses gonds.Comment raconter cette histoire, éparpillée en quelques bribes ? Léonard ne dit rien de Machiavel et Machiavel tait jusqu'au nom de Léonard. Entre eux deux coule un fleuve. Indifférent aux efforts des hommes pour en contraindre le cours, il va comme la fortune.Alors il faut le traverser à gué, prenant appui sur ces mots rares et secs jetés dans les archives comme des cailloux sonores.
-
Vie de Joseph Roulin
Pierre Michon
- Editions verdier
- Littérature française
- 8 Novembre 2012
- 9782864327011
"Je voudrais faire des portraits qui un siècle plus tard aux gens d'alors apparussent comme des apparitions" écrivait Van Gogh il y a justement un siècle. Ces portraits, on peut douter qu'ils apparaissent aujourd'hui : comble de la valeur marchande, ils sont aussi peu visibles que les effigies des billets de banque. C'est que Van Gogh, qui accessoirement était peintre aussi, est une affaire en or. Dans cette affaire,il est bien au-delà de son oeuvre maintenant, nulle part.J'ai voulu le voir en deçà de l'oeuvre ; par les yeux de quelqu'un qui ignore ce qu'est une oeuvre, si ce phénomène était encore possible à la fin du siècle dernier ; quelqu'un qui vivait dans un temps et dans un milieu où la mode n'était pas encore que tout le monde comprît la bonne peinture :ce facteur Roulin qui fut l'ami d'un Hollandais pauvre, peintre accessoirement, en Arles en 1888. Et bien sûr je n'y suis pas parvenu. Le mythe est beaucoup plus fort, il absorbe toute tentative de s'en distraire, l'attire dans son orbite et s'en nourrit, ajoutant quelques sous au capital de cette affaire en or, sempiternellement.Cet échec est peut-être réconfortant : il me permet de penser que le facteur Roulin se tient nécessairement devant qui l'évoque à la façon d'une apparition, comme le voulait celui qui le fit exister.
-
Si on veut, c'est Marseille et on l'appelle Mahashima. Legudo, ce sont les Goudes. Et Manosque se dit anosaka. Les collines, en tout cas, n'ont pas beaucoup changé. À Mahashima, longtemps capitale d'un royaume sans importance, Ryoshu mesure son bonheur de vivre heureux dans une ville heureuse. Un matin, il se met tout de même en marche pour aller revoir, non loin, les paysages de son enfance. En suivant le rivage, en gravissant les collines, il se remémore la période de troubles qui a marqué sa jeunesse, puis ce caprice du pouvoir à l'origine de la plus belle saison qu'on ait connue : le déplacement de la capitale, quand Mahashima fut subitement abandonnée par les puissants. L'histoire a peut-être lieu dans le futur, mais on y voit des pans entiers de notre époque, des clans guerriers, comme dans le Japon médiéval, et une lumière qu'on avait oubliée. C'est un monde renversé sans violence, ou presque, et qui retrouve son équilibre en ayant renoncé à durer toujours.
-
L'enfant a cinq ans quand on lui annonce la mort de sa grand-mère. Tout ce qui précède ce premier deuil semble effacé de sa mémoire jusqu'à ce que, devenu jeune homme, il traverse lui-même une maladie grave. Tandis qu'il relit un jour des écrits de Thérèse de Lisieux, se révèle à lui « un coin inconnu de sa grande volière intérieure ». Et c'est dans un dialogue avec la sainte qu'il rassemble les traces du passé : ces émotions enfouies et questions sans réponses, ce délaissement où l'on se croit et que personne ne vient apaiser, ce si humain qui disparaît plus vite que les chairs.
-
Dans le café de ce petit bourg où Jean-Luc et Jean-Claude ont la permission, tous les jeudis, de venir boire un verre (sans alcool), les choses prennent ce jour un tour inhabituel. D'abord, il y a ce jeune gars aux cheveux si blonds, il émerveille les deux amis parce qu'il vient d'Abbeville. Et puis demain c'est vendredi, le jour des soins redoutés par Jean-Luc qui sent en lui quelque chose gronder. Peut-être un écho de la tempête qui vient de balayer tout le canton, mettant en danger les phoques de la baie et pour lesquels Jean-Claude se fait tant de souci. Il suffira d'un rien, un billet de loto qu'on refuse de valider à Jean-Claude, pour que tout se dérègle. Un premier roman plein de tendresse et d'humour où les imaginaires de chacun se heurtent à la férocité banale du réel.
-
À l'orée des années soixante-dix, à Paris, à Rome, à Berlin, les mouvements de contestation nés dans le sillage des manifestations étudiantes de 68 se posent tous peu ou prou en même temps la question du recours à la lutte armée et du passage à la clandestinité. S'ils y répondent par la négative en France, ce n'est pas le cas en Allemagne ni en Italie, mais pour les trois pays s'ouvre une décennie de violence politique ouverte ou larvée qui laissera sur le carreau des dizaines et des dizaines de morts, sans compter ceux qui, restés vivants mais devenus fantômes, s'en sont allés peupler les années quatre-vingt de leurs regrets, leurs dépressions ou leur cynisme. Témoin de cette décennie de rage, d'espoir et de verbe haut, le narrateur s'éveille au désir et à la conscience politique, qui sont tout un, mais quand son tour viendra d'entrer dans le grand jeu du monde, l'espoir de ses aînés se sera fracassé sur les murs de la répression ou dans des impasses meurtrières. Il aura pourtant eu, dans un bref entretemps, loisir de s'adonner aux très profonds bonheurs comme aux grandes détresses de la politique et du corps aux côtés de tous ceux qui, de Berlin à Bologne, de Billancourt à Rome, de Stammheim à Paris, tentèrent de combattre les forces mortifères qui, dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, s'attachèrent à faire de l'Europe le continent à bout de souffle où nous vivons encore.
-
L'intrigue de ce livre commence le 1er janvier 1981 et s'achève le 31 décembre de la même année. Quarante ans après, le narrateur se remémore sa vie d'étudiant cette année-là, ses relations amoureuses hésitantes -dont celle qui lui fit vivre la douche écossaise d'un grand amour - mais aussi les remous causés par l'élection de François Mitterrand. Écrit d'une plume allègre, ce roman entremêle plongées dans la mémoire du narrateur et relectures des grands mythes antiques, et dessine par petites touches son thème profond : la construction du récit de soi, constitué d'un bric-à-brac de légendes et de souvenirs, tous plus fallacieux, comiques ou dérisoires les uns que les autres. Qui sommes-nous ? Que savons-nous de nous, en dehors de la fable que nous nous racontons ? Est-il possible de se rencontrer hors des illusions du langage ?