Que demandent ces paysans insoumis de la fin du Moyen Âge, qui s'insurgent autant contre les seigneurs que contre le clergé ? Un bouleversement social et spirituel. Le peuple n'en peut plus d'être malmené, accablé par les impôts, les taxes, le servage et le clergé qui spécule autant sur les céréales que sur les âmes. La guerre des paysans incarne une formidable et singulière révolution populaire qui chambarde les esprits autant que les corps.
« Sepp sortit un morceau de tissu bleu d'environ deux aunes et demanda à Gerson s'il accepterait d'y peindre leur emblème. Et que donc échangerez-vous contre cela ? répondit Gerson avec un sourire de connivence. Rien bien sûr ! dit Sepp. Le désir de justice et de liberté n'a pas de prix, et vous le savez bien ! Les deux hommes se prirent gravement dans les bras. Pour la première fois, Gerson l'orphelin sentit qu'il avait un frère. »
Dans ce roman, la langue sonne, elle figure le visage de cette époque à la manière des peintres et des graveurs. Des mots souvent agglutinés comme les êtres, une langue innervée d'oralité, infusée du génie des dialectes à produire des images.
« Un jour, Pingouin décida d'aller se promener. Il descendit la colline bleue jusqu'à l'endroit où le ciel jaune finissait et où commençait le ciel bleu. » Intriguée, la Sorcière suit Pingouin. Elle ne comprend pas pourquoi Pingouin regarde les nuages, pourquoi Pingouin écoute les oiseaux et le vent chanter dans les arbres, pourquoi Pingouin se laisse porter par les eaux de la rivière...
Pingouin et la Sorcière et la saveur d'un jour fait suite à Pingouin et la Sorcière, premiers livres d'une série écrite et illustrée par Michael Knight (trad. Juliette Penblanc/Michael Knight), qui raconte les aventures d'une sorcière et de son ami Pingouin. Des histoires simples, drôles et tendres, et surtout pleines d'humanité et de sagesse. Michael Knight est artiste peintre.
Fin observateur du monde qui l'entoure, Martin se pose beaucoup de questions, aussi, cherchant des explications à tout, élucubrant de savantes ratiocinations, scientifiques, mathématiques, logiques. Le monde de Martin est ainsi clair comme de l'eau de roche - cette même eau vive qui serpente dans le square, et dans laquelle se noient les beaux garçons.
Un livre simple sur des choses compliquées.
« Il était une sorcière qui vivait dans une maison rouge, sur une colline bleue, sous un ciel jaune. Un jour, la sorcière, qui voulait être seule, entendit un bruit. Elle mit un pied dehors et vit alors Pingouin... »
Pingouin et la Sorcière est le premier livre d'une série écrite et illustrée par Michael Knight (trad. Juliette Penblanc/ Michael Knight), qui raconte les aventures d'une sorcière et de son ami Pingouin. Des histoires simples, drôles et tendres, et surtout pleines d'humanité et de sagesse. Michael Knight est artiste peintre.
Un père emmène seul ses deux enfants en vacances. La maison familiale, les enfants la connaissent par coeur, ils y passent tous leurs étés. Il n'y a pas grand-chose à faire là-bas, c'est la campagne. Une année, le père a une idée : ils vont traverser la France en train pour aller au bord de la mer, comme quand il était petit. C'est le début d'une grande aventure.
« Le garçon et la fille comprennent que ce sera un voyage important pour eux aussi, mais ils ne savent pas pourquoi. Ils le sauront plus tard. Le père, lui, le sait sûrement déjà : il n'a pas choisi ce moment par hasard, il sait que chaque moment compte.»
Plongée dans le monde fascinant des jeux de stratégie, Un pur hasard est avant tout l'histoire d'un homme, Paul Hébert, inventeur du jeu de pions, dont les règles s'inspirent des échecs, de l'Othello, des dames, du go et de tant d'autres encore. Mais voilà que ce maître absolu régnant sans partage depuis dix ans sur les 121 cases de son pionnier disparaît, laissant son plus grand admirateur et aussi ami fidèle - dans l'expectative. C'est alors qu'il le convoque dans la chambre d'hôtel où il se terre pour lui exposer les règles du nouveau jeu auquel il s'adonne sans relâche, un jeu où sa santé mentale est en jeu...
L'argent ? Oui, le jeu lui avait permis d'en gagner beaucoup, mais il ne courait pas après. Pas plus après la gloire qu'il trouvait indécente. Il m'avait avoué un jour que le succès le gênait, qu'il trouvait les louanges bien exagérées, et s'étonnait qu'on puisse célébrer un homme qui avait pour seul mérite
Sa maîtrise du jeu de pions était exceptionnelle. Il en avait été l'inspirateur, il en était devenu le maître absolu. En dix ans, personne n'était parvenu à le battre. Mais il ne manquait pas de transmettre sa connaissance et de confier les moindres subtilités du jeu. Il en avait décrit la complexité, partagé les analyses, bâti les théories et les méthodes, et avait favorisé son rayonnement.
Qui ne connaît les Beatles ? Qui n'a jamais fredonné au moins un de leurs titres ? En dix ans seulement d'existence, les Beatles se sont imposés comme le groupe le plus populaire et le plus influent de l'histoire du rock. Par-delà leur musique et leurs expérimentations techniques, ils ont révolutionné la société de leur époque. Leurs chansons continuent d'être jouées et reprises dans le monde entier, et imprègnent encore la culture d'aujourd'hui. Y compris la littérature ! Il faut dire que leurs titres sont marrants et plutôt inspirants pour qui ne manque pas d'imagination : Octopus' Garden, The Fool On The Hill, Why Don't We Do It On The Road, Sitting On A Cornflake Waiting For The Van To Come...
Marlene Tissot s'est amusée à composer sa playlist et nous prouve ainsi que Life is a Beatles' song.
Pédalées propose 21 itinéraires littéraires comme autant d'étapes du Tour du France et de virages de l'Alpe d'Huez. Une Grande Boucle intime de 240 km où les succès font écho aux douleurs, les défaites aux exploits. C'est aussi un hommage amoureux et critique à la petite reine, à ses beautés, à ses ratés, à la folie et aux illusions qu'elle fait naître.
Rouler, c'est...
Un opéra en rafales. Être porté par les lieux, habité par les territoires. Un arpentage sensible. Mettre de l'ordre dans son chaos intime, laisser libre cours à son propre désordre. Une obsession, un truc que l'on fait. Un enchantement, un effondrement, un événement. Devenir meilleur. Trouver son style. Vivre dans « le meilleur des mondes possibles ».
Génial et pénible.
La passerage des décombres prospère dans les terrains vagues et les abords des routes et des chantiers ; des coins plutôt tranquilles où jouer quand on est petit, où traîner quand on grandit, où rêver et se souvenir quand l'autre est parti.
Cet ouvrage a été couronné du prix Livresse 2018
Dix récits, en époques et lieux différents, où tremblent les destins des personnages, où les événements franchissent en transfuges les frontières de l'intérieur et de l'extérieur, où le réel et l'irréel sont poreux, où les vies s'écartent de ce qui semblait être leur trajectoire.
« Il me reste un peu de temps pour glisser
dans d'autres destinées. En route ! »
Prix Boccace 2018
Vingt ans, vingt longues années à se regarder vieillir tandis que demeure intact le souvenir d'Ulysse.
S'emparant de la Pénélope d'Homère, Violaine Bérot comble les lacunes de l'Odyssée à son sujet pour dresser le portrait iconoclaste et sensuel d'une femme fière qui n'admet d'autre loi que celle de son fol espoir dans le retour de l'homme qu'elle aime.
Pénélope, femme éprise et reine, s'obstine. Elle rendra heureux Ulysse. Pas moins que lui.ro
Quoi de plus beau que l'amour d'une mère pour son enfant ? Titou est choyé, dorloté, adoré. Tout pour Titou. Il se sent pourtant complètement démuni face à cette mère trop aimante. Il étouffe, il n'en peut plus, cherche par tous les moyens à la pousser à bout ; qu'elle le lâche un peu, il est grand maintenant. Mais voilà, Titou et sa mère sont liés par un lourd secret, tapi dans le noir, à côté de la machine à laver, derrière la porte : l'autre, l'ahuri. Roman expurgé de toute narration classique,
Tout pour Titou
nous plonge sans ménagement au coeur des pensées intimes de chacun des protagonistes. Une exigence stylistique qui nous contraint à affronter tour à tour leur délire, leur colère, leur désarroi ou leur peur. Implacable et monstrueux, ce court récit n'en est pas moins d'une noirceur éblouissante.
Philippe Annocque s'est appliqué à déchiffrer les cartes postales que son grand-père, Edmond, adressait à ses parents alors qu'il était prisonnier de guerre en Allemagne, de 1916 à 1918. Ses mots d'aujourd'hui - explications, réflexions, exclamations, questions - se mêlent à ceux écrits pour dire, 100 ans plus tôt, le rien des jours qui se succèdent indéfiniment et se ressemblent infiniment. Mais, le rien n'est pas anodin, et le prisonnier de guerre, contraint par la censure, occupe de son écriture resserrée jusqu'à l'illisible l'espace restreint des cartes, pour dire tout simplement qu'il est vivant.
Dans Mon jeune grand-père, l'auteur superpose sa lecture à ce qu'il retranscrit, et cette lecture aussi il la donne à lire.
Pierre Cardin, Maxim's, des noms célèbres, synonymes de luxe, qui font rêver. Cependant, si l'on connaît Pierre Cardin, le couturier de génie et l'homme d'affaires avisé, on sait moins qu'il fut aussi un dénicheur de talents, qui découvrit Gérard Depardieu, Coluche, et tant d'autres ; qu'il finança des spectacles (Václav Havel, Bob Wilson, Peter Handke), des ballets (Beijing Modern Dance Company), des festivals (musique lyrique, théâtre, cinéma), et ce jusqu'à son dernier souffle, avec un enthousiasme, une gourmandise et une fougue inentamés. Gérard Chambre a bien connu Pierre Cardin, qui le nomma directeur du théâtre Maxim's (fermé le lundi aux dîneurs, mais ouvert aux spectateurs). C'est avec humour et tendresse qu'il relate ici une poignée de souvenirs glanés au fil de plus de 50 ans de complicité artistique, pour dresser le portrait inédit d'un Pierre Cardin généreux et exalté, amateur d'art sous toutes ses formes, un brin cabotin et facétieux.
Gérard chambre est un comédien, acteur, metteur en scène, chanteur et compositeur français. En 1967, il fait la connaissance de Pierre Cardin en répondant à une petite annonce pour être mannequin. Les deux hommes se retrouvent quelques années plus tard et ensemble montent des spectacles, d'Alep à Pékin, d'Avignon à New York, de Lacoste à Paris (Espace Cardin, restaurant Maxim's), scellant plus de 50 ans d'une indéfectible amitié, bouillonnante de créativité artistique.
Le manuscrit de Je suis une usine est resté plus de quarante ans dans les papiers d'Yves Le Manach, à tel point qu'il en avait oublié jusque l'existence.
En 1973, son livre Bye Bye Turbin ! paraissait aux éditions Champ Libre, composé de notes et de textes écrits à la fin des années soixante, pour certains sur un coin d'établi, ou dans les chiottes de l'usine Sud Aviation, ou à l'heure du casse-croûte. Il avait quitté l'usine en 1970 pour s'installer à Bruxelles, avec sa compagne. C'est durant cette période qu'il a écrit ses « histoires d'usine », rue du Châtelain...
L'usine évoque abondamment, il est vrai, les violences et les frustrations trop longtemps contenues par ses « élus », tous les jours, tous les mois, toute la vie. Suffisamment pour expliquer que certains ne conçoivent d'autre liberté que l'irréparable. Ni d'autre échappatoire au monstre concentrationnaire que le monstrueux : « On ne s'étonnera pas si un jour les rêves nourris au plus secret d'eux-mêmes, rêves de violence, de mort,
de vengeance, d'amour et de totalité, viennent éclater dans la réalité. », nous prévient-elle.
Stéphane Prat
Imaginons une société soumise à la peur - ici, celle née d'un chômage de masse, mais, sans doute, d'autres peurs peuvent aboutir au même résultat. Une société où la question de la sécurité en vient à saturer l'espace social. Or, étant toujours sujette à des failles, la sécurité est à renforcer, encore et toujours. Marc et Cécile reçoivent une lettre les informant qu'une annexe du commissariat va s'installer dans leur sous-sol. Marc est pleutre, c'est Cécile qui se rebelle contre le grignotage de leur vie privée, refuse le rôle d'épouse soumise aux décisions de son mari (qui sont des non-décisions, puisqu'il accepte tout) et s'interroge, à mesure que le fossé se creuse entre eux, sur ce qui les lie.
Pourquoi donc s'opposer au renforcement de l'arsenal protecteur ? Sauf, bien sûr, à avoir soi-même quelque chose à se reprocher... On devient vite suspect aux yeux des tenants de l'ordre mais, chose plus intéressante, y compris à ses propres yeux. C'est cette expérience que Cécile raconte, entre rébellion et acceptation. À mesure que la pression s'accentue autour d'elle (à cause de son mari, de son chef de bureau, des policiers), à chaque fois qu'elle refuse de se soumettre à une nouvelle mesure prise par Massard, c'est qu'elle a déjà intégré la précédente.
C'est une lettre que j'ai imaginée pendant des années sans jamais oser l'écrire - comme toutes ces lettres inachevées dont on se persuade que, une fois envoyées, elles solderaient tous les comptes passés. Le repas avec mes parents et la marche sous le ciel d'avril m'ont enfin décidé. C'est une chance à saisir. La dernière chance. Une lettre pour cet adolescent que j'ai croisé il y a près de trente ans et dont la photo, pour une raison qui me reste inconnue, a eu longtemps sa place dans l'album familial. J'avais six ans. J'ignore son nom. J'ignore son âge. Il était pubère. Je ne l'étais pas.
Oublier ? Pardonner ? Surmonter ? Refouler ? Que peut faire Camille, avec deux « l » et un « e » - deuzéleu -, devenu adulte, pour survivre à ce qu'il s'est passé chez les B. ? Écrivain, il choisit d'écrire, pour témoigner. Sans rien épargner, sans rien excuser. Pour enfin être entendu de ceux qui ne l'ont pas écouté.
Quarante-quatre ans après Dachau décède le grand-père de Céline Didier, Hippolyte. Elle a alors 12 1/2 ans. Elle en a 44 quand elle prend la plume et se plonge dans les souvenirs de résistant et de déporté d'Hippolyte. Ses souvenirs, il ne les a pas racontés, il les avait précieusement consignés dans un petit cahier qu'il a tenu secret et que Céline Didier découvre longtemps après. Vient alors le moment où elle est poussée par l'envie et la nécessité de remplir le devoir de mémoire que ses mots implorent. Et elle exauce son voeu à sa façon : introspective, intime et poétique.
Par le geste inconscient d'un camarade de classe, Pascal, cinq ans, perd un oeil. « OEil-de-lynx vient de naître, avec qui il va devoir s'efforcer de vivre en bonne entente. » Dix ans plus tard, Pascal cale son oeil valide derrière l'oculaire d'une lunette astronomique. Les étoiles, c'est sa passion avouée, et Sarah son amour secret. Une histoire courte qui finit mal, forcément.
Pas d'envolée lyrique, mais un vocabulaire ajusté, tendu avec rigueur, polissant une oeuvre forte et sensible à la fois.
Quentin voit sa vie basculer le jour où il tombe amoureux d'une jeune fille de sa classe qui lui annonce tout de go qu'elle est atteinte d'un cancer.
La grogne des copains qui se sentent trahis, le conflit familial qui sourd et gronde à la maison, le chat du Vieux, les gâteaux de la Vieille, et Lilly, si vive, si belle et si mourante.
Philippe Vourch ne raconte pas une histoire d'enfance, il raconte l'enfance. Avec drôlerie et émotion, avec justesse et sensibilité, avec surtout beaucoup de talent.
Poussière, rideaux élimés et ternis sont les compagnons silencieux de monsieur Arroyo.
Monsieur Arroyo qui ne peut fermer l'oeil.
Monsieur Arroyo qui attend et se prépare.
Car il sait.
Il sait que la tempête arrive.
Lorsqu'il a étranglé la fille, elle se trouvait juchée sur sa table, jupe retroussée, cuisses écartées. A-t-on idée de grimper sur sa table quand on est élève à l'institution de la Mère-Dieu ? Ici, c'est genoux serrés et bouche cousue (ça devrait l'être, c'était comme ça, avant).
Il s'en passe de drôles de choses dans l'enceinte de l'institution de la Mère- Dieu. Heureusement, l'ange gardien est là, qui veille sur tout le monde. Son grand ooeuvre, tout compte fait, n'est peut-être pas de peindre des Christs...
Raymond Penblanc nous régale une fois de plus de sa prose affûtée, et nous offre en prime le sourire de L'Ange.
Né d'un père juif et d'une mère non juive, j'étais, enfant, considéré comme juif par les non-Juifs, car je porte un nom juif, et non-juif par les Juifs : la religion juive se transmet par la mère. C'est sans doute pour mettre fin à cette contradiction que mon père a souhaité que je sois converti au judaïsme.
Avec sincérité et humour, Benjamin Taïeb raconte en détail son immersion dans le judaïsme, afin de mieux nous faire comprendre ce qui, aujourd'hui, motive son choix d'en sortir. Fort réjouissant, cet ouvrage n'en est pas moins instructif et documenté.
Maurizio a quitté son village sarde pour les beaux yeux d'une touriste francaise, et voila` que l'ideÅLe le prend de rentrer au pays pour ouvrir une librairie ! Aidé de Giacomo, son ami d'enfance, avec qui il a correspondu toutes ces années d'exil, Maurizio,
« un homme sans histoire, sans bruit, dans un pays où l'on crie pour se dire bonjour »
va devoir affronter la rancune tenace et la redoutable défiance de ses compatriotes.