Le film No Shooting Stars [Il n'y aura pas d'étoiles filantes] de Basim Magdy est construit autour du récit personnel d'un habitant non identifié de l'espace océanique - territoire endormi aux marges de notre conscience et oublié des livres d'histoire. Des images, que l'on croirait tirées d'un rêve, vont à la dérive, entrent en dissonance avec un récit dont il n'existe ni début ni fin. Le film se déploie comme un poème sensible aux secrets de l'océan, mais qui garde le secret sur l'identité de cet habitant des profondeurs, préférant sinuer dans les méandres de l'imagination. L'image du narrateur s'évanouit à peine a-t-elle pris forme, en adéquation avec la mobilité et l'instabilité de l'univers aquatique.
Le présent livre déroule les réflexions qui entourent cette oeuvre à travers un entretien de l'artiste avec Heidi Ballet. En écho au projet de Basim Magdy, le texte de Kate Sutton nous conte les mystères de l'eau et de l'atoll de Palmyra, situé dans l'océan Pacifique.
Avec l'oeuvre vidéo Weather Forecast [Prévisions météo] Guan Xiao met en lumière les évolutions d'une personne au cours d'un voyage qui s'apparentent aux fluctuations de la météo. L'artiste se demande également quelles sont les conditions nécessaires au changement du voyageur : faut-il être mobile pour évoluer, ou la sédentarité suffit-elle ?
Le travail de Guan Xiao est axé sur les sens de la vue et de l'ouïe, vecteurs principaux de notre perception du monde. Cet intérêt pour l'expérience sensorielle se traduit dans la nature même de ses installations, qui s'apparentent à des environnements immersifs. Il régit aussi sa façon d'aborder l'image, avec une prédilection pour ce qu'elle véhicule à travers la couleur, la forme et le rythme. Les images que Guan Xiao juxtapose dans ses oeuvres sont recueillies sur Internet et utilisées comme des ready-mades. L'artiste crée des collages qui mêlent le nouveau et l'ancien en traitant sur un même niveau tout ce qui compose le monde : objets, animaux et phénomènes naturels.
En résonance avec son installation vidéo Weather Forecast [Prévisions météo], exprimant la multitude d'impressions nouvelles qui assaillent les voyageurs en les transformant - un processus aussi fluctuant que les caprices de la météo -, le livre propose en trois chapitres une série d'associations d'images se donnant comme des explications visuelles de processus perceptifs. Dans un entretien avec Heidi Ballet, Guan Xiao revient sur sa propre appréhension sensorielle.
La programmation Satellite
Initiée en 2007, la programmation Satellite du Jeu de Paume est dédiée à la création contemporaine. Depuis 2015, le Jeu de Paume et le CAPC musée d'art contemporain de Bordeaux organisent conjointement ce programme d'expositions, assuré dès sa création par des commissaires d'envergure internationale (Fabienne Fulchéri, María Inés Rodríguez, Elena Filipovic, Raimundas Malasauskas, Filipa Oliveira, Mathieu Copeland, Natasa Petresin-Bachelez et Erin Gleeson).
Intitulé « Notre océan, votre horizon », la neuvième édition confiée à Heidi Ballet se propose d'explorer la notion d'identité océanique - un sentiment d'appartenance façonné par une vision du monde tournée vers l'extérieur et axée sur les horizons et au-delà -, en comparaison d'une identité terrestre fondée sur la délimitation d'espaces finis. En réponse à cette proposition, Edgardo Aragón opte pour la cartographie critique, Guan Xiao se penche sur la transformation et le voyage, Patrick Bernier & Olive Martin s'intéressent aux conséquences des traversées maritimes dans l'histoire et Basim Magdy évoque des histoires secrètes de la mer.
Chaque exposition est accompagnée d'une publication imaginée comme une « carte blanche » aux artistes. Conçue dans un dialogue étroit avec un studio graphique renouvelé à l'occasion de chaque édition, cette série d'ouvrages s'offre comme un espace de création autonome au sein de la programmation Satellite.
Dans l'installation vidéo Je suis du bord, Patrick Bernier et Olive Martin proposent au visiteur deux expériences d'immersion. La première est une plongée méditative au sein du mémorial de l'Abolition de l'esclavage à Nantes, lieu de mémoire cher aux artistes, conçu comme la cale d'un navire immobilisé à fleur de Loire. Dans la seconde, le spectateur assiste à la dérive de croisiéristes européens servis par l'équipage international d'un paquebot en Méditerranée.
La vie à bord défile au rythme d'une musique grave, annonciatrice d'on ne sait quelle douce et inéluctable destination. Au fil de ces navigations dans les espaces contigus et perméables de la Maison d'Art Bernard Anthonioz, les artistes nous confrontent à de tenaces antagonismes et aux échos contemporains de l'histoire coloniale.
Le présent livre retrace la genèse de cette oeuvre à travers un entretien des artistes avec Heidi Ballet. En écho au projet de Bernier & Martin, un texte de Kossi Efoui nous fait découvrir un monument nantais méconnu et oublié, la statue d'Henri le Navigateur, installée par la ville en 1986.
Initiée en 2007, la programmation Satellite du Jeu de Paume est dédiée à la création contemporaine. Depuis 2015, le Jeu de Paume et le CAPC musée d'art contemporain de Bordeaux organisent conjointement ce programme d'expositions, assuré dès sa création par des commissaires d'envergure internationale (Fabienne Fulchéri, María Inés Rodríguez, Elena Filipovic, Raimundas Malasauskas, Filipa Oliveira, Mathieu Copeland, Natasa Petresin-Bachelez et Erin Gleeson).
Intitulé « Notre océan, votre horizon », la neuvième édition confiée à Heidi Ballet se propose d'explorer la notion d'identité océanique - un sentiment d'appartenance façonné par une vision du monde tournée vers l'extérieur et axée sur les horizons et au-delà -, en comparaison d'une identité terrestre fondée sur la délimitation d'espaces finis. En réponse à cette proposition, Edgardo Aragón opte pour la cartographie critique, Guan Xiao se penche sur la transformation et le voyage, Patrick Bernier & Olive Martin s'intéressent aux conséquences des traversées maritimes dans l'histoire et Basim Magdy évoque des histoires secrètes de la mer.
Chaque exposition est accompagnée d'une publication imaginée comme une « carte blanche » aux artistes. Conçue dans un dialogue étroit avec un studio graphique renouvelé à l'occasion de chaque édition, cette série d'ouvrages s'offre comme un espace de création autonome au sein de la programmation Satellite.
Constituée d'une vidéo et d'une série de cartes, l'oeuvre d'Edgardo Aragón Mesoamerica : The Hurricane Effect propose une cartographie critique des effets du Projet d'intégration et de développement de la Mésoamérique dans l'État d'Oaxaca au Mexique.
Financé par les États-Unis à hauteur de plusieurs millions de dollars, ce projet est officiellement destiné à combattre la pauvreté mais, en pratique, il profite plutôt à des sociétés étrangères et favorise une corruption endémique.
Ce livre retrace la genèse de l'oeuvre d'Aragón à travers un entretien de l'artiste avec Heidi Ballet, tandis que le texte de l'historien Jorge Luis Capdepont Ballina révèle la manière dont l'histoire, au travers du concept de « Mésoamérique », est invoquée comme vecteur de légitimité et de cohésion pour justifier un plan de nature économique. Sont également reproduites dix cartes coloriées par l'artiste qui montrent les géographies de la collaboration entre le Mexique et les États-Unis et illustrent le rôle respectif des partis politiques, des cartels de la drogue et des compagnies étrangères dans les retombées négatives du Projet Mésoamérique.
Initiée en 2007, la programmation Satellite du Jeu de Paume est dédiée à la création contemporaine. Depuis 2015, le Jeu de Paume et le CAPC musée d'art contemporain de Bordeaux organisent conjointement ce programme d'expositions, assuré dès sa création par des commissaires d'envergure internationale (Fabienne Fulchéri, María Inés Rodríguez, Elena Filipovic, Raimundas Malasauskas, Filipa Oliveira, Mathieu Copeland, Natasa Petresin-Bachelez et Erin Gleeson).
Intitulé « Notre océan, votre horizon », la neuvième édition confiée à Heidi Ballet se propose d'explorer la notion d'identité océanique - un sentiment d'appartenance façonné par une vision du monde tournée vers l'extérieur et axée sur les horizons et au-delà -, en comparaison d'une identité terrestre fondée sur la délimitation d'espaces finis. En réponse à cette proposition, Edgardo Aragón opte pour la cartographie critique, Guan Xiao se penche sur la transformation et le voyage, Patrick Bernier & Olive Martin s'intéressent aux conséquences des traversées maritimes dans l'histoire et Basim Magdy évoque des histoires secrètes de la mer.
Chaque exposition est accompagnée d'une publication imaginée comme une « carte blanche » aux artistes. Conçue dans un dialogue étroit avec un studio graphique renouvelé à l'occasion de chaque édition, cette série d'ouvrages s'offre comme un espace de création autonome au sein de la programmation Satellite.
Dans son nouveau film, Somniculus (« sommeil léger »), Ali Cherri approfondit la question du rapport entre, d'une part, les processus qui permettent la mise au jour, la collecte et la classification des objets d'art et, d'autre part, la manière dont notre compréhension de ces objets est orientée par nos systèmes de représentation. Saisissant la vie secrète des musées français d'ethnographie et d'anthropologie, Somniculus nous présente un monde dans lequel quelques fragments de civilisations passées en sont venus à incarner l'universalité de l'expérience humaine. Préservés et exposés dans l'enceinte muséale, les objets survivent en tant que réceptacles de leur propre époque et histoire. Leur circulation matérielle, leur possible influence sur la formation du discours des Lumières, de l'impérialisme ou du colonialisme ne peuvent être retracées. Seuls subsistent des fragments du passé définis par des récits construits et compris à travers le prisme de régimes de représentation idéologiques. Les objets n'ont rien de vivant, mais ils continuent de nous parler et de nous hanter. Nous les regardons, comme eux-mêmes nous regardent et nous surveillent. Ici, regarder dépasse l'acte politique consistant à mettre en doute la réalité qui est sous nos yeux : il s'agit d'imaginer ce qui est au-delà du visible. Entrer dans une phase de « sommeil léger », c'est solliciter l'imagination à l'état de veille. À l'instar des objets suspendus hors du temps, qui n'ont pas de poids, le corps n'est ni mort ni vivant, mais en attente d'être réveillé.
Accompagnant l'exposition d'Ali Cherri présentée dans le cadre de la programmation Satellite 10, le présent livre comprend des textes d'Osei Bonsu, de Fabien Danesi et de l'artiste.
Ali Cherri est vidéaste et artiste visuel. Son travail porte actuellement sur la place de l'objet archéologique dans la construction des récits historiques.
La programmation Satellite
Initiée en 2007, la programmation Satellite du Jeu de Paume est dédiée à la création contemporaine. Depuis 2015, le Jeu de Paume et le CAPC musée d'art contemporain de Bordeaux organisent conjointement ce programme d'expositions, assuré dès sa création par des commissaires d'envergure internationale (Fabienne Fulchéri, María Inés Rodríguez, Elena Filipovic, Raimundas Malasauskas, Filipa Oliveira, Mathieu Copeland, Natasa Petresin-Bachelez, Erin Gleeson et Heidi Ballet).
Intitulé « L'économie du vivant », la dixième édition confiée à Osei Bonsu a pour propos la constante mobilité, par-delà les frontières réelles ou imaginaires, des corps, des plantes, des animaux, des oeuvres d'art, ainsi que d'un certain nombre d'autres produits culturels. Ce projet en quatre temps procède de l'idée qu'une des façons de comprendre l'état du progrès humain de nos jours est de consigner visuellement l'expérience vécue. Dans un paysage géopolitique en constante expansion, nous pouvons voir comment les grands axes imposent conflit et agitation à la circulation des peuples, des marchandises et des processus.
Se projetant au-delà de la simple idée d'une cartographie de l'histoire, les oeuvres d'Ali Cherri, d'Oscar Murillo, de Steffani Jemison et de Jumana Manna - toutes spécialement commanditées pour l'occasion - parcourent les espaces étrangers et familiers afin de rendre visible la secrète migration des choses vivantes.
Chaque exposition est accompagnée d'une publication imaginée comme une carte blanche au commissaire et aux artistes. Conçue dans un dialogue étroit avec un studio graphique renouvelé à l'occasion de chaque édition, cette série d'ouvrages s'offre comme un espace de création autonome au sein de la programmation Satellite.
Né d'une pratique interdisciplinaire qui met l'accent sur la dimension discursive de la culture afro-américaine, le travail de Steffani Jemison force les limites du langage. Dans la vidéo qu'elle a réalisée à l'occasion de la programmation Satellite, intitulée Sensus Plenior - l'équivalent latin de notre « sens profond » -, elle exprime son intérêt pour le langage et le geste à travers le gospel mime. Depuis vingt-cinq ans, on a vu se développer, au sein de l'église afro-américaine, cette pratique consistant à recourir au mime pour interpréter des chants gospel. La vidéo s'ouvre sur la figure du pasteur Susan Webb, chef de file du Master Mime Ministry of Harlem, qui nous est montrée en pleine contemplation lors d'une séance de répétition. Privilégiant exclusivement le caractère silencieux de la performance, le film de Jemison témoigne de son intérêt pour ce qui ne passe pas par les mots, pour le silence qui forme le creuset de l'action, de l'affirmation de soi et de la résistance.
Initiée en 2007, la programmation Satellite du Jeu de Paume est dédiée à la création contemporaine. Depuis 2015, le Jeu de Paume et le CAPC musée d'art contemporain de Bordeaux organisent conjointement ce programme d'expositions, assuré dès sa création par des commissaires d'envergure internationale (Fabienne Fulchéri, María Inés Rodríguez, Elena Filipovic, Raimundas Malasauskas, Filipa Oliveira, Mathieu Copeland, Natasa Petresin-Bachelez, Erin Gleeson et Heidi Ballet).
Intitulé « L'économie du vivant », la dixième édition confiée à Osei Bonsu a pour propos la constante mobilité, par-delà les frontières réelles ou imaginaires, des corps, des plantes, des animaux, des oeuvres d'art, ainsi que d'un certain nombre d'autres produits culturels. Ce projet en quatre temps procède de l'idée qu'une des façons de comprendre l'état du progrès humain de nos jours est de consigner visuellement l'expérience vécue. Dans un paysage géopolitique en constante expansion, nous pouvons voir comment les grands axes imposent conflit et agitation à la circulation des peuples, des marchandises et des processus.
Se projetant au-delà de la simple idée d'une cartographie de l'histoire, les oeuvres d'Ali Cherri, d'Oscar Murillo, de Steffani Jemison et de Jumana Manna - toutes spécialement commanditées pour l'occasion - parcourent les espaces étrangers et familiers afin de rendre visible la secrète migration des choses vivantes.
Chaque exposition est accompagnée d'une publication imaginée comme une carte blanche au commissaire et aux artistes. Conçue dans un dialogue étroit avec un studio graphique renouvelé à l'occasion de chaque édition, cette série d'ouvrages s'offre comme un espace de création autonome au sein de la programmation Satellite.
Dans son travail récent, Jumana Manna utilise la vidéo et la sculpture comme les supports d'une réorganisation de l'archive relative à l'histoire des pays du Proche-Orient et de l'Europe du Nord - qu'elle envisage comme des entités géographiques distinctes mais néanmoins liées. L'exploration porte ainsi sur la façon dont les formes de pouvoir - économiques, politiques, interpersonnelles - conditionnent aussi bien l'architecture que la vie humaine et végétale. Jumana Manna s'intéresse en particulier aux non-dits qui accompagnent les pratiques scientifiques actuelles de préservation ; son travail questionne ainsi les constructions binaires qui renvoient dos à dos un héritage pur et immuable et l'emprise de l'innovation.
Dans Wild Relatives [Parentés sauvages], un film réalisé spécialement pour la programmation Satellite, Jumana Manna traque les rapports de hiérarchie et de pouvoir qui accompagnent une transaction de semences entre la ville de Longyearbyen, dans l'archipel arctique du Svalbard (Norvège) et la plaine libanaise de la Bekaa. Le film suit le voyage des semences, retrace le parcours de ces formes de vie à mesure qu'elles sont extraites du sol et transplantées ailleurs, passant du sol aride au permafrost et vice-versa.
Accompagnant l'exposition de Jumana Manna à la Maison d'Art Bernard Anthonioz, dans le cadre de la programmation hors les murs du Jeu de Paume, et au CAPC musée d'art contemporain de Bordeaux, le présent livre comprend un essai de l'historienne Shela Sheikh et un texte de l'artiste déroulant les réflexions qui l'ont menée à son projet.
Initiée en 2007, la programmation Satellite du Jeu de Paume est dédiée à la création contemporaine. Depuis 2015, le Jeu de Paume et le CAPC musée d'art contemporain de Bordeaux organisent conjointement ce programme d'expositions, assuré dès sa création par des commissaires d'envergure internationale (Fabienne Fulchéri, María Inés Rodríguez, Elena Filipovic, Raimundas Malasauskas, Filipa Oliveira, Mathieu Copeland, Natasa Petresin-Bachelez, Erin Gleeson et Heidi Ballet).
Intitulé « L'économie du vivant », la dixième édition confiée à Osei Bonsu a pour propos la constante mobilité, par-delà les frontières réelles ou imaginaires, des corps, des plantes, des animaux, des oeuvres d'art, ainsi que d'un certain nombre d'autres produits culturels. Ce projet en quatre temps procède de l'idée qu'une des façons de comprendre l'état du progrès humain de nos jours est de consigner visuellement l'expérience vécue. Dans un paysage géopolitique en constante expansion, nous pouvons voir comment les grands axes imposent conflit et agitation à la circulation des peuples, des marchandises et des processus.
Se projetant au-delà de la simple idée d'une cartographie de l'histoire, les oeuvres d'Ali Cherri, d'Oscar Murillo, de Steffani Jemison et de Jumana Manna - toutes spécialement commanditées pour l'occasion - parcourent les espaces étrangers et familiers afin de rendre visible la secrète migration des choses vivantes.
Chaque exposition est accompagnée d'une publication imaginée comme une carte blanche au commissaire et aux artistes. Conçue dans un dialogue étroit avec un studio graphique renouvelé à l'occasion de chaque édition, cette série d'ouvrages s'offre comme un espace de création autonome au sein de la programmation Satellite.
Ne en 1977 a Zagreb (Croatie), ou il vit
et travaille, Damir Ocko invite dans sa pratique a parcourir les meandres du langage et la maniere dont celui-ci genere carence ou desir, pouvoir ou assujettissement.
Damir Ocko a fait l'objet de nombreuses expositions personnelles, notamment
au Dazibao a Montreal (2016), au Pavillon croate de la 56e Biennale de Venise (2015),
au Kunstlerhaus Halle fur Kunst & Medien
de Graz et au Temple Bar Gallery & Studios
a Dublin (2014), au Palais de Tokyo
a Paris (2012), a la Kunsthalle de Dusseldorf (2011), au Kunstverein de Leipzig (2010),
au Museum of Contemporary Art de Zagreb (2005) ; ainsi que collectives : a l'Austrian Cultural Forum de New York (2016),
au Wurttembergischer Kunstverein a Stuttgart (2015), a la Kunsthalle de Vienne, a la Collection Lambert en Avignon ainsi qu'au Plateau a Paris (2014), ou encore au MUDAM, Luxembourg (2013).
NOVLANGUE_
« Les limites de mon langage signifient les limites de mon propre monde. »
La 11e édition de la programmation Satellite présente les propositions de Damir Ocko, Daphné Le Sergent et Alejandro Cesarco, engageant la parole comme outil d'individuation.
À l'aube du XXIe siècle se construit un nouveau « théâtre de la parole-spectacle » (selon l'expression de Christophe P. Lagier) sur une mutation de la langue : réduction du nombre de mots (Twitter), néologismes (Brexit, Frexit, démocrature...), rapport non distancié aux faits, concept de post-vérité ce qui n'est pas sans évoquer un paysage langagier imaginé par la littérature.
Le novlangue est la langue officielle d'Océania, région fictive inventée par George Orwell dans son roman dystopique 1984. Reprenant librement la définition qu'en donne le récit, Wikipédia présente le novlangue comme « un principe simple : plus on diminue le nombre de mots d'une langue, plus on diminue le nombre de concepts avec lesquels réfléchir [...], moins les gens sont capables de réfléchir et plus ils raisonnent à l'affect. La mauvaise maîtrise de la langue rend ainsi les [...] sujets aisément manipulables par les médias de masse tels que la télévision. ». Le paradigme du novlangue, réduit à son minimum, fonctionne tel un langage-écran construit sur la systématisation des règles et la simplification syntaxique. La langue est le point d'achoppement entre vérité et falsification. Elle favorise une distance toujours plus courte entre l'information donnée et sa réception. Cet appauvrissement de la langue rend impossible le développement de tout appareil critique. Elle conduit également à de nouvelles associations possibles entre les mots et les signes.
Les trois expositions répondent aux classes A, B et C du vocabulaire du novlangue d'Orwell : la langue domestique, la parole publique et le langage technique. Venant irriguer l'analyse d'un monde en contraction de pensée, le cycle « NOVLANGUE_ » tente d'ouvrir une cosmogoniedu langage, une forme de résistance par le champ de la langue et de l'exposition.
Agnès Violeau
Commissaire de la programmation Satellite 11
NEWSPEAK_
The limits of my language signify the limits of my world.
Ludwig Wittgenstein
The 11th Satellite Programme features works by Damir Ocko, Daphné Le Sergent and Alejandro Cesarco, involving discourse as a strategy for individuation.
At the dawn of the 21st century, a new theatre of word-play (Théâtre de la parole-spectacle, as Christophe P. Lagier titled his book) is coming into being, as the language mutates due to a reduction in the number of words used (Twitter), neologisms (Brexit, Frexit, democrature, etc.), a loose relationship with facts (alternative facts), and the concept of post-truth. It is all reminiscent of the linguistic landscape in Orwell's dystopian novel.
Newspeak is the official language of Oceania, the fictional state invented by George Orwell in Nineteen Eighty-Four. Loosely following Orwell's definition in the novel, Wikipedia describes Newspeak as a controlled language, of restricted grammar and limited vocabulary, a linguistic design meant to limit . . . freedom of thought, leaving people easily manipulated by mass media such as television. The lexical and grammatical simplification of Newspeak, at its most basic level, operates as a language screen. It obstructs attempts to distinguish between truth and distortion, and encourages a constant reduction in the distance between the dissemination and the receipt of information. The impoverishment of language thwarts any development in critical thinking. It also leads to new possibilities of associating words to referents.
The three exhibitions correspond to the A, B and C vocabularies in Newspeak: everyday-life activities (A), public discourse (B) and technical terms (C). As an addition to the analysis of diminished thinking in today's world, the NEWSPEAK_ cycle is an attempt to create a cosmogony of language, a form of resistance through language and exhibition.
Agnès Violeau
Curator of the Satellite Programme 11
Utilisant son environnement immédiat, le travail d'Oscar Murillo (né à La Paila, Colombie, en 1986) puise au creuset que constituent les expériences et souvenirs personnels. Faisant interagir différents médiums - peinture, sculpture et vidéo -, l'artiste crée des installations qui invitent à l'immersion, procédant d'une pratique élargie qui englobe interventions et performances publiques ainsi que participations de la communauté. Les concepts y sont librement transférés, distribués et reconfigurés par le biais de divers processus, qu'ils soient d'échange, de collaboration ou - plus important - de production. Influencée par les pratiques non occidentales de consommation culturelle, l'oeuvre d'Oscar Murillo nous encourage à dénoncer les formes que revêt l'hégémonie tout en proposant d'autres façons d'être et de vivre ensemble.
L'exposition « Estructuras resonantes » [Structures en résonance] combine une série d'oeuvres réalisées en collaboration avec des amis, des membres de sa famille ou d'autres personnes, créant ainsi un cadre poétique nourri de la perception à la fois familière et étrangère que nous avons de la vie des autres. Documentant une série de parcours à travers l'Asie, l'Europe, l'Amérique latine et l'Afrique du Nord, la proposition articule une réflexion sur la manière dont la production culturelle façonne notre sentiment du lieu et de la communauté.
En écho à l'exposition, l'ouvrage Estructuras resonantes publie les témoignages des ouvriers d'une usine de confiseries colombienne située dans la ville natale de Murillo, lesquels furent, en 2014, invités par l'artiste à effectuer leur travail habituel dans une galerie new-yorkaise pendant deux mois. Leur intervention s'inscrivait dans le cadre du projet A Mercantile Novel [Un roman mercantile], mettant en évidence des similitudes entre la création de l'artiste et d'autres formes de production de masse qui, bien que partie intégrante de cultures nationales, sont moins volontiers associées à une identité sociale ou personnelle. Dans la publication figurent également des reproductions du livre d'artiste THEM, initié en 2015 par Murillo et constitué de photographies intimes retraçant le parcours de sa famille des années 1970 à 2000 - depuis le militantisme syndical de son père à La Cabaña, immense plantation de canne à sucre colombienne, jusqu'aux premières années de l'installation du foyer dans l'East London. Enfin, Estructuras resonantes comporte également une conversation d'Osei Bonsu avec Françoise Vergès sur les conditions contemporaines de la globalisation.
Dans le cadre du « Nouveau Sanctuaire », une série d'expositions proposée par Laura Herman sur la manière dont l'architecture se rapporte au corps et aux sens, la publication Une fausse pesanteur accompagne celle de Daisuke Kosugi, troisième et dernier épisode du cycle.
L'architecture de la maison apparaît comme une toile de fond têtue, un présupposé immuable. Le corps dépend d'elle pour structurer ses activités quotidiennes, parfois au point d'étouffer dans la domesticité. Que se passe-t-il quand nos corps se disjoignent de leur environnement bâti ? Les propriétés architecturales représentent certaines idées et persistent à travers le temps, à la différence de nos corps, de nos habitudes et de nos routines.
Le film A False Weight, présenté dans l'exposition, brosse un portrait expérimental de Tadashi, personnage fondé sur le père de l'artiste. Tadashi est un ancien architecte et bodybuilder japonais à qui l'on a diagnostiqué une maladie cérébrale rare et incurable qui affecte progressivement ses mouvements et ses habitudes. En nous entraînant dans un voyage architectural et domestique scandé par les trois phases de la maladie, le film révèle le conflit intérieur d'un homme déchiré entre son désir de force, d'efficacité et d'indépendance, d'une part, et, d'autre part, l'acceptation du déclin rapide de son corps grâce à la danse buto. À travers des séquences répétitives, le film introduit dans l'architecture du foyer un temps à dimension « humaine », répétitif plutôt que linéaire, émancipateur plutôt qu'oppressif.
Comprenant une conversation entre Daisuke Kosugi et Laura Herman ainsi qu'un essai de Zuzana Kovar, théoricienne de l'architecture, cet ouvrage s'intéresse aux possibilités d'émancipation du corps handicapé vis-à-vis d'une architecture inadaptée et des idéaux d'efficacité, tout en traitant de la tromperie inhérente aux représentations contemporaines du corps idéal.
Intitulée « Le Nouveau Sanctuaire » la douzième édition de la programmation Satellite, confiée à Laura Herman, présente les propositions de Julie Béna, Ben Thorp Brown et Daisuke Kosugi qui étudient, du point de vue de leurs pratiques individuelles, la capacité qu'a l'environnement aménagé d'accueillir le corps et les sens, d'en prendre soin et de les investir.
Comment l'espace détermine-t-il la façon dont nous nous sentons ? Basée sur l'idée d'un environnement menaçant et hostile, l'une des définitions fondamentales de l'architecture est de fournir un abri et un certain confort au corps humain. L'idée répandue de l'habitation comme « peau de substitution » nous vient de l'architecte allemand du XIXe siècle Gottfried Semper qui décrivait l'enclos de l'animal, fait de peaux et de feuillages, comme l'origine de l'espace architectural « privé ».
Aujourd'hui, cette conception de l'architecture comme spatialité enveloppante - le désir moderne d'offrir un lieu de refuge - n'est plus opérante. Si nous devons reconsidérer l'architecture comme le point de rencontre entre différentes références culturelles, différentes pratiques, différents rituels, désirs et besoins, comment imaginer un sanctuaire adapté au monde actuel ?
The 12th Satellite Programme, titled The New Sanctuary and curated by Laura Herman, proposes newly commissioned works by Julie Béna, Ben Thorp Brown and Daisuke Kosugi who, through their individual practices, consider the capacity of the designed environment to host, care and engage with the body and the senses.
How does space determine the way we feel? Predicated on a sense of a threatening and hostile environment, one of the basic definitions of architecture is the provision of shelter and comfort for the human body. The common idea of the dwelling as a "surrogate skin" is derived from the nineteenth-century German architect Gottfried Semper, who described the animal pen, made out of woven skins and leaves, as the origin of the architectural "private" space.
Today, this understanding of architecture as an enveloping spatiality seems no longer to apply. If architecture is to be reconsidered as the meeting point between different cultural references, practices, rituals, desires and needs, how can we imagine a space of sanctuary for today's world?
Laura Herman
Dans le cadre du « Nouveau Sanctuaire », la programmation Satellite 12 proposée par Laura Herman, la publication Anna & the Jester dans La Fenêtre d'Opportunité accompagne l'exposition de Julie Béna qui se présente sous la forme d'un conte architectural. Dans son film d'animation Anna & the Jester in Window of Opportunity (2019), Julie Béna relate la curieuse rencontre entre une série de personnages, à la fois existants et imaginés. Critiquant le concept de transparence utilisé en architecture ou dans la société, cette exposition est conçue comme une superposition de couches réelles et virtuelles, créant un espace d'opacité et d'indétermination. Cette publication développe les principes et réflexions qui sous-tendent ces dispositifs au travers d'une conversation entre Julie Béna et Laura Herman ainsi que d'un essai d'Irene Sunwoo, historienne de l'architecture et commissaire d'exposition.
Né à Montevideo (Uruguay), Alejandro Cesarco vit et travaille à New York. Son travail se déploie sous la forme d'une série de prélèvements qui indiquent souvent un ailleurs et un hors-champ, rendant compte de l'expérience d'un réel dans sa discontinuité.
Un autre trait caractéristique de sa démarche réside en un appel récurrent d'autres artistes ou penseurs en particulier issus de la littérature. Ainsi de James Joyce à Roland Barthes, en passant par Maurice Blanchot, Italo Calvino, Marguerite Duras ou Jean-Luc Godard, nombreux sont ceux qui apparaissent dans le travail d'Alejandro Cesarco. Ces intrusions participent du sens de l'oeuvre en l'intégrant de manière syntaxique. Alejandro Cesarco nous livre la matière de récits évocateurs, teintés de mélancolie.
Parmi ses dernières expositions monographiques, «A Portrait, a Story, and an Ending», Kunsthalle Zurich (2013), «Alejandro Cesarco», MuMOK, Vienne (2012), «Words Applied to Wounds», Murray Guy, New York (2012), «A Common Ground», Pavillon Uruguayen, 54e Biennale de Venise.
Satellite 11 Novlangue
« Les limites de mon langage signifient les limites de mon propre monde. » Ludwig Wittgenstein
La 11e édition de la programmation Satellite présente les propositions de Damir Oko, Daphné Le Sergent et Alejandro Cesarco, engageant la parole comme outil d'individuation.
À l'aube du XXIe siècle se construit un nouveau « théâtre de la parole-spectacle » (selon l'expression de Christophe P. Lagier) sur une mutation de la langue : réduction du nombre de mots (Twitter), néologismes (Brexit, Frexit, démocrature), rapport non distancié aux faits, concept de post-vérité ce qui n'est pas sans évoquer un paysage langagier imaginé par la littérature.
Le novlangue est la langue officielle d'Océania, région fictive inventée par George Orwell dans son roman dystopique 1984. Reprenant librement la définition qu'en donne le récit, Wikipédia présente le novlangue comme « un principe simple : plus on diminue le nombre de mots d'une langue, plus on diminue le nombre de concepts avec lesquels réfléchir [], moins les gens sont capables de réfléchir et plus ils raisonnent à l'affect. La mauvaise maîtrise de la langue rend ainsi les [] sujets aisément manipulables par les médias de masse tels que la télévision. ». Le paradigme du novlangue, réduit à son minimum, fonctionne tel un langage-écran construit sur la systématisation des règles et la simplification syntaxique. La langue est le point d'achoppement entre vérité et falsification. Elle favorise une distance toujours plus courte entre l'information donnée et sa réception. Cet appauvrissement de la langue rend impossible le développement de tout appareil critique. Elle conduit également à de nouvelles associations possibles entre les mots et les signes.
Les trois expositions répondent aux classes A, B et C du vocabulaire du novlangue d'Orwell : la langue domestique, la parole publique et le langage technique. Venant irriguer l'analyse d'un monde en contraction de pensée, le cycle « NOVLANGUE_ » tente d'ouvrir une cosmogonie du langage, une forme de résistance par le champ de la langue et de l'exposition.
Née en 1975 à Séoul (Corée du Sud), Daphné Le Sergent vit et travaille à Paris. Issue d'une double culture, elle mène ses recherches autour des notions de schize et de déterritorialisation. Activant différents systèmes de montage et de démontage, de cut-up ou d'effacement, son travail interroge la construction de l'identité en proposant une analyse du paysage frontalier comme phénomène de perception, assimilable à un écran. Ce travail l'a conduite à réfléchir sur la question de l'agencement et du dispositif dans la création artistique contemporaine.
Fragments de texte, dessins partitionnés, diptyques photographiques et séquences vidéo interrogent les lignes de subjectivités qui traversent l'image et agrègent les éléments les uns aux autres.
Invitée dans le cadre de la programmation Satellite 11, intitulée «NOVLANGUE_», Daphné Le Sergent présente le second mouvement du cycle, « Géopolitique de l'oubli », qui interroge la classe C du vocabulaire imaginé par George Orwell dans 1984, le langage technique, à l'heure du data déluge.
À travers «Géopolitique de l'oubli», l'artiste s'intéresse à l'industrialisation et à l'externalisation de la mémoire à l'ère du post-digital, imaginant deux communautés rétrofuturistes fictives, les Sum et les May, où l'alphabet a été mis en place pour libérer la mémoire humaine de la complexité du code de l'écriture-image, fondée sur les glyphes, pictogrammes ou idéogrammes. L'artiste explore l'archivage numérique à partir de deux formes distinctes d'écriture: d'une part, l'écriture cunéiforme, apparue plus de 3 000 av. J.-C., inventée pour mémoriser la dette et exploiter les données relatives à cette transaction. C'est sur ce modèle que nous concevons aujourd'hui la mémoire, en préservant l'information dans nos data centers. D'autre part, l'écriture maya (VIe-IXe siècles) qui, quant à elle, consignait les mouvements des astres à destination des générations futures. L'écriture n'était ici pas pensée comme capitalisation d'une chose passée, mais pour sa capacité prédictoire.
À l'heure d'une pratique neuve de l'écriture née de l'écran, d'interactions nouvelles entre l'oeil et la main, d'une communication par photographies, gifs ou emojis reposant sur l'image et sa stylisation, sur des modèles et samples d'animations, quels comportements sont générés par ce langage? Des gestes découlent de ce traitement de l'information, comme archiver, éditer, rassembler, copier, fusionner. [...]