La démocratie va mal. Menacée par la manipulation de l'opinion publique et la montée d'un certain populisme aux relents autoritaires, entre autres choses, elle parait d'autant plus fragile que l'on participe souvent soi-même à son érosion, sans s'en rendre compte. Il ne sera toutefois pas aisé de la réparer, une fois qu'elle aura été brisée pour de bon. La démocratie vise pourtant un idéal qui mérite d'être vigoureusement défendu: l'égale liberté politique des citoyens. C'est avec la conviction profonde que l'on doit tous prendre part à la vie démocratique que les auteurs se penchent sur les conditions qui la rendent possible, ainsi que sur notre responsabilité à son égard.
L'industrie agroalimentaire a mis à mal notre rapport au territoire. Déconnecté·e·s des rythmes de la nature, nous avons perdu les savoir-faire ancestraux et confié à des entreprises le soin de nous nourrir. Elisabeth Cardin nous invite à repenser notre usage du monde en nous inspirant de l'équilibre bouleversant qui règne dans nos forêts et nos rivières, quand nous ne sommes pas occupé·e·s à les vider de leurs ressources. Elle nous parle d'autonomie et de liberté, d'identité et de bienveillance. Mais surtout, elle nous rappelle ces habitudes anciennes qu'il nous faut absolument retrouver si nous voulons léguer la terre à nos enfants.
L'avènement de l'univers numérique a mis à mal notre rapport à la ville tangible, que nous avons désertée au profit d'une hyperconnectivité qui n'est pas sans conséquences sur l'espace public en tant que lieu de sociabilité. Et l'arrivée annoncée d'un soi-disant «métavers» ne fera qu'amplifier ce phénomène. La dépersonnalisation des relations interpersonnelles et le transfert des décisions humaines à des machines menacent, à terme, la part d'humanité qui nous relie les un·e·s aux autres. Loin d'y voir une fatalité, l'auteur de cet essai défend l'idée selon laquelle la migration quasi intégrale de notre vie collective vers l'internet serait au contraire une invitation à réinvestir la ville en chair et en os afin de faire contrepoids à nos existences désincarnées. S'inspirant de la technologie analogique, il convoque les formes urbaines du passé pour imaginer la ville de demain, en évitant le piège de la nostalgie. Alors que la ville physique et la cité numérique seront de plus en plus appelées à cohabiter, il semble urgent de réfléchir au type de milieu
de vie urbain que nous nous souhaitons.
Après avoir été approchée par le directeur d'une compagnie de théâtre, Véronique Côté se lance dans l'écriture d'une pièce sur la prostitution, «La paix des femmes». Au fur et à mesure de ses recherches, elle découvre l'existence de deux camps irréconciliables: d'un côté, les pro-tds, pour «pro-travail du sexe», de l'autre, les abolitionnistes. Alors que les premières militent pour la décriminalisation de la prostitution, les secondes cherchent à l'éliminer. C'est comme femme, comme artiste et comme citoyenne que Véronique Côté prend ici la parole, accompagnée de son amie Martine B. Côté, pour dénoncer cette idée qui veut que «ça a toujours existé, et ça existera toujours». Elles écrivent pour les femmes et contre le système qui les exploite, persuadées que c'est ensemble qu'il faut réfléchir à cette question.
Les librairies debordent de recettes pour «liberer notre enfant interieur» ou «etre libre en apprenant a s'aimer». Une certaine droite, elle, nous incite a confondre liberte et individualisme. Mais pourrions-nous envisager une maniere plus ambitieuse d'etre libre ?
S'appuyant sur la philosophie comme sur les sciences cognitives, Caroline L. Mineau explore cette realite fragile et difficile a apprivoiser qu'est la liberte. Elle nous invite a reflechir aux normes qu'on internalise, a nos strategies d'evitement, et a tout ce qui conditionne nos desirs, nos choix et nos ambitions individuelles et collectives.