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Littérature
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« J'avais prolongé mon séjour à Veracruz tant qu'elle avait été là - je l'aurais prolongé jusqu'à la fin du monde, s'il n'avait tenu qu'à moi. Maintenant qu'elle avait disparu, je le prolongeais dans l'espoir de la retrouver, ou au moins d'apprendre quelque chose sur les raisons de sa disparition.
Un jour, un pli me parvint à l'hôtel, expédié par la poste, ne comportant aucune indication de provenance, aucun mot d'accompagnement. Il contenait les quatre récits, brefs et terribles, qu'on va lire. » -
Cinq mille kilomètres en train, du coeur du continent sibérien jusqu'aux rives du Pacifique. Cinq mille kilomètres le long de la Grande ligne Baïkal-Amour, l'autre chemin de fer transsibérien, et au-delà du détroit de Tartarie jusqu'à l'île de Sakhaline et au souvenir de Tchékhov, qui
y alla visiter le bagne en 1890.
Des villes de pionniers à demi abandonnées dans l'immensité, des vies si humaines qui ne savent plus où elles vont, la mémoire enfouie mais ineffaçable des centaines de milliers de déportés qui construisirent cette ligne et ces villes au prix de leur vie, la grandeur et le malheur, la mélancolie russes...
Il y a tout cela dans ce livre que traverse pourtant, né de l'espace sans bornes, un sentiment de liberté :
" Tout fuit, tout glisse, on se dit qu'on est bien ici, loin de chez soi, libre provisoirement de toute attache, et que c'est pour ça qu'on voyage. " -
Je ne sais pas pourquoi Vieira da Silva faisait des villes avec des caractères de machine à écrire, des amis pourraient me renseigner, mais à quoi bon ? De toute façon, je trouve qu'elle avait raison. Et pas seulement parce que Alexandrie c'est Durrell, comme on dit, ou Cavafy pour les Grecs, ou Trieste Svevo, ou Prague Kafka, etc. Que veut dire, d'ailleurs, cette équivalence ? Probablement que les écrivains, avec leurs perspectives et leurs avenues et leurs quais de mots, leurs coupoles et leurs colonnes de mots, et aussi leurs poubelles, égouts, remugles, papiers gras de mots, nous aident puissamment à nous tromper, à errer dans et sur les villes. On lit un de ces livres dont une ville est le lieu et puis, débarquant un jour pour la première fois, on constate que rien n'a changé depuis qu'on n'y est jamais allé.