Avec la transnationalisation des entreprises et l'organisation de la production en réseaux mondiaux, les investissements directs sont l'une des facettes les plus visibles de la mondialisation. S'il n'existe pas de modèle uniforme de mondialisation, il n'existe pas non plus de modèle uniforme d'arbitrage des politiques et des règles de l'investissement. L'échec de l'AMI et la mise à l'écart de l'investissement des négociations commerciales multilatérales ont montré à quel point le thème était sensible, pour beaucoup de pays, en développement ou développés. Mêmes les États les plus favorables à la protection de l'investissement sont, aujourd'hui, devenus plus réservés quant à son étendue. D'un autre côté, les traités et accords bilatéraux prolifèrent, y compris d'ailleurs entre pays en développement, indiquant la nécessité d'avoir des règles générales non seulement pour réduire l'arbitraire et augmenter la transparence sur les marchés, mais aussi pour établir des obligations communes s'adressant aux États comme aux entreprises. Entre protection de l'investissement et défense d'autonomie, entre liberté économique et régulation des marchés, entre droits et devoirs économiques des entreprises, les États sont, donc, ici également, à la recherche de compromis. De ce fait, cet ouvrage repense l'État entre deux schématisations répandues : - soit un acteur central, renvoyant une image négative, celle d'un mercantilisme d'un nouveau type où chacun lutte pour attirer les investissements ou imposer ses propres normes;
- soit un acteur en net recul avec un rôle cantonné dans celui de facilitateur de l'investissement et de superviseur des conditions environnantes. D'une manière générale, les politiques publiques n'ont plus pour objet de contrôler les investissements ou de leur imposer des obligations, mais d'arbitrer entre deux types d'exigences : l'intégration compétitive dans les grands courants économiques internationaux d'une part et l'insertion des activités étrangères dans le tissu économique national d'autre part. Cet ouvrage défend une vision dynamique des relations entre les entreprises et les États en se penchant sur la façon dont ces derniers et leurs gouvernements arbitrent, non seulement la promotion de l'investissement et les intérêts économiques nationaux, mais aussi, sur le plan normatif, la protection des droits des entreprises et action collective. Comment les États abordent et résolvent ces arbitrages ?
Il tente également de répondre à cette question en proposant une série d'études de cas portant sur les pays industrialisés et les pays en développement, sans oublier une partie théorique au sein de laquelle les politiques d'investissement et les activités des firmes multinationales font l'objet d'une mise à niveau théorique pour la mondialisation.
Depuis la Seconde Guerre mondiale, le système commercial multilatéral a été soutenu par les idées des Lumières et une vision libérale de paix et de prospérité partagée. On l'a aussi considéré comme un frein au socialisme et au protectionnisme européens, d'abord, puis à celui des pays en voie de développement. En ce sens, on ne peut envisager la diplomatie commerciale, qui vise la constitution des règles objectives communes, sans prendre en compte les considérations géoéconomiques et géostratégiques mondiales. Sur fond de la montée en puissance de la Chine, du Brexit, des velléités protectionnistes un peu partout dans le monde, notamment aux États-Unis, et d'une économie toujours plus interdépendante, cet ouvrage fait le point sur les diverses initiatives commerciales et les stratégies de négociation nationale.
Si on peut lire chaque contribution séparément, l'ouvrage n'en recherche pas moins à offrir au lecteur un panorama des grandes négociations en cours, de leurs dynamiques et, surtout, de façon prospective, de la nouvelle gouvernance mondiale. Il est le fruit de la réflexion collective de vingt-trois experts.