Je dédie ce recueil aux étudiants en médecine que j'ai eu le bonheur de côtoyer depuis une quinzaine d'années. J'aime passionnément leur enseigner. Quel talent et quelle intelligence chez ces êtres neufs qui avancent, qui sont allumés, qui «étincellent » dans l'existence, pour qui j'ai tant d'affection. Je leur dédie ces histoires parce que ce sont ces mêmes étudiants qui, après certains cours, alors que j'avais ouvert la discussion sur des éléments plus personnels ou plus cliniques, m'ont demandé de leur raconter quelques anecdotes tirées de mes expériences, de ma pratique médicale sur la Côte-Nord et autour de Québec, au Nunavik et à la Baie-James.
La correspondance entre Geneviève Amyot et Jean Désy, qui s'est étendue sur une dizaine d'années, est une occasion unique d'entrer dans l'intimité d'un échange sur la création et l'écriture qui par ailleurs déborde la littérature et s'incarne dans la vie même. Création, maternité, littérature, voyages, réflexions sur la vie, le temps, etc., tout se mêle au quotidien, dans une ferveur qui ne se dément jamais. D'une lettre à l'autre, ils s'abandonnent en toute amitié.
Voilà un « trésor », ainsi que l'écrit Jean Désy dans sa préface; celui des poètes qui ont conservé leurs lettres précieusement. On y retrouve la voix tourmentée et généreuse de Geneviève Amyot; on y reconnaît son écriture mélangeant le trivial et le spirituel. Vient à sa rencontre celle de Désy, vivante et voyageuse, pour créer un dialogue révélateur et captivant où se dévoilent de grandes richesses littéraires et humaines.
Ce n'est pas que Descartes avait tort, en énonçant son «Je pense donc je suis.» Le problème se situe plutôt... dans un abus de raison. Et si, à force de nous remettre à la logique rationnelle pour bâtir nos sociétés - leur approche pédagogique, leur système médical, leur rapport à la science, au mystère -, nous nous étions imposé des oeillères par peur du vertige, perdant de vue une part essentielle, irrationnelle?
Dans ce plaidoyer pour un monde ménageant une place à la poésie et à l'intuition, Jean Désy en appelle à ses maîtres à penser issus des sciences aussi bien que des humanités et des arts, citant Carl Jung comme Clarice Lispector, Antoine de Saint-Exupéry autant que Simone Weil, en passant par Max Planck et Lao Tseu.
Nous voici invités à leur table pour oser imaginer un nouveau rapport au réel.
Pour faire face aux défis éthiques, environnementaux et humains qui lui sont lancés, le monde a un besoin urgent de poésie.
Au long de quelques saisons, dans la forêt du Bras-du-Nord, Jean Désy a échangé sur cette idée avec des personnes chères à son coeur, des poètes, des peintres, des artistes dans l'âme.
Avec le présent livre, il nous invite à prendre place à leurs côtés, pour mieux nous immerger dans leurs pensées qui vagabondent, errent et se rencontrent sur les sentiers de la poésie essentielle.
Vivre, ce n'est pas obéir à ce qu'on nous enseigne, nous dit Jean Désy dans son essai. C'est plutôt travailler à préserver le lien sacré qui nous unit à la rivière, à la montagne, à la cabane au fond du bois. Rien de plus vrai que le chant d'un oiseau, que le frémissement d'une truite dans l'eau glacée, que le vent qui balaie la toundra.
Julien, le narrateur, est médecin. Il soigne les malades avec compassion, avec attention, avec amour. À la manière ancienne qui ne se pratique plus dans le Sud où la machine bureaucratique a étouffé toute humanité. Si le bonheur existe, il loge au Nord, se convainc Julien. Tout serait parfait si Marie, sa fille, ne lui manquait pas cruellement. Dans un geste insensé, il décide de partir en motoneige chercher sa fille. L'équipée est de courte durée, l'engin heurtant de plein fouet un mélèze. Le voici seul, égaré dans un silencieux désert de glace, confronté à lui-même et luttant pour sa survie.
Voyage initiatique et quête existentielle, Le coureur de froid a été salué par la critique comme un «roman à l'imaginaire grandiose» (Le Libraire), écrit dans «une langue souvent poétique, dépouillée d'artifices, une écriture qui fait penser à celle d'Anne Hébert» (Québec français).
« Le Nord et ses espaces infinis, souvent faits de toundra, m'a toujours puissamment inspiré, il fournit un sens magnifié à mon existence. Je suis toutefois conscient que la réalité, au Nunavik, est devenue souffrante, et ces années-ci plus que jamais. Il y a bien sûr la vie qui bat son plein et des centaines de bambins beaux comme des aurores boréales qui s'amusent dans des trous d'eau même à minuit, au solstice d'été. Plusieurs projets sont aussi mis en place par des êtres d'exception qui souhaitent animer la vie au Nord. Mais la souffrance collective nordique reste indéniable. Une véritable révolution doit avoir lieu au coeur des quatorze villages des côtes de l'Ungava et de la baie d'Hudson. »
Jean Désy côtoie le Grand Nord et ses habitants depuis près de 30 ans dans le cadre de sa pratique médicale. Éveilleur de consciences, sonneur d'alerte, il signe ici un essai tiré du journal de ses séjours des quatre dernières années à Salluit en tant que médecin dépanneur. Pour manifester son soutien au peuple inuit, l'homme d'action se fait livre ouvert, partage ses méditations et observations sur un monde nordique affecté par une crise sans précédent, caractérisée par un taux de suicide dramatique.
Résumé
Le chant explose, navigue les territoires et les corps. Le poème hurle l'amour, casse les digues, roule d'écho en écho. «Je n'ai pas grand conseil à donner. J'aime aimer, de toutes mes forces. »
Extrait
Ô ma belle ma rapaillée
Ma forte au bois givré
Ma cascadeuse ma rieuse
Je pense à toi dans ma cabane Je pense à toi dans ma nuit
Je t'écris des mots d'amoune Parce que t'écrire c'est t'embrasser Et quand je te reverrai
Le plus doux des soirs
J'aurai des iris dans la voix
Et un pieu dans le coeur
Extrait du prologue
Hymne à l'amoune s'est écrit en l'espace de sept ou huit années, petit à petit, au fil de plusieurs soirées de performance poétique ou de slam. J'ai songé composer ces textes spécialement pour déplacer de l'air, lorsque je voulais que la matière poétique swingue plus. Ce sont mes états d'âme concernant la femme, et plusieurs femmes de ma vie : des amies, des amoureuses qui m'ont donné la principale impulsion à ces écrivages.
Écho de presse
« Parfois charmeur, romantique et même ironique, Jean Désy nous livre un recueil de poésie rempli d'originalité où sa relation avec les femmes est mise à l'honneur. Grand voyageur dans l'âme, il nous transporte à travers plusieurs paysages québécois qu'il décrit avec beaucoup de tendresse. »
Émilie Bolduc, Les Libraires
L'auteur
Poète, nomade, voyageur et vagabond, Jean Désy vit autour de Québec, il reste toujours en partance pour les îles, les toundras et les taïgas.
« J'écris pour rester au diapason d'un monde avec lequel je me sens fréquemment en harmonie. »
Dans Entre le chaos et l'insignifiance se côtoient l'extrême misère d'Haïti et celle de l'Afrique aussi bien que la belle utopie d'Hygiksvall en Scandinavie, où tous les citoyens sont médecins. Ces histoires médicales sont plus que des histoires. Ce sont des questionnements profonds sur l'humain et sur les forces du bien et du mal qui le traversent de part en part...
Une chose me frappe: que ce soit en médecine ou en littérature, toujours, il y a nécessité de prendre contact avec l'Autre. De la même façon qu'un étudiant en médecine se doit d'apprendre à entrer en contact avec les maux d'un patient, ses souffrances et ses difficultés, grâce au langage de ce dernier, l'étudiant en littérature doit, lui aussi, apprendre à entrer en contact avec la poésie du monde, toujours grâce au langage. Les vingt-quatre textes qui composent cette anthologie proviennent de six recueils différents. Ce sont des textes de réflexion, des récits et des poèmes qui, pour la plupart, font des liens entre la médecine et la littérature. Ils constituent une excellente introduction à l'oeuvre de Jean Désy, cet homme aux multiples talents et champs d'intérêt. Médecin, explorateur, professeur, il est aussi à l'aise au chevet d'un enfant malade que dans la toundra en train de dépecer un caribou en compagnie d'un vieil Inuit ou à l'université en train d'enseigner la littérature. Écrivain prolifique, il a publié vingt-cinq livres au cours des vingt-cinq dernières années et il a touché à tous les genres. À sa suite, il nous invite à revenir à l'essentiel et à chercher un sens à la vie. Il nous demande surtout d'aller vers l'Autre et d'aimer. Car vivre ne suffit pas.
C'est au fil de mes pérégrinations dans tout le territoire de la péninsule Québec-Labrador, dans les villes le long du Saint-Laurent, au sud, mais surtout au nord, sur la Côte-Nord / Nitassinan, à la Baie-James / Eeyou Istchee et dans le Grand Nord / Nunavik, que j'ai fini par mieux comprendre les extraordinaires qualités de la vie métisse. À n'en point douter, l'avenir harmonieux de ce pays passe par la métisserie.
Amériquoisie rassemble des essais portant sur l'autochtonie, le nomadisme, le paysage et la nordicité. Témoin, auteur, promeneur et acteur, Jean Désy court le territoire et nous parle de cette aventure dite métisserie.
"Quand tu viendras chez moi
tu seras chez toi
les montagnes douces seront à toi
les nuages seront les tiens
et la neige
toute la neige autour de la maison de bois
eh bien toute cette neige t'appartiendra."
Deux nomades, poètes, guérisseurs, l'une innue, l'autre, québécois, partagent l'amour du même territoire : la Côte-Nord et, au-delà, le Nord. Uashtessiu o Lumière d'automne rassemble les correspondances qu'ils se sont échangées.Quatre saisons pour tisser l'amitié, instants précieux, souffle profond des ancêtres, cri de rivières étranglées, clarté de l'enfance. La parole poétique relie les coeurs là où souvent d'autres formes de langage échouent à rejoindre l'autre.
Isuma, anthologie de poésie nordique est un manifeste de la nordicité. La parole nous apprend le bon usage du monde. Poète, Jean Désy revendique la chair blessée du Grand Nord, donnant aux mots et à cette blanche géographie une part d'humanité et de puissance jusque-là insoupçonnée. Bourlingueur, il court les routes, les soleils, les outardes, les blizzards, les lichens, nous montrant les chemins du nord dans l'humilité et la splendeur des paysages. Car «vivre ne suffit pas», il faut exister et déposer ses espoirs et ses amours aux lisières des territoires. Jean Désy illustre ce rêve d'habiter pleinement la terre avec cette anthologie de poésie nordique, Isuma, qui traduit l'esprit de la toundra, monde magique où se parlent les pierres, les lacs et les animaux. C'est que les territoires ont une âme qui voyage et vagabonde à l'infini. La route résonne dans cet ouvrage majestueux dont la beauté grandit à la fois le corps, l'esprit et l'espace.
Le chorback est une étendue d'eau libre, plus ou moins grande, ouverte dans le glaciel, champ de glaces flottantes. D'inspiration nordique, Jean Désy communique l'immensité et la grandeur de la terre. Transe poétique et traversée du paysage. Le souffle est modulé en plusieurs tons, tantôt cassant et abrupt, tantôt doux et tendre, comme la nature. Chorbacks est un livre qui nomme et exalte la nordicité, cartographie du territoire dans ses principaux éléments (flore et faune). Ouvrage lumineux qui donne à réfléchir sur la meilleure manière d'habiter la terre. Un rythme sauvage et fou.
Une méditation sur la mort, la vie et l'amour.
Résumé
Mourir. Malgré la vie. Malgré la joie. Mourir. Peut-être renaître un jour. Conte-poème au pays des Inuits et des coureurs de froid. Accueilli et soigné au Nunavik, l'aventurier blessé médite sur la mort, la vie et l'amour. C'est dans la toundra que le rescapé retrouvera la force de vivre.
Extrait
Je vous connais gens du Nord
Bien-aimés nomades depuis des lustres
Qui parcourez cette terre
De loups-marins et d'eaux
Je vous connais mes courageux
Et même si je ne vous connaissais pas
Vous me recueilleriez en disant
Bienvenue à toi le pauvret
Celui dont la jambe traîne comme une peau
Entre qu'on te serve un thé brûlant
Viens dans la chaleur de notre abri
L'auteur
Poète, médecin, nomade, voyageur et vagabond, Jean Désy vit autour de Québec, il est toujours en partance entre les îles, les toundras et les taïgas. Il est l'auteur d'une oeuvre profondément humaine. Il a publié chez Mémoire d'encrier Uashtessiu / Lumière d'automne (en collaboration avec Rita Mestokosho, 2010), Chez les ours (2012), Isuma, anthologie de poésie nordique (2013), Bras-du-Nord (en collaboration avec Normand Génois, 2015), Amériquoisie (2016), Chorbacks (2017) et Hymne à l'amoune (2019).
Ça devait être une vertigineuse montée. Celle de l'Everest. C'est plutôt une effroyable descente dans l'enfer de la dysenterie, car le narrateur - au moment où il amorce sa montée - est terrassé par un virus. Des hauteurs célestes, il chute dans la merde au sens le plus vrai du terme. La faiblesse est telle qu'il sombre à plusieurs reprises dans l'épilepsie. Et c'est là que les choses changent: cette perte de conscience provoque des visions érotiques comme jamais le narrateur n'en a eues. Il faut dire qu'il est soigné par des infirmières d'une beauté à couper le souffle et que cela influence sans doute son imaginaire déglingué. Le voyage auquel nous convie Jean Désy est l'envers du sublime. On patauge plutôt dans le grotesque, dans le burlesque, mais il y a, malgré le fait que le protagoniste frôle la mort à chaque page, une bonne humeur et une drôlerie qui nous déride constamment. Absam, le moine-bouffon, y est pour beaucoup dans cette propension à l'hilarité. C'est aussi l'occasion pour le narrateur de s'interroger sur les grands thèmes de l'existence: la mort, l'amour, le bonheur, la compassion, la pauvreté et la richesse, mais aussi la paternité, car le narrateur se sent coupable devant ses fils. Pourtant, ces derniers quitteront tout pour venir le secourir. Nepalium tremens, un roman intense et immense...
L'idée de la mort habite en permanence le nomade. Il voudrait mourir en expédition, sur un haut sommet ou dans une baie cachée de la taïga ou entre deux rochers noirs de la toundra. Ce que souhaite le vagabond-nomade, c'est une croix de bois gris [...] pour que d'autres nomades puissent admirer le même paysage que lui. Ce recueil de textes est plein de détours et de surprises. Il est parfois poétique, parfois lexicologique, parfois philosophique, parfois festif, parfois mystique. Organisé autour de grands thèmes qui soutiennent l'ensemble, ce tour d'horizon sur la nordicité dit des choses graves et belles. Il dit que Dieu a quitté les villes et que c'est dans le silence sidéral et incommensurable de la toundra qu'Il se manifeste, et que percevoir sa présence, c'est comme sentir le souffle de l'esprit divin s'infiltrer dans nos narines. Il dit la beauté et l'espoir du monde. Il dit l'amour du Nord et des Autochtones. Jean Désy vogue entre le Sud et le Nord, entre la haute montagne et la toundra, entre l'autochtonie et la grande ville, entre l'écriture et l'enseignement, entre la médecine et la poésie, entre ses enfants et ses amours, tous éparpillés au gré de leur propre nomadisme. Parmi ses dernières parutions, un recueil de nouvelles intitulé Entre le chaos et l'insignifiance et un recueil de poésie, Toundra.
La musique fait partie intégrante de la vie des enfants et les études montrent qu'elle est bien plus qu'un loisir ou un divertissement.
Témoignant d'une riche et profonde réflexion, Pourquoi la musique ? propose aux lecteurs d'explorer les vastes
territoires que touche l'art musical. Monique Désy Proulx s'inspire de recherches scientifiques et d'exemples concrets pour y dépeindre, notamment, l'effet de la musique sur la santé, ainsi que sa capacité à nourrir la vie affective et sociale.
Joanassie, un jeune Inuit qui vit à Montréal, retourne un jour au Nunavik, où il est né, avec François, un ami de sa mère adoptive. Ils vont chasser le tuktu, le caribou. Ils se rendent dans la toundra en VTT, trouvent un sentier de migration des caribous et se cachent derrière un rocher. Quand un caribou s'avance vers eux, Joanassie se prépare à tirer. Mais rien ne se passe comme prévu...
Le Vieux-Québec plaît depuis toujours aux esprits romantiques. L'arrondissement historique de Québec est devenu en 1985 le premier centre urbain nord-américain inscrit sur la prestigieuse liste du patrimoine mondial de l'Unesco. Seule ville encore fortifiée en Amérique du Nord, la cité fondée par Champlain en 1608 est la capitale du Québec et le berceau de la civilisation française sur le continent.
Ce guide, dont la réputation n'est plus à faire, est destiné à la fois au touriste qui prépare son voyage à Québec, au promeneur qui parcourt à pied les rues du Vieux-Québec et de ses faubourgs et au citoyen qui désire mieux connaître ces quartiers où tout parle d'histoire.
Spécialiste passionné de l'histoire de Québec, sa ville d'adoption depuis 1976, Jean-Marie Lebel y est bien connu. Aucun aspect du passé du Vieux-Québec ne laisse indifférent son esprit curieux. En quelques lignes, en quelques mots, il sait redonner vie à un personnage et recréer l'atmosphère d'une rue.
Grande amoureuse de la ville qui l'a vue naître, Geneviève Désy est devenue guide touristique lors de ses études en histoire et en science politique à l'Université Laval. Elle arpente depuis près de vingt ans les rues et les époques de la capitale nationale, toujours en tant que guide, conseillère pour le gouvernement du Québec et formatrice pour les nouveaux guides au collège Mérici. Elle a aussi collaboré au tome 2 de Vivre la Conquête, publié au Septentrion.
Après avoir obtenu une licence en histoire de l'Université Laval, Marc Pelletier a mené une carrière de près de 30 ans en ressources humaines. Photographe autodidacte, il a remporté plusieurs prix lors de divers concours et expositions. Il a été président de la Société des photographes artisans de Québec pendant six ans. C'est un adepte de photographie urbaine qu'il traite de façon minimaliste et graphique.
Nous sommes fiers de ce coin de pays nommé Bras-du-Nord. Nous y respirons un air pur, à la fois dense et léger. Nous marchons sur les glaces du mont Gibraltar dominant la vallée, nous canotons sur les eaux frissonnantes de la Bras-du-Nord qui rejoint la rivière Sainte-Anne, juste après Saint-Raymond, et toujours les paysages touchent au merveilleux. Miracle qui nous fait pénétrer dans les zones inhabitées de nous-mêmes. Nous devenons tous des paysages d'eau tendre, de reflets profonds, d'oiseaux qui s'évadent au ciel.
Le thème du territoire impose la prospection, l'exploration, le mouvement. Il résonne depuis toujours dans notre littérature, dans nos imaginaires. Que dire aujourd'hui, dans la cartographie connue du monde connu, dans la planète Google accessible de partout du bout du doigt? Qu'intime le territoire aux écrivains d'ici, alors que les déplacements GPS se calculent en nombre de minutes restantes, de tracés prédéfinis et sans surprise, que les paysages défilent sous la poésie d'une voix robotisée servant momentanément de copilote? Le territoire se redéfinit et l'immensité s'amenuise comme peau de chagrin. À la limite des territoires, subitement, la menace du seul et du même, du standardisé et du sans rêve. Les imaginaires se doivent de contre-attaquer. C'est dans cette urgence que Mathieu Blais a suggéré ce projet d'un numéro sur le territoire.
Lettres québécoises donne la couverture de son numéro de printemps à Jean Désy, une personnalité d'exception. Le poète-aventurier-médecin-professeur - et surtout profond humaniste - poursuit depuis 1986 une oeuvre protéiforme et allergique aux barrières. Il nous offre ici son autoportrait en « Amériquoise nordicité » et partage une rencontre avec Rodney Saint-Éloi. Le dossier de ce numéro nous propose quant à lui un portrait de l'UNEQ (Union des écrivaines et des écrivains québécois), qui protège et célèbre les acteurs de notre littérature depuis quarante ans. Puis, les nombreuses et habituelles recensions critiques. En roman, les nouvelles parutions de Normand Cazelais, Sophie Bienvenu, Larry Tremblay et Ying Chen; en récit, Victor Lévy-Beaulieu et un ouvrage autour de Mark Twain; en poésie, les voix puissantes de Chantal Neveu et Louise Dupré; en essai, la passion de la chronique littéraire selon Jean-François Crépeau et le Prix du Gouverneur général 2016 de Michel Morin; et finalement, en roman graphique, le tour de force S'enfuir de Guy Delisle.