Nous sommes en 1997. Après avoir passé quelques années à l'écart pour se faire oublier, loin de Londres et du bruit du monde, Tomás Nevinson accepte une nouvelle mission et redevient un agent des services secrets britanniques. Il doit se rendre dans une ville du nord-ouest de l'Espagne pour identifier et neutraliser une femme originaire d'Irlande du Nord qui s'y cacherait sous les traits de trois personnes différentes. On sait qu'elle est rusée et dangereuse ; on sait que son nom est associé à des attentats sanglants de l'IRA et de l'ETA, et qu'elle pourrait, elle aussi, reprendre du service à tout moment si l'une des organisations terroristes le lui demandait. Tomás Nevinson va devoir la confondre, mais la tâche ne sera pas aisée, car s'immiscer dans la vie d'autrui n'est pas sans risques, surtout quand on ignore jusqu'où cela peut nous entraîner.
Derrière ce jeu de masques, qui se double d'un jeu de séduction, Javier Marías nous offre une réflexion passionnante sur ce qui peut être fait au nom du bien commun et sur la difficulté à déterminer ce qu'est le mal et comment l'on peut ou l'on doit le combattre. ' Tu ne tueras point sauf si... ' : voilà l'impératif moral qui hante les jours et les nuits de notre protagoniste, un héros aux mille visages, comme les grands comédiens, qui croyait avoir déjà tout vécu et à qui, apparemment, plus rien ne pouvait arriver.
"Comme il est facile d'être dans l'obscurité, à moins que ce ne soit notre état naturel."
Berta Isla aime Tomás Nevinson depuis qu'elle l'a rencontré dans leur lycée madrilène. À l'université, tandis qu'elle se rebelle contre le franquisme, Tomás suit de brillantes études à Oxford. Mais une journée suffi t à faire basculer l'existence du jeune homme, le condamnant, jusque dans son couple, à la dissimulation et aux faux-semblants...
Juan vient d'épouser Luisa, traductrice et interprète comme lui. Jeune homme sans histoires, il a tout pour être heureux. Il a toutefois, au retour de son voyage de noces, le sentiment que quelque chose va se produire, et éprouve un certain malaise. Vient-il des propos ambigus que lui a tenus son père après la cérémonie, d'une scène surprise à La Havane pendant le voyage, ou tout simplement d'une histoire familiale gardée jusqu'alors secrète ?
Le roman de Javier Marías s'ouvre sur un suicide magistralement conté et se referme sur une révélation en coups de théâtre successifs selon les jeux subtils du mensonge et de la vérité, des secrets et des soupçons. Usant tour à tour de l'ironie, du drame, de la farce, du tableau de moeurs, Marías invente une forme neuve pour rendre compte d'un cheminement intellectuel inédit.
« L'avenir était si tentant qu'il valait la peine d'enterrer le passé. »
Madrid, 1980. Depuis la mort de Franco cinq ans plus tôt, la ville s'est transformée en une interminable fête. Le jeune Juan travaille pour Eduardo Muriel, célèbre cinéaste qui lui présente sa femme, la belle et inquiétante Beatriz, et lui ouvre les portes de leur maison. D'abord fasciné, Juan comprend progressivement que le brillant décor a un envers bien plus obscur. À mesure qu'il plonge dans l'intimité du couple, les secrets qu'il découvre vont changer le cours de sa vie.
Après le succès mondial de Comme les amours, Javier Marías signe un roman éblouissant sur les frontières incertaines entre la passion et la haine, entre la justice et le désir de vengeance, entre l'oubli et l'impossibilité du pardon.
« Sexe, mensonges et post-franquisme. Javier Marías est l'un des romanciers les plus pénétrants de notre temps. »
Nathalie Crom, Télérama
Chaque matin, dans le café où elle prend son petit déjeuner, l'éditrice madrilène María Dolz observe un couple qui, par sa complicité et sa gaieté, irradie d'un tel bonheur qu'elle attend avec impatience, jour après jour, le moment d'assister en secret à ce spectacle rare et réconfortant.
Or, l'été passe et, à la rentrée suivante, le couple n'est plus là. María apprend alors qu'un malheur est arrivé. Le mari, Miguel Desvern, riche héritier d'une compagnie de production cinématographique, a été sauvagement assassiné dans la rue par un déséquilibré. Très émue, elle décide de sortir de son anonymat et d'entrer en contact avec sa femme, Luisa, qui est devenue un être fragile, comme anesthésié par la tragédie. Dans l'entourage de Luisa, María rencontre Javier Díaz-Varela, le meilleur ami de Miguel, et elle comprend vite que les liens que cet homme tisse avec la jeune veuve ne sont pas sans ambiguïté. Bien au contraire : cette relation jette une ombre troublante sur le passé du couple, sur la disparition de Miguel, sur l'avenir de Luisa et même sur celui de María.
Servie par une prose magistrale, habile à sonder les profondeurs de l'âme humaine mais aussi à tenir son lecteur en haleine, cette fable morale sur l'amour et la mort ne peut que nous rappeler, par son intensité, les meilleures pages d'Un coeur si blanc ou de Demain dans la bataille pense à moi. Comme par le passé, Javier Marías y dialogue avec les tragédies de Shakespeare mais également avec Le Colonel Chabert de Balzac dont il nous offre ici une lecture brillante, complètement inattendue et strictement contemporaine.
Divorcé depuis peu, Víctor, scénariste pour la télévision, et nègre à l'occasion, est invité un soir à dîner chez Marta, mariée, mère d'un enfant. Alors qu'ils sont dans la chambre "à demi vêtus et à demi dévêtus", Marta se sent de plus en plus mal, jusqu'à agoniser et mourir. À trois heures du matin, dans un appartement inconnu à Madrid, que doit faire Víctor ? Se débarrasser du cadavre ? Prévenir le mari ? Réveiller l'enfant endormi ? Víctor choisira de fuir. Avant de se laisser mener par les événements, certains inoffensifs, d'autres périlleux.
Sur une trame d'une extrême originalité, Javier Marías réussit une intense variation sur des sujets qui nous touchent tous : la dissimulation, le mensonge, l'ignorance de ce qui nous fait agir, le rejet de ceux que nous avons aimés.
Faulkner à cheval, Conrad à terre, Isak Dinesen et la vieillesse, Joyce et ses gestes, Stevenson parmi les bandits, Conan Doyle devant des femmes, Wilde en prison, mais également Tourgueniev, Mann, Lampedusa, Rilke, Nabokov, Madame du Deffand, Rimbaud, Henry James, le grand Laurence Sterne... Une vingtaine de génies de la littérature sont ressuscités dans ces biographies brèves et inhabituelles, qui se lisent comme de petites nouvelles grâce à la précision, la vivacité et l'élégance de la prose de Javier Marías. Tous ces classiques sont traités ici comme des personnages de fiction, avec un humour et avec une ironie non dénués d'ambiguïté ni de profondeur.
Le volume est complété par six portraits de femmes fugitives ou en fuite, dépeintes avec autant d'intensité que de minutie. Au fil des pages, ces vingt-six portraits irrévérencieux de grands écrivains se muent en une invitation amusante, mélancolique et fascinante à les lire ou les relire.