En septembre 2010, à l'initiative de Bruno Latour débutait dans une salle de Sciences Po une étrange et heureuse expérience, qui ne s'est jamais arrêtée depuis. Une aventure pédagogique singulière prenait son élan, résultat d'une réflexion au croisement des sciences sociales, de la politique et des arts. Ce livre raconte l'évolution de l'École des arts politiques (aussitôt surnommée SPEAP), qui a largement participé à l'éclosion d'un riche débat intellectuel, français et international, autour du nouveau régime climatique compris non comme un « sujet » parmi d'autres mais comme l'occasion de réinterroger l'ensemble des manières de voir, de penser et d'agir.
Bruno Latour inspire depuis plusieurs décennies le travail de philosophes, historiennes et historiens, sociologues, éthologues, anthropologues et artistes dans le monde entier.
Face à Gaïa occupe une place particulière dans son oeuvre : ce livre appelle à une réaction au-delà de la simple assimilation théorique.
Ce qui a l'apparence d'une question purement scientifique est en vérité un différend d'ordre politique. L'hypothèse Gaïa de Lovelock et Margulis représente l'effort pour reconnaître que la Terre est un sujet qui agit et intervient avec force dans notre histoire. Nous sommes moins sur la Terre que face à elle. La question écologique est moins celle du respect du vivant que celle de l'acceptation et de la représentation de l'actrice politique par excellence : notre planète. Reconnaître sa puissance d'agir signifie faire coïncider la protagoniste de l'histoire de la vie avec sa scène.
Autour de ce défi, des spécialistes de différentes disciplines scientifiques et artistiques se sont réunis. Chacun des auteurs raconte sa rencontre avec une des propositions contenues dans
Face à Gaïa, comment elle l'a interrogé, bouleversé, voire contrarié. On ne fera face à Gaïa qu'en entremêlant les savoirs issus de l'exploration de cette " zone critique " (autre nom de Gaïa), les performances des artistes, la philosophie, la métaphysique et la théologie.
Gaïa en sort encore plus fascinante, provocante et menaçante.
Céleste Boursier-Mougenot produces systems from everyday situations and objects, as well as devices, of which he then extracts their musical and sound potential. In this way, the artist reconfigures both the rhythmic and melodic possibilities of his materials, which he uses to generate sonic forms that he describes as being "living." Based on a close relationship with the architectural and spatial nature of the exhibition space, each system creates a framework favoring a multi-sensorial experience for the visitor. In 2015, Céleste Boursier-Mougenot is representing France at the 56th Contemporary Art Biennial in Venice. For the Palais de Tokyo, he has conceived a lakeside landscape, leading visitors into a tactile, visual and sonic experience, thus changing their perception of the space. Visitors are drawn into a flow of images, creating doors leading into a hallucinatory journey.
Book contents
- "Zombie Choreography": Céleste Boursier-Mougenot in conversation with Daria de Beauvais, curator of Céleste Boursier-Mougenot's exhibition at the Palais de Tokyo
- "Prepared universe": an essay by Frédérique Aït-Touati
- Notes on a selection of the artist's works
About the authors
- Frédérique Aït-Touati is a stage director and researcher. She stages performances and plays that combine sciences, arts, and politics. She has published several studies on the relations between the arts and the sciences.
- Daria de Beauvais is a curator at the Palais de Tokyo.
Published on the occasion of Céleste Boursier-Mougenot's solo exhibition at the Palais de Tokyo, "acquaalta," 24.06 2015 - 13.09 2015
Céleste Boursier-Mougenot élabore des dispositifs à partir de situations, d'objets du quotidien et d'appareils, dont il extrait le potentiel sonore et musical. L'artiste reconfigure ainsi les possibilités rythmiques et mélodiques, aussi bien visuelles que sonores, des matériaux qu'il emploie, pour générer des formes sonores qu'il qualifie de « vivantes ». Déployé en relation étroite avec les données architecturales et spatiales du lieu dans lequel il est présenté, chaque dispositif constitue pour le visiteur un cadre propice à une expérience plurisensorielle. En 2015, Céleste Boursier-Mougenot représente la France à la 56e biennale d'art contemporain de Venise. Au Palais de Tokyo, il imagine un paysage lacustre qui entraîne le visiteur dans une expérience visuelle, tactile et auditive modifiant sa perception des lieux. Le visiteur est introduit dans un flux d'images créant les prémices d'un voyage halluciné.
Au sommaire de ce livre - « Chorégraphie Zombie » : une conversation entre Céleste Boursier-Mougenot et Daria de Beauvais, commissaire de l'exposition de Céleste Boursier-Mougenot au Palais de Tokyo - « Univers préparé » : un essai de Frédérique Aït-Touati - Un ensemble de notices sur une sélection d'oeuvres de l'artiste Au sujet des auteurs - Frédérique Aït-Touati est metteur en scène et chercheuse. Elle met en scène des performances et des spectacles qui croisent sciences, arts et politique. Elle a publié plusieurs ouvrages sur les rapports entre arts et savoirs.
- Daria de Beauvais est curatrice au Palais de Tokyo.
Livre publié à l'occasion de l'exposition personnelle de Céleste Boursier Mougenot au Palais de Tokyo, « acquaalta», 24.06 2015 - 13.09 2015.
Quand Boileau oppose le gain et la gloire dans des vers célèbres de l'Art poétique, il fait plus que claironner son intention de souscrire ouvertement à la nouvelle politique littéraire et artistique du Roi-Soleil. En même temps, et sans doute plus profondément, il met en relief une angoisse qui traverse tout le XVIIe siècle : comment intégrer dans les circuits d'échange des objets, comme l'« art divin » de la poésie, qui par nature se présentent comme foncièrement incommensurables? À travers des analyses portant sur la pastorale (Thomas Pavel), le don (Hélène Merlin), l'échange et le titre dans Le roman bourgeois (Craig Moyes), la figure de l'auteur chez Pascal (Éric Méchoulan), le vraisemblable dans la correspondance entre Chapelain et Huygens (Frédérique Aït-Touati) et la félonie chez le duc de Saint-Simon (Frédéric Charbonneau), des questions étroitement liées à la commensurabilité font percevoir, au-delà de l'intérêt particulier de tel ou tel cas, une parenté profonde qui nous renseigne moins sur les axiologies qui avaient cours au XVIIe siècle que sur les techniques et les stratégies littéraires employées par divers écrivains pour assurer, modifier, miner ou simplement interroger les valeurs qui en étaient issues.