Prix Ouest-France Étonnants voyageurs 2023.
Hannah est une Nisei, une fille d'immigrés japonais. Si son père l'a bercée de contes nippons, elle se sent avant tout canadienne ; alors pourquoi les autres enfants la traitent-ils de « sale jaune » ? Jack, lui, est un creekwalker, il veille sur la forêt et se réfugie dans les légendes autochtones depuis le départ de son frère à la guerre. Le jour où l'ermite tombe nez à nez avec un ours blanc au coeur de la Colombie-Britannique, il croit rêver - la créature n'existe que dans les mythes anciens. Pourtant, la jeune femme inconsciente qu'il recueille semble prouver le contraire : marquée des griffes de la bête, Hannah développe d'étranges dons à son réveil. Des années 1920 à l'après-guerre, Marie Charrel brosse le portrait d'une Amérique du Nord où la magie sylvestre s'enchevêtre à la fresque historique. Contes japonais et légendes indigènes se lient dans une fabuleuse ode à la nature et à la fraternité.
Un grand roman d'aventures sur le thème de la relation homme-animal.
1835.
Gus, un jeune zoologiste, est envoyé par le musée d'histoire naturelle de Lille pour étudier la faune du nord de l'Europe.
Lors d'une traversée, il assiste au massacre d'une colonie de grands pingouins et sauve l'un d'eux. Il le ramène chez lui aux Orcades et le nomme Prosp. Sans le savoir, Gus vient de récupérer le dernier spécimen sur terre de l'oiseau.
Une relation bouleversante s'instaure entre l'homme et l'animal. La curiosité du chercheur et la méfiance du pingouin vont bientôt se muer en un attachement profond et réciproque.
Au cours des quinze années suivantes, Gus et Prosp vont voyager des îles Féroé vers le Danemark. Gus prend progressivement conscience qu'il est peut-être le témoin d'une chose inconcevable à l'époque : l'extinction d'une espèce. Alors qu'il a fondé une famille, il devient obsédé par le destin de son ami à plumes, au détriment de tout le reste. Mais il vit une expérience unique, à la portée métaphysique troublante : qu'est-ce que veut dire aimer ce qui ne sera plus jamais ?
À l'heure de la sixième extinction, Sibylle Grimbert interroge la relation homme-animal en convoquant un duo inoubliable. Elle réussit le tour de force de créer un personnage animal crédible, de nous faire sentir son intériorité, ses émotions, son intelligence, sans jamais verser dans l'anthropomorphisme ou la fable. Le Dernier des siens est un grand roman d'aventures autant qu'un bouleversant plaidoyer dans un des débats les plus essentiels de notre époque.
Sibylle Grimbert est éditrice et romancière. Ella a déjà publié aux Éditions Anne Carrière Le Fils de Sam Green, Avant les Singes, La Horde.
Titre lauréat du Prix littéraire 30 millions d'Amis.
« C'est plus qu'un tour de force, c'est fascinant » - Michel Houellebecq
« Un livre extraordinaire » - Teresa Cremisi
« Un tour de force » - Joël Dicker
« Je n'imaginais pas qu'un grand pingouin (...) puisse me faire battre le coeur... » - Didier Decoin
Un huis clos sur la banquise ! Une fascinante histoire d'ambition, d'héroïsme et de survie en Antarctique qui se lit comme un roman.
En 1897, la Belgica quitte Anvers avec Adrien de Gerlache, jeune capitaine à sa tête, Roald Amundsen, le futur grand explorateur en second, vingt-trois hommes d'équipage inexpérimentés et indisciplinés, et une demi-tonne d'explosifs : direction le pôle Sud magnétique !
Le vieux baleinier est vite pris dans l'étau des glaces. C'est le début de treize mois de cauchemar pour le premier hivernage en Antarctique dans un isolement extrême. En proie à divers maux et à l'invasion des rats, les hommes luttent pour ne pas céder au désespoir et à la folie grâce à l'ingéniosité d'un singulier personnage, à la fois chirurgien et ethnologue, Frederick A. Cook. Celui-ci leur impose ainsi de se nourrir de viande de pingouin pour éviter le scorbut, les expose à la lumière du feu en une tentative inédite de luminothérapie et les oblige à marcher chaque jour autour du navire. La Belgica réussira-t-elle à se dégager de la banquise au terme d'une extraordinaire et épique aventure qui servira d'exemple à la NASA comme aux futures expéditions vers le pôle Sud menées par Amundsen ?
Julian Sancton est un journaliste new-yorkais qui a écrit pour plusieurs magazines (Vanity Fair, The New Yorker, Esquire) qui l'ont envoyé aux quatre coins du globe. Encensé par les journaux anglo-saxons, son livre a été traduit en plusieurs langues et sélectionné par le Times comme l'un des meilleurs de l'année 2021.
Grand Prix de l'Imaginaire 2023 - Catégorie roman francophone
Grâce à ce roman mordant, Marguerite Imbert est une révélation pour la science-fiction française. Numerama
Une folle odyssée sous des cieux aveuglants, sur des mers acides qui empruntent leurs couleurs à une délicieuse poignée de bonbons chimiques.
Tout commence par un naufrage. Ismaël, naturaliste de Rome, agonise sur un radeau de fortune quand il est repêché par le Player Killer, un sous-marin capable de naviguer dans les courants acides. Maintenant prisonnier des flibustiers de la mer chimique et de leur excentrique capitaine, Ismaël se demande comment réussir sa mission.
Sur la terre ferme, la solitude n'a pas réussi à la graffeuse Alba - omnisciente ou presque. Bien qu'elle ait tendance à confondre les dates et les noms, elle est choisie pour incarner la mémoire des survivants. Dans une Rome assiégée par les flots toxiques de la Méditerranée, la jeune femme va apprendre à ses dépens que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire.
Et si, séparés par des milliers de kilomètres, ignorant tout l'un de l'autre, Ismaël et Alba cherchaient à percer la même énigme ?
Née en 1994 en Guadeloupe, aux Abymes, Marguerite Imbert a passé une grande partie de sa vie sur la route. Elle a vécu dans de nombreux endroits bizarres et, depuis plusieurs années, elle se consacre à l'écriture. Son premier roman, Qu'allons-nous faire de ces jours qui s'annoncent ? (Albin Michel, 2021) mettait en scène les affrontements idéologiques qui se sont cristallisés autour de la ZAD de Notre-Dame-Des-landes.
Année 2454. Trois siècles après des évènements meurtriers ayant remodelé la société, les concepts d'État-nation et de religion organisée ont disparu. Dix milliards d'êtres humains se répartissent ainsi par affinités, au sein de sept Ruches aux ambitions distinctes. Paix, loisirs, prospérité et abondance définissent ce XXVe siècle radieux aux atours d'utopie. Qui repose toutefois sur un équilibre fragile. Et Mycroft Canner le sait mieux que personne... Coupable de crimes atroces, condamné à une servitude perpétuelle mais confident des puissants, il lui faut enquêter sur le vol d'un document crucial : la liste des dix principaux influenceurs mondiaux, dont la publication annuelle ajuste les rapports de force entre les Ruches. Surtout, Mycroft protège un secret propre à tout ébranler : un garçonnet aux pouvoirs uniques, quasi divins. Or, dans un monde ayant banni l'idée même de Dieu, comment accepter la survenue d'un miracle ?
"La peur était pour le peuple iranien une compagne de chaque instant, la moitié fidèle d'une vie. Les Iraniens vivaient avec dans la bouche le goût sablonneux de la peur. Seulement, depuis la mort de Mahsa Amini, la peur était mise en sourdine : elle s'effaçait au profit du courage."
Fin 2022, au plus fort de la répression contre les manifestations qui suivent la mort de Mahsa Amini, François-Henri Désérable passe quarante jours en Iran, qu'il traverse de part en part, de Téhéran aux confins du Baloutchistan. Arrêté par les Gardiens de la révolution, sommé de quitter le pays, il en revient avec ce récit dans lequel il raconte l'usure d'un monde : celui d'une République islamique aux abois, qui réprime dans le sang les aspirations de son peuple.
"Comment présenter Sade au lecteur de bonne foi ?
Comment le persuader que l'érotisme, malgré tant de scènes de débauche, est loin de résumer l'homme ou l'oeuvre ?
Comment faire un portrait de Sade qui n'édulcore rien, mais ne recommence pas le procès ?
Comment, enfin, lire Sade pour ce qu'il est ? Un auteur prolifique, à l'insatiable curiosité, qui connaît du monde tout ce qu'on peut connaître à son époque, jusqu'en Afrique et en Océanie. Qui a interrogé la nature humaine à partir de sa propre expérience, et de son imagination sans limites. Et surtout, qui a comparé passionnément les croyances, les coutumes de tous les peuples, sans préjugés.
Alliant à une sexualité qui n'est plus tournée vers la procréation un athéisme radical et la volonté d'en finir avec les tyrans, Sade s'aventure sur les territoires des ethnographes et des anthropologues, dont il est le précurseur en héritier des Lumières.
C'est ce que j'ai voulu montrer en faisant le récit de ma lecture."
Gérard Macé.
' C'est grâce à un nom de femme, aussi mystérieux que les lettres effacées d'un alphabet ancien, aussi difficile à retenir qu'une langue apprise et jamais parlée, que m'est revenu non le souvenir d'un rêve, mais le souvenir d'avoir rêvé. '
Gérard Macé réunit ici deux de ses ouvrages et compose ainsi un bel autoportrait, vu à travers mille vies.
Le premier livre, Vies antérieures, nous porte à la rencontre de personnages célèbres et d'inconnus. L'occasion de s'arrêter un moment avec le scribe égyptien, le vitrier de Baudelaire, le poète persan Tarafa, Clérambault le maître déçu de Lacan, un Henri Michaux fantômatique ou Clelia Marchi qui écrivait sa vie sur un linceul...
Les trois coffrets, ensuite, nous invite dans l'intimité de l'auteur. On y suit, entre prose et poésie, le destin d'une jeune femme morte à Rome et de Crepereia Tryphaena, la poupée sculptée retrouvée dans son sarcophage. Une aventure ' archéologique ' qui nous conduit à l'histoire d'un traumatisme, lié au père de ' l'écrivain colporteur '.
"Tout le monde pense, les poètes aussi.
On ne s'en aperçoit pas toujours, parce qu'on préfère les voir en rossignols ou en oiseaux lyres, distraits plutôt que pensifs. Ou en êtres irrationnels, en proie à une fureur dangereuse pour la Cité, ce qui conduisit Platon à les bannir de sa République.
Et pourtant. Comment ne pas penser quand la mémoire et le langage sont en jeu, quand tout l'être soutenu par le rythme est à la recherche du mot juste, afin de piéger une vérité qui se dérobe ? Mais la pensée des poètes exerce un charme, et l'on se méfie de ce qui ensorcèle, on n'aime guère être séduit quand on voudrait que règnent les idées. La poésie pense en images, elle s'empare d'objets imprévus ou réputés futiles. Elle aime les surprises plutôt que la théorie, la sensualité plutôt que l'abstraction, et c'est souvent après coup que le poète découvre ce qu'il avait à dire."
Vingt-trois grands poètes, de Charles Baudelaire à Jacques Réda, peuplent cette anthologie conçue par un vingt-quatrième d'entre eux.
Pierre Clastres et les Indiens Guayakis, qui mangent leurs morts et connaissent donc le vrai goût de l'homme ; Marcel Griaule qui croit rencontrer Hésiode en Afrique, et cueillir le récit des origines sur les lèvres d'un vieillard aveugle ; Georges Dumézil et les peuples de l'Antiquité, dont les histoires et les croyances sont parvenues jusqu'à nous grâce aux textes, comme dans une migration des âmes qui aurait laissé des traces ; l'Éthiopie enfin, qui a gardé de son histoire des archives qui sont parmi les plus vieilles de l'humanité : ces expériences sont l'occasion de revisiter le musée de l'homme dont chacun d'entre nous est le fondateur et le gardien, mêlant ses souvenirs personnels à ceux des voyageurs et des peuples disparus, à la merci d'une mémoire qui refait sans cesse l'inventaire...
Un musée où les morts se mettent à parler, où les vivants échangent leurs rôles et leurs masques, redisent les anciennes légendes en les interprétant, relancent l'imaginaire en s'inventant des origines, comme de vieux enfants parfois trop crédules.
Ce qui permet de vérifier qu'il existe une autre communauté que celle du sol ou du sens - la communauté des hommes qui se souviennent des mêmes récits.
"La vie n'est pas simplement une question de destin, mais de passion. Retrouver la parole perdue, c'est se restituer une origine qui s'accorde à l'ordre du monde. [...] Bois dormant narre une exploration de soi en vue de répondre à l'injonction prononcée dans Le jardin des langues : "Videz-vous de la peur de la nuit". L'effroi de la mort n'a d'autre raison que l'ignorance de la naissance. On piétine dans les marais de la mémoire afin, momentanément, de remonter au commencement de soi, à l'origine de l'écriture, au point du jour."
Jean Roudaut.
C'est en ce point du double éveil de l'être et du monde que se tient Gérard Macé. Aussi est-il, comme le suggérait Hlderlin, l'un de ceux qui tentent "d'habiter poétiquement le monde". D'où ce statut d'écrivain-poète qui est sa marque propre. Avec lui, il est vrai, ainsi qu'il l'a déclaré, "la poésie est tombée dans la prose", et c'est un surcroît d'espace soudain accordé à l'écriture poétique.
"De Champollion, j'ai d'abord su qu'il n'était pas en Égypte avec Bonaparte ; que de la pierre de Rosette il n'a jamais vu que des copies plus ou moins fautives ; qu'il souffrait de la goutte et de ses pieds enflés comme ceux d'OEdipe ; qu'il entendait rugir un lion dans le nom de Cléopâtre, et qu'il s'évanouit devant son frère quand il eut trouvé le secret des hiéroglyphes...
Puis j'ai su que pendant l'hiver 1827 on lui fit la lecture des romans de Fenimore Cooper, en particulier Le dernier des Mohicans. Je l'ai suivi sur cette piste romanesque, à travers une forêt qu'il cherchait peut-être à déchiffrer en même temps qu'il s'intéressait aux moeurs et aux coutumes "des nations sauvages de l'Amérique"".
Prix France Culture 1989