06/01/2023
Depuis qu'elle a emménagé dans la demeure du vieux McMartin, Olive en a vu de toutes les couleurs : objets ensorcelés, peintures vivantes, chats qui parlent... Pourtant, elle n'est pas au bout de ses surprises car l'horrible Annabelle McMartin a réussi à s'échapper des tableaux magiques et semble déterminée à libérer les forces les plus maléfiques de la vieille masure...
Cent Ans de solitude. Épopée de la fondation, de la grandeur et de la décadence du village de Macondo, et de sa plus illustre famille de pionniers, aux prises avec l’histoire cruelle et dérisoire d’une de ces républiques latino-américaines tellement invraisemblables qu’elles nous paraissent encore en marge de l’Histoire, Cent Ans de solitude est ce théâtre géant où les mythes engendrent les hommes qui à leur tour engendrent les mythes, comme chez Homère, Cervantes ou Rabelais. Chronique universelle d’un microcosme isolé du reste du monde – avec sa fabuleuse genèse, l’histoire de sa dynastie, ses fléaux et ses guerres, ses constructions et ses destructions, son apocalypse – « boucle de temps » refermée dans un livre où l’auteur et le dernier de sa lignée de personnages apparaissent indissolublement complices, à cause de « faits réels auxquels personne ne croit plus mais qui avaient si bien affecté leur vie qu’ils se trouvaient tous deux, à la dérive, sur le ressac d’un monde révolu dont ne subsistait que la nostalgie ».« Gabriel Garcia Marquez a atteint l’expression la plus parfaite et la plus pathétique de la solitude de l’homme sud-américain. »Le Monde« Cent Ans de solitude est un chef-d’œuvre et certainement l’un des meilleurs romans latino-américains à ce jour. Marquez a réussi non seulement un best-seller, mais un best-seller qui mérite son succès. »TimesGabriel García Márquez est né en 1928 à Aracataca, village de Colombie, le Macondo dont parle une grande partie de son œuvre. Formé au journalisme, qu’il a toujours exercé avec passion, il a bâti une œuvre romanesque qui a fait de la Colombie un mythe littéraire universel.Gabriel García Márquez a reçu le prix Nobel de littérature en 1982.
Au soir d'une vie consacrée à l'exploration de l'âme humaine, Freud affirme que ceux qu'il désigne comme « animaux supérieurs », qui ont notamment connu une période de dépendance dans l'enfance, ont le même appareil psychique que l'homme. Cette affirmation est rendue possible grâce à une conception du psychisme plus profonde que celles qui lient inconscient et langage. Elle fait appel à l'histoire de l'évolution et pense une commune condition des êtres vivants, nés et mortels. Si Freud extrapole sa thèse de l'inconscient, du moi et du surmoi aux animaux supérieurs, ce n'est donc en rien par anthropomorphisme. Il s'agit plutôt d'un constat, désormais étayé par l'éthologie et la psychiatrie vétérinaire, qui décrivent des conflits intérieurs et traitent de psychopathologies.
Par-delà la pleine reconnaissance d'une vie consciente, la prise en compte de l'inconscient des animaux renouvelle notre compréhension philosophique du psychisme, aussi bien humain que non-humain.
Florence Burgat est philosophe, directeur de recherche à l'INRAE, affectée aux Archives Husserl (ENS Paris). Elle travaille sur la condition animale, notamment sous un angle phénoménologique. Elle est entre autres l'auteur de L'Humanité carnivore (Seuil, 2017) et de Qu'est-ce qu'une plante ? (Seuil, 2020).
Péril climatique, extinction des espèces, pollutions… N’en jetez plus ! Démoralisée par la litanie des mauvaises nouvelles, la journaliste Dorothée Moisan a décidé de réagir. Refusant de céder à l’éco-anxiété, elle est partie en quête de personnalités qui, bien qu’aux premières loges du désastre, trouvent des raisons de vivre, de lutter, et d’être heureux.Car effondrement ou pas, on peut garder la pêche ! C’est ce que révèlent ces portraits d’écologistes inspirants : non seulement ils ne se laissent pas abattre, mais rebondissent par l’action, la créativité, le rire, la transmission ou l’engagement. Pleinement conscients de la catastrophe écologique, l’humoriste Guillaume Meurice, le jardinier Gilles Clément, la maire Léonore Moncond’Huy, la glaciologue Heïdi Sevestre, l’ingénieur Corentin de Chatelperron, l’écologue Franck Courchamp, la facilitatrice de transition Anne de Béthencourt, l’étudiante Louise Arrivé ou le père de famille Guillermo Fernandez arrivent encore à s’amuser. Ils ont trouvé l’astuce philosophale pour se battre en gardant le sourire et nous livrent leurs réjouissantes recettes de survie. Afin que nous devenions, nous aussi, des écoptimistes !Dorothée Moisan, journaliste d’investigation, a choisi d’explorer les abîmes climatiques et environnementaux. Elle a publié notamment Les Plastiqueurs. Enquête sur ces industriels qui nous empoisonnent (Kero, 2021) et Le Justicier. Enquête sur un président au-dessus des lois (Editions du Moment, 2011).
Qui est le docteur Schütz, pauvre réfugié allemand, qui arrive à Paris à l'automne 1938 quand les lois du Reich nazi interdisent sa profession aux Juifs ? Raymonde, jeune pharmacienne et mère de la narratrice, lui vient en aide jusqu'à ce que, les soldats allemands occupant la moitié du pays, il révèle sa véritable identité. Cet antinazi convaincu se portera au secours de la famille juive de notre autrice. Et, malgré tout, la tragédie se noue au fin fond de la France collabo.
Dans ce roman vrai, Catherine Clément, plus vive que jamais, fait souffler le grand vent de l'Histoire. Autour des vies sauvées ou perdues de ses proches, elle brosse à grands traits les mille événements du drame absolu qui se joue alors dans l'Europe entière. Tout en faisant oeuvre de mémoire, elle nous donne à lire ses pages les plus intimes.
Catherine Clément, philosophe, est l'autrice d'une soixantaine de livres, essais et romans.
Louis Witter a passé dix-huit mois dans le Nord-Pas-de-Calais. Dix-huit mois à enquêter sur la stratégie de politique intérieure lancée par Bernard Cazeneuve et renforcée par Emmanuel Macron et son ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin : celle dite du « zéro point de fixation ».Caractérisée par des battues ou chasses à l’homme organisées toutes les 48 heures, cette stratégie de gestion policière des campements de migrants a pour but de dissuader les personnes de s’installer et de se regrouper : une manière de gouverner par l’image, l’exemple et la violence.Dans ce livre, à mi-chemin entre l’enquête et l’essai, Louis Witter montre comment la politique locale, le droit, les politiques institutionnelles et les pratiques policières œuvrent de concert pour légitimer toujours plus de violences envers les personnes étrangères.Un phénomène qui témoigne d’un rapport particulier, inquiétant et renouvelé que la police et l’État entretiennent avec l’étranger et la citoyenneté. Louis Witter est journaliste. La Battue est son première livre.
1973, Alabama. Civil Townsend est une jeune infirmière afro-américaine, fraîchement diplômée et embauchée dans un planning familial à Montgomery. Convaincue de l'utilité de son travail, elle est toute dévouée à ses patientes et assure les suivis de grossesse, mais aussi les prescriptions de contraceptifs aux jeunes filles à sa charge.
Lorsqu'elle rencontre Erica et India Williams, treize et onze ans, la vie de Civil va radicalement changer. Car, très vite, elle s'interroge : pourquoi doit-elle leur imposer une contraception alors qu'elles sont si jeunes ? Est-ce que la famille a donné son accord ? Prise de doutes, Civil commence à enquêter sur les pratiques en place dans le milieu médical de son époque. Au risque de perdre son emploi, elle mettra tout en oeuvre pour dévoiler une des politiques les plus innommables des États-Unis.
Inspiré de faits réels qui ont profondément marqué l'Amérique, ce roman est un témoignage percutant et émouvant, une leçon d'espoir et de dignité.
DOLEN PERKINS-VALDEZ enseigne la littérature à l'American University de Washington. Son troisième roman, Prends ma main, est sa première oeuvre traduite en France.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Emmanuelle Aronson.
"Un jour, viendra une enfant qui détrônera un roi et amènera un grand changement. »
Il était une fois une fillette qui avait perdu la mémoire et savait seulement deux choses : elle s'appelait Beatryce et on l'avait trouvée dans la bergerie d'un monastère. Frère Edik, qui l'avait secourue, en était certain : elle était promise à un destin hors du commun.
Mais qui était vraiment Beatryce ? Et quels secrets avait-elle enfouis loin, très loin dans sa mémoire ? Pour le savoir, il fallut d'abord qu'elle échappe aux soldats du roi lancés à ses trousses...
Pouvons-nous réellement (ré-)habiter notre condition terrestre sans faire face à ce qui se joue au plus profond de nous-mêmes ? Si le capitalisme continue obstinément d’orchestrer une croissance économique mortifère et insoutenable, c’est qu’il se sert adroitement de nos fragilités existentielles. L’économie est en effet traversée d’enjeux tenaces et profondément enfouis, le plus souvent invisibles, comme le déni de la mortalité, la peur de la fragilité et de la souffrance, et l’angoisse du manque et de l’annihilation, qui peuvent court-circuiter notre capacité d’empathie et notre conscience environnementale pour faire de nous des êtres peu clairvoyants, impulsifs et parfois destructeurs.
La transition écologique implique dès lors non seulement des réformes structurelles de grande ampleur, mais aussi notre réinvention profonde en tant qu’êtres humains : nous avons à devenir lucides concernant les vulnérabilités existentielles qu’exploite en nous, à notre insu, le capitalisme croissanciste. Notre plasticité anthropologique nous aidera à y travailler collectivement, par des solutions non consuméristes ouvrant des horizons d’expérimentation radicale.
C’est de cette mutation humaine et d’un nouveau rapport à la mort, donc à la vie, que pourra émerger, grâce à une réconciliation avec notre finitude et celle de la Terre, une existence écologique post-capitaliste.Christian Arnsperger, économiste, est professeur à l’Université de Lausanne. Il interroge les dimensions anthropologiques de la croissance économique et les conditions de possibilité d’une transition écologique. Il a notamment publié Critique de l'existence capitaliste. Pour une éthique existentielle de l'économie (Cerf, 2005), Éthique de l'existence post-capitaliste. Pour un militantisme existentiel (Cerf, 2009) et Écologie intégrale. Pour une société permacirculaire (avec D. Bourg, PUF, 2017).
Un père agonisant en proie à la fièvre et au délire raconte sa jeunesse, son Grand Tour, les palais vénitiens peuplés de figures fascinantes et maléfiques, sa ruine et son plus beau voyage, la traversée à pied du fleuve Hudson gelé ; un fils encore enfant, assis au pied du lit, recueille, attentif, ces derniers mots hallucinés.
L'oeuvre d'Herman Melville, auteur magistral, incompris, bien trop en avance sur son temps et jugé fou et dangereux par certains critiques de l'époque, puiserait-elle sa source dans cet ultime legs paternel ?
S'interrogeant sur les méandres de la fiction, qui oscille sans cesse entre réalité et imagination, Rodrigo Fresán aborde sous un jour nouveau l'énigme de la vocation littéraire. À la fois biographie souvent inventée, roman gothique peuplé de fantômes et évocation d'un amour filial, Melvill condense tout le talent, l'humour et l'immense culture du grand écrivain argentin.
Traduit de l'espagnol (Argentine) par Isabelle Gugnon
« Mevill est une invocation, une "séance" : les voix du père et du fils traversent le temps pour parler d'échec et de génie, des mystères de la baleine et des vampires dans le ciel de la nuit. Fresán invoque les héritiers de la tristesse et de l'obsession d'une écriture hypnotique d'une rare beauté. Ce roman est une invitation à marcher sur la glace. » Mariana Enriquez
« Une écriture puissante et hypnotique » El Mundo
« Fascinant. » El País
« Passionnant pour les amateurs de Melville, mais aussi du pur Fresán. » La Vanguardia
« Une interprétation libre, totalement libre, débridée et très drôle de la relation entre Alan Melvill et son fils ». Juan Gabriel Vásquez
Rodrigo Fresán est né en 1963 à Buenos Aires. En 1991, il publie son premier livre, Histoire argentine, qui est aussitôt un best-seller. En 1999, il s'installe à Barcelone où il travaille comme critique littéraire. Nourri de culture anglo-saxonne, de Philip K. Dick à John Cheever, il impose, avec Les Jardins de Kensington, Mantra et Le Fond du ciel, une oeuvre vertigineuse, fertile en rêves et en visions, qui fait de lui un écrivain atypique, transgresseur et incontournable. Il a reçu en 2017 le prix Roger-Caillois et, en 2018, La Part inventée a été couronné aux États-Unis par le Best Translated Book Awards.
Après avoir vécu en Amérique latine, Isabelle Gugnon se consacre à la traduction d'auteurs de langue espagnole, parmi lesquels Antonio Muñoz Molina, Manuel Vilas, Juan Gabriel Vásquez, Rodrigo Fresán, Carmen Posadas et Tomás Eloy Martínez.
L’heure est enfin venue de quitter Crowstone pour la famille Widdershins. Betty, Charlie et Fliss se réjouissent de s’installer à Pendlewick.
Mais le joli village n’est pas aussi paisible qu’elles le croyaient… Et lorsque Fliss adopte un comportement étrange, Betty et Charlie sont bien décidées à venir à bout du mal qui semble
peser sur la région. Quitte à traverser une forêt enchantée ou à braver de nouveau les marais.
Car aucune magie, si malfaisante soit-elle, ne pourra séparer les trois sœurs !
Pendant des décennies, les nations africaines ont lutté pour la restitution d’innombrables œuvres d’art volées pendant l’ère coloniale afin d’être exposées dans des musées occidentaux. Bénédicte Savoy met en lumière cette histoire largement méconnue. Elle s’appuie sur de nombreuses sources inédites pour révéler que les racines de cette lutte remontent bien plus loin que ne l’indiquent les débats récents, et que ces efforts ont été menés par une multitude de militants et dirigeants des nations nouvellement indépendantes.
Peu après 1960, lorsque dix-huit anciennes colonies d’Afrique ont accédé à l’indépendance, un mouvement en faveur du rapatriement des œuvres a été lancé par les élites intellectuelles et politiques africaines. L’autrice retrace ces combats et examine aussi comment les musées européens ont tenté de dissimuler des informations sur leurs collections.
En expliquant pourquoi la restitution est essentielle à toute relation future entre les pays africains et l’Occident, ce livre pose les éléments du débat autour de ces questions cruciales pour le présent et l’avenir.Bénédicte Savoy est depuis 2009 professeure d’histoire de l’art à l’université technique de Berlin, où elle est titulaire d’une chaire consacrée à l’« Histoire de l’art comme histoire culturelle ». Elle est l’autrice de nombreux ouvrages, dont Patrimoine annexé. Les biens culturels saisis par la France en Allemagne autour de 1800 (Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2003), Nofretete. Eine deutsch-französische Affäre, 1913-1931. En 2018, elle a publié avec Felwine Sarr Restituer le patrimoine africain (Seuil/Philippe Rey).
La crise des démocraties est devenue un lieu commun. Partout dans le monde, et malgré les histoires et cultures politiques spécifiques de chaque pays, on assiste aux mêmes phénomènes : défiance face aux institutions, malaise dans la représentation, abstention record ou clientélisme lors des élections, multiplication des revendications de droits individuels, haine du pouvoir élu... Olivier Mongin reprend à nouveaux frais la question démocratique en s'inquiétant de ce qu'il diagnostique comme la disparition du politique. Les institutions ne garantissent plus le lien social, elles provoquent au contraire inégalités, divisions et violence. En « bas » comme en « haut », chaque plan est soumis à des contradictions insolubles, à des apories théoriques et pratiques qui imposent une nouvelle réflexion sur les médiations possibles. Alors que l'individualisme devient toujours plus radical, que l'étranger et le migrant sont perçus comme des dangers pour l'identité nationale, que le contrôle des citoyens et la violence policière s'aggravent, que les pouvoirs autoritaires et illibéraux surfent sur la vague populiste, ce livre cherche comment refaire de la politique en démocratie. Grand lecteur de Paul Ricoeur, Olivier Mongin trouve une source féconde dans sa pensée du pluralisme démocratique comme dépassement du « paradoxe politique » : source de violence, le politique est aussi, doit être, foncièrement, projet de réduction de la violence.
Directeur de la revue Esprit de 1988 à 2019, Olivier Mongin a été éditeur au Seuil et chez Hachette. Il co-préside l`association Paul Ricoeur à Paris. Il a publié entre autres une trilogie des passions démocratiques, des ouvrages sur la vie intellectuelle et politique, sur Paul Ricoeur, sur le cinéma, et sur l'urbanisation.
Préface de Frédéric Worms
Au XIXe siècle, la France s’est lancée dans la colonisation de pays entiers en Afrique et en Asie. Quelles ont été les motivations et les méthodes de cette politique ? Comment les sociétés dominées ont-elles été bouleversées, et quel développement économique et social ont-elles connu ? La décolonisation est-elle achevée aujourd’hui ? Un Empire bon marché propose de nouvelles réponses à ces questions controversées.Grâce à un long travail d’archives et d’analyse statistique, l’ouvrage décrit ainsi avec une grande précision les États coloniaux et leur fonctionnement – à travers notamment la fiscalité, le recrutement militaire, les flux de capitaux et les inégalités. Il montre que l’empire a peu coûté à la métropole jusqu’aux guerres d’indépendance, et que les capitaux français n’ont pas ruisselé vers les colonies. La « mission civilisatrice » que la République française s’était assignée n’a donc pas débouché sur le développement des pays occupés, et c’est plutôt un régime à la fois violent et ambigu qui s’y est établi. De fait, le régime colonial a surtout bénéficié à une petite minorité de colons et de capitalistes français. Quant aux élites nationalistes, elles ont le plus souvent reconduit un État autoritaire et inégalitaire après les indépendances. En s'attachant à l’évolution des sociétés colonisées et à leur devenir, Denis Cogneau fournit une contribution majeure et un nouvel éclairage sur l’impérialisme, d’hier à aujourd’hui.
En pleine épidémie de Covid, dans une maternité déserte, je me suis demandé si mon fils allait naître dans un monde irrémédiablement appauvri, sans le droit de se toucher ni de se rencontrer. Le confinement a été levé, mon fils est né, mais les « gestes barrières » sont restés. J’ai découvert l’immense continent des gestes de la maternité, tour à tour libérateurs et aliénants. J’ai alors commencé à réfléchir aux architectures tactiles, celles qui nous entravent et celles qui nous portent, et à imaginer une archéologie du toucher. L’amour et la perte, la tendresse et la violence, la transmission et la rupture, la naissance et la mort : et si l’on racontait notre vie sous l’angle des gestes qui la composent ? Des mains heureuses qui nous font et nous défont ?C.R.Écrivain et documentariste, Claire Richard a notamment publié Young Lords. Histoire orale des Black Panthers latinos (L’Échappée, 2017) et Les Chemins de désir (Seuil, 2019). Son travail radiophonique (« Cent façons de disparaître », « Le télégraphe céleste ») lui a valu de nombreux prix nationaux et internationaux.
Ces quinze dernières années, plus de 2 000 femmes ont été tuées par leur (ex-)conjoint en France.
En 2020, 35 % des victimes de féminicide conjugal avaient subi des violences antérieures. Une défunte sur cinq avait porté plainte.
Entre 2015 et 2016, 82 % des plaintes et mains courantes déposées par des victimes de féminicide ont été classées sans suite. (Source : ministère de la Justice.)
Laurène Daycard a été l'une des toutes premières journalistes à écrire sur les féminicides conjugaux pour les faire sortir des rubriques « faits-divers » et les réinscrire dans le récit social et politique des violences sexistes. Dans cette enquête à la première personne, l'autrice nous emmène à la rencontre de survivantes et de familles endeuillées, mais aussi auprès des auteurs de ces actes. En observant et en échangeant avec ces derniers, Laurène Daycard tente d'aller à l'origine des féminicides et propose une réflexion personnelle sur la notion de réparation.
Laurène Daycard est membre du collectif de journalistes indépendantes Les Journalopes. Elle collabore notamment avec Mediapart, L'Obs et Libération.
La révélation de scandales liés aux stupéfiants alimente régulièrement l’actualité moyen-orientale. Mais sait-on que l’addiction de masse qui frappe l’Iran moderne trouve sa source dans une dépendance à l’opium diffusée depuis un demi-millénaire au sein de la société persane ? Que la position hégémonique sur le marché de l’héroïne qu’occupe aujourd’hui l’Afghanistan se fonde sur le choix d’un souverain modernisateur de développer, au début du siècle dernier, la culture du pavot ? Que le régime Assad, bien avant de devenir le principal producteur mondial de captagon, a longtemps joué un rôle névralgique dans les réseaux mondiaux d’héroïne, à partir des raffineries installées sous son contrôle au Liban ?
Au-delà de la mise en perspective d’une actualité brûlante, et loin des clichés culturalistes, l’ambition de ce livre est de remonter la trame historique du Moyen-Orient sous l’angle de la production et de la consommation des stupéfiants. Un fascinant voyage à travers les siècles, de l’Antiquité jusqu’à l’époque contemporaine, en passant par les Abbassides et les Mamelouks, l’empire ottoman, ou encore l’expédition d’Egypte, avec pour guide l’un des meilleurs spécialistes de la région.
Une histoire de pouvoir et de société qui confirme, sur la longue durée, que « plus la répression est dure et plus les drogues le sont ». Une leçon à méditer.Jean-Pierre Filiu est professeur en histoire du Moyen-Orient à Sciences Po (Paris), après avoir enseigné dans les universités américaines de Columbia (New York) et de Georgetown (Washington). Ses nombreux ouvrages, régulièrement primés en France comme à l’étranger, ont été traduits dans une quinzaine de langues. Le plus récent, publié au Seuil, s’intitule Le Milieu des mondes, une histoire laïque du Moyen-Orient de 395 à nos jours. Sa chronique diffusée chaque semaine, depuis 2015, sur le site du « Monde » a déjà attiré des millions de lecteurs.
Comment filmer ce qui nous terrorise aujourd’hui ? Comment filmer ces nouveaux fanatiques d’une croyance autorisant la haine, le meurtre de tous ceux et toutes celles qui n’adhèrent pas à cette croyance ? Comment filmer cette actualité en saisissant le présent profond à l’oeuvre dans cette actualité ? Rossellini a su le faire avec Allemagne année zéro. Il a su filmer le noyau du nazisme : le mépris du père dans le mépris de l’homme faible, malade, mépris culminant dans l’autorisation de tuer ce père, de tuer celui ou celle dont la fonction est de dire la loi, d’interdire le meurtre. (24 octobre 2016)
Je remarque que j’écris moins souvent dans mon journal de travail. Je ne sais pas pourquoi. Au début, après l’échec de notre film Je pense à vous, j’ai écrit pour essayer de comprendre ce que nous avions fait et essayer de sortir de l’ornière dans laquelle nous et notre cinéma étions embourbés. Mon frère et moi ne cessions de discuter pour savoir que faire, comment faire, ou peut-être ne plus rien faire. Ce sont des condensés de ces échanges que je notais sans trop bien savoir pourquoi, sans doute pour nous donner
du courage, me donner du courage dans l’écriture de ce qui deviendrait le film La Promesse. [...]
Je vais donc sans doute continuer d’écrire ce journal pour nous aider, m’aider, dans l’écriture des scénarios mais aussi parce que je me rends compte que j’en ai besoin. C’est étrange, mais j’ai comme l’impression que sans lui, même si j’y écris moins souvent, je serais incapable de penser un film avec mon frère. C’est ma façon d’être à deux pour faire des films, mon frère a une autre façon, l’important étant que nous désirons tous les deux faire le même film. (30 décembre 2021)
L. D.
La médecine moderne a indubitablement accompli de grands progrès. Mais nous sommes entrés dans un dangereux processus de surmédicalisation, entraînant une dérive des capacités prédictives vers des soins injustifiés et parfois délétères.Cet ouvrage propose ainsi le nouveau concept de « non-maladie » pour désigner les situations où la médecine détermine une anomalie sans que le patient n’en ressente le moindre symptôme. Sa vie, cependant, peut être profondément affectée par ce type de diagnostic. C’est le cas de nombreuses anomalies génétiques, de certains cancers ou des écarts à des normes biologiques ou morphologiques arbitraires.Ce sont aussi, inversement, les multiples plaintes que les citoyens viennent déposer à la porte des cabinets médicaux, alors que l’intervention médicale y sera probablement inefficace ou nuisible.Or ces non-maladies prennent une place de plus en plus grande dans l’agenda des médecins, les programmes de recherche et le budget de la solidarité. Compte-tenu des contraintes de temps et d’argent, la prise en charge des malades se dégrade au point de menacer le niveau général de santé physique et mentale.Il s’agit là d’un excès de pouvoir biomédical, largement favorisé par les forces du marché et la mainmise des industries sanitaires sur les nouvelles formes d’évaluation de l’état de santé des individus. Distinguer les maladies des non-maladies devient donc un impératif pour notre avenir social et sanitaire.
Parcoursup constitue désormais une épreuve clef dans la vie de chaque adolescent. Cette initiation à la violence managériale et algorithmique se montre comme une préprofessionnalisation des élèves qui, paradoxalement, ne s’accomplirait que par l’humiliation des voeux refusés et des lettres de motivation jamais lues. Il en aurait été autrement si le pouvoir avait préféré investir dans la création d’universités. Parcoursup n’est pas une erreur, mais l’instrument de la brutalité d’un État qui veut imposer le privé comme modèle.
Depuis que son père a disparu, Enzo essaie tant bien que mal de garder la tête hors de l’eau. Fasciné par La Vague, une peinture de Courbet exposée au musée des Beaux-Arts de Lyon, il entame avec cette œuvre
une relation étrange et intense.
Héritière d’une riche famille d’industriels de la chimie, Manon, elle, a choisi le camp de la révolte. Et c’est devant Les Passants qu'elle ressent un choc. L’œuvre de Daumier la plonge dans des souvenirs confus qui la hantent.
Guidés par leurs émotions au contact des tableaux, Manon et Enzo se lancent alors dans une introspection douloureuse qui les conduira au cœur de drames familiaux effrayants. Mensonges, trahisons et assassinats ressurgissent de leur enfance et jettent une lumière crue sur la réalité du monde…
Qui de mieux que Nathalie A. Cabrol pour faire le point dans un essai vivant et didactique sur l’une des questions les plus profondes de l’humanité : sommes-nous seuls dans l’Univers ? La directrice scientifique du centre SETI (Search for Extraterrestrial Intelligence, « Recherche d’intelligence extraterrestre ») aborde tour à tour l’exploration de notre système solaire, la recherche des exoplanètes, celle des signaux extraterrestres et les types de civilisations ou vies qu’on espère y trouver. L’astrobiologiste nous invite à participer à cette odyssée extraordinaire que nous vivons actuellement, et dont les images du télescope James-Webb ne sont qu’un infime reflet. Avec 300 millions d’exoplanètes dans la zone habitable de notre galaxie, penser que nous sommes seuls est une « absurdité statistique ». Dès lors nous sommes pris d’un vertige devant l’ampleur de certaines révélations. De Titan à la planète 55-Cancer-e, de l’équation de Drake au paradoxe de Fermi, des typologies de niveaux de civilisations extraterrestres à la théorie de Gaïa, c’est tout un monde inconnu qui s’ouvre à nous.Un livre stimulant et accessible dans la lignée de Poussières d’étoiles de Hubert Reeves. Une invitation au voyage d’un nouveau genre, à la recherche d’une vie ailleurs dans l’Univers dont « l’absence de preuves n’est pas la preuve de l’absence », selon les mots de Carl Sagan.Nathalie A. Cabrol est née à Bagneux en 1963. Astrobiologiste, elle dirige des projets de recherche pour la NASA depuis 1998, et a été nommée directrice scientifique du Centre de recherche Carl Sagan de l'Institut SETI en 2015. Elle raconte son parcours exceptionnel dans son premier livre, Voyage aux frontières de la vie (Seuil, 2021, Points, 2022).
Comment se faire un nom ?
Comment émerger de la masse ?
Comment s’arracher à son insignifiance ?
Comment s’acheter une notoriété ?
Comment intriguer, abuser, écraser, challenger ?
Comment mentir sans le paraître ? Comment obtenir la faveur des puissants et leur passer discrètement de la pommade ? Comment évincer les rivaux, embobiner les foules, enfumer les naïfs, amadouer les rogues, écraser les méchants et rabattre leur morgue ? Comment se servir, mine de rien, de ses meilleurs amis ? Par quels savants stratagèmes, par quelles souplesses d’anguille, par quelles supercheries et quels roucoulements gagner la renommée et devenir objet d’adulation ?Lydie Salvayre a écrit une douzaine de romans, traduits dans de nombreuses langues, parmi lesquels La Compagnie des spectres (prix Novembre), BW (prix François-Billetdoux) et Pas pleurer (prix Goncourt 2014).
« Sur la photo, c’est sa physionomie qui captive. Un petit nez rond et des bonnes joues mais une morgue et des yeux durs, des yeux qui te voient là où tu ne veux pas être vue… Tout dans ce visage dit à la personne qui regarde : “Dégage.” Il est impossible de s’en détourner. Tu y es ventousée. Fascinée par le caractère hostile de la pose et la beauté farouche du modèle, débarrassé de toute politesse. »Qui est cette femme-enfant au regard frondeur ? Jeune Russe exilée en Belgique, Marina Chafroff fut, sur ordre de Hitler, décapitée à la hache en 1942.Cette mère de famille au courage extraordinaire, sacrifiée pour que vivent des innocents, aurait dû marquer l’Histoire. Elle est pourtant tombée dans l’oubli. Comment a-t-elle été
refoulée de nos mémoires ?Au fil d’un récit aux résonances intimes, plein de coïncidences et d’impasses, Myriam Leroy ressuscite le destin fulgurant d’une météorite dans le ciel de la Seconde Guerre mondiale.Un roman intense et habité où 1942 et 2022 se superposent en deux calques troublants reléguant toujours les femmes à l’arrière-plan.Myriam Leroy, née en 1982, est journaliste, écrivaine et dramaturge. Elle vit à Bruxelles. Le Mystère de la femme sans tête est son troisième roman, après Ariane (Don Quichotte,
2018, finaliste du prix Goncourt du premier roman) et Les Yeux rouges (Seuil, 2019).